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Kidal : La défaite d’IBK

Le pouvoir en place et les affidés du régime tentent maladroitement de trouver des boucs émissaires après la débâcle de l’armée à Kidal le 21 mai. Peine perdue. Les deux premiers responsables de ce désastre sont : le président Ibrahim Boubacar Keïta et son chef de gouvernement, Moussa Mara. A eux d’assumer !

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Oui, qu’on dise que la cinglante défaite de l’armée constitue une grosse humiliation pour tous les Maliens. Une humiliation causée par un homme, Ibrahim Boubacar Keïta, dont la cote de popularité n’a cessé de dégringoler depuis son arrivée au pouvoir en septembre 2013. Et justement, c’est dans la quête de corriger cette chute libre qu’il faut chercher  la vraie raison de la visite de Moussa Mara à Kidal. Et surtout la justification de l’assaut lancé par l’armée pour contrôler cette ville qui reste aux mains des groupes armés.

 

Pour le pouvoir, le calcul était simple : obtenir un double bénéfice du voyage du Premier ministre à Kidal. En effet, ce déplacement allait permettre à IBK de redorer son blason après la cascade de scandales qui ébranlent la République : affaire de l’achat d’un avion (présidentiel) et d’armements, affaire Michel Tomi… Des scandales qui ont sérieusement écorné l’image du chef de l’Etat. Ce début de mandat chaotique est illustré, par ailleurs, par une gestion patrimoniale de l’Etat avec la promotion des membres de la famille et du clan.

Il fallait vite trouver une parade. Ne dit-on pas que la meilleure manière de détourner l’attention d’un peuple désemparé, c’est de provoquer une tension ou une guerre ? Et IBK, qui a déjà joué à merveille sur le terrain du nord et qui connait le sentiment patriotique des Maliens, a envoyé Mara au charbon, alors que lui-même, depuis son accession au pouvoir, n’a pas mis le nord dans son agenda de voyages. Un agenda pourtant chargé, plus axé sur l’extérieur.

 

Pour sa part, le Premier ministre, par pure populisme, voulait réaliser un grand coup. Il voulait réussir là où son prédécesseur a échoué en novembre 2013. A l’époque, l’avion de l’ancien Premier ministre, Oumar Tatam Ly, n’a pu atterrir à Kidal à cause des manifestations téléguidées par le Mnla. Mais, depuis son passage à l’Assemblée nationale, Mara l’avait dit : «J’irai à Kidal… ». Et, certains proches du Premier ministre préparaient déjà les esprits à cette visite à travers la presse. Ils ne se privaient pas d’établir le lien entre l’échec d’Oumar Tatam Ly et ce qui allait être la première grande réussite de Mara : une visite historique à Kidal.

 

Mara est connu pour être un expert comptable. Mais les Maliens découvrent actuellement d’autres «qualités» en lui : c’est un populiste hors pair. Il n’a pas cessé d’envoyer des messages sur la toile durant cette visite mouvementée à Kidal. A quelle fin ? Au même moment, de pauvres citoyens étaient froidement abattus au gouvernorat de Kidal.

 

Manque de stratégie

Depuis son arrivée au pouvoir, IBK, à la place d’une vision claire de sortie de crise au nord, a multiplié les discours. «Je ne discute pas avec des gens armés …On ne me trimbale pas… » Incapable de trouver la solution idoine, entre la fermeté (promise aux Maliens) et la souplesse (exigée par les partenaires), le président Keïta ne pouvait que constater l’élargissement du fossé entre l’Etat et les groupes armés. Au double plan politique et militaire, le blocage était réel.

 

Le pouvoir a été incapable de mettre en œuvre une stratégie susceptible de débloquer la situation militaire à Kidal, où l’armée ne disposait que de 250 éléments. Idem pour le processus politique. Après l’accord de Ouagadougou, l’on assiste à des interventions intempestives dans le processus des négociations. IBK qui ne voulait plus de la médiation de Blaise Compaoré, mandaté par la Cedeao, a voulu confier le dossier aux frères ennemis que sont l’Algérie et le Maroc.

 

 

Cafouillage, tâtonnement, indécision

Alors, faute de solution militaire et politique, Kidal est demeurée une zone à hauts risques pour les officiels maliens. Et le pouvoir a toujours tenté de cacher la réalité qui prévalait dans cette ville. Or, l’armée et les forces de sécurité étaient confinées dans le camp N°1, les administrateurs de la région n’étaient pas libres de leurs mouvements. Alors que les mouvements armés se renforçaient en hommes et en matériel. Ils paradaient dans la cité. En toute impunité. Malgré tout, les autorités maliennes ont opté pour la politique de l’autruche jusqu’à cette visite de Mara. C’est dans ce contexte de cafouillage, de tâtonnement et d’indécision qu’est intervenu le voyage du Premier ministre.

 

Si Mara avait réussi son «coup», le pouvoir était prêt à en tirer les dividendes politiques. Ce qui explique l’assaut précipité de l’armée, après l’échec de la visite et les assassinats perpétrés sur d’innocents citoyens. Alors que le Premier ministre, lui-même, sauvait sa tête.

L’assaut ? Il a été précipité, irréfléchi et mal monté. Comment peut-on planifier, en seulement 72 heures, une opération militaire de grande envergure? Moussa Mara affirme aujourd’hui : «l’attaque lancée par l’armée malienne n’est pas venue de l’autorité politique». Alors, qui a donné l’ordre à l’armée ? C’est là toute la question. Quel gâchis!

 

C H. Sylla

SOURCE:L’Aube

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