Les syndicats du secteur de la santé (SNS-AS-PF, FESYSAM et SYMEMA) de la Région de Kayes dénoncent vivement la suppression de la prime de zones. Les responsables de ces syndicats qui envisagent d’observer une grève de 72 heures à partir du mardi 1er décembre 2020, se sont rendus au Centre de santé de référence (CSRef) de Kayes pour une campagne d’information sous forme de sit-in au cours duquel ils ont exigé le rétablissement de cette prime. Le sit-in s’est déroulé devant la porte d’entrée du CSRef, entraînant du coup le ralentissement des activités de cette structure socio-sanitaire de la Cité des rails entre 9 heures et 11 heures. Il était pratiquement impossible pour les patients et leurs accompagnateurs d’accéder au Centre.
Ce meeting s’est souvent déroulé dans une ambiance festive car, certaines personnes esquivaient des pas de danse à la fin. Un fait qui cache mal leur colère contre la suppression d’un acquis, fruit d’une lutte syndicale.
Lors d’un point de presse tenu le 16 novembre dernier à l’Hôpital Fousseyni Dao de Kayes, les syndicats du secteur de la santé ont laissé entendre qu’ils exigent, sans délai, la restauration de la prime de zones difficiles et le reversement des primes prélevées depuis le mois de janvier 2020. Ils ont fait savoir que les médiations initiées par le ministère de la Santé et du Développement social et le gouvernorat n’ont pas porté fruits, comme l’indique le procès-verbal (PV) de non conciliation suivant la décision N° 2020-06-054/GRK-CAB à la date du 22 juin 2020 au gouvernorat. Les deux parties sont en désaccord sur les deux points de revendications.
Dr Sidi Mohamed Touré, secrétaire général du Comité syndical des médecins de l’Hôpital Fousseyni Daou de Kayes a souligné que la prime de zones difficiles est un acquis syndical depuis le 1er novembre 1994 (Décret N°94-336/P-RM du 1er novembre 1994). Cette prime a été majorée par le Décret N° 10-119 / P-RM du 24 février 2010, puis étendue à tous les autres fonctionnaires de la zone en 2014.
Mais malheureusement pour eux, en décembre 2019, un arrêté interministériel a supprimé cette prime de zones difficiles non seulement pour les agents de santé mais aussi pour les autres. Un détail qui n’a pas échappé aux manifestants, dont certains décriaient cette «anomalie» à travers une pancarte. Le Dr Sidi Mohamed Touré a rappelé que les deux premières fois, la grève a eu lieu parce qu’il y a eu un PV (Procès-Verbal) de non conciliation.
Le département avait envoyé des émissaires ici à deux reprises et après la 2è sortie. Les syndicats grévistes ont modéré leur position, en observant une trêve, compte tenu de la situation du pays (absence de gouvernement). De ce fait, ils ont jugé nécessaire d’accorder un temps à leur département pour permettre à ce dernier de revoir l’arrêté.
Après la mise en place d’un nouveau gouvernement, ces syndicats ont tenté, en vain, de relancer la question à travers une lettre adressée aux autorités compétentes. «C’est une revendication légitime. Nous ne réclamons pas quelque chose de nouveau. Maintenant, on vient supprimer cette prime en disant que Kayes n’est plus une zone difficile sans d’autres explications. La grève est notre ultime arme.
Nous pensons que d’ici la date prévue (1er décembre 2020), il y aura des pourparlers. C’est une première que les trois syndicats du secteur de la santé reconnus (par l’état) pour défendre les intérêts se regroupent pour demander la même chose. Ce qui s’est passé n’est pas bon. C’est une injustice qu’il faut réparer», a estimé le secrétaire général du comité syndical des médecins de l’Hôpital Fousseyni Daou de Kayes. Selon lui, le syndicat a décidé que de nouvelles zones difficiles (Ségou, Mopti) soient sur la liste des bénéficiaires de cette prime, à cause de l’insécurité dans ces régions.
Le personnel des structures sanitaires de Kayes avait observé les 23, 24 et 25 juin 2020 une grève pour le même motif. Selon Adama Sissoko, secrétaire administratif de la division régionale et de l’union locale du Syndicat national de la santé et de l’action sociale, le gouverneur avait mis en place un comité de conciliation (gouvernorat, direction régionale de la santé, Hôpital Fousseyni Daou, syndicalistes et notabilités). Il y a eu une réunion de conciliation le 17 juin dernier et une autre le 22 du même mois qui ont, selon lui, toutes tourné au fiasco.
Bandé Moussa SISSOKO
Amap-Kayes
Source : L’ESSOR