Il s’agit d’une maison sise derrière celle de Yassine Faye, une notaire et non loin de celle de Me Mohamed Aly Bathily, ancien ministre du Mali. L’endroit était un titre foncier et un chantier inachevé. Quand le propriétaire a approché Mohamed Ibrahim pour la vente, ce dernier a pris le titre foncier en le remettant à la notaire Yassine pour vérification au niveau des domaines. Celle-ci a fait son boulot, faisant une réquisition qu’elle a envoyée au niveau du bureau des domaines de Kati. Ce bureau lui a notifié que le titre foncier est sans charge, raconte un membre de la famille.
Après cela, Mohamed, étant à Tombouctou à l’époque, a envoyé l’argent (30 à 45 millions, y compris les autres frais) dans le compte de la notaire Faye. À son tour, précise note interlocuteur, la Notaire a fait la transaction. Ainsi, argumente-t-il, la charge a été faite. Suite à cela, Mohamed Ibrahim est resté quelques mois avant de commencer l’aménagement de la maison en chantier, selon un des membres de sa famille. Il a fait des modifications à l’intérieur, montant l’étage, les fenêtres, les portes, le staff, l’électricité, l’eau …
Les travaux ont, selon le parolier, pris 4 à 5 mois. Durant 2 ans, explique l’intéressé, personne ne s’est jamais présentée pour dire qu’elle est propriétaire de la maison. De ce fait, quand Mohamed a fini ses travaux, sa famille a déménagé dans la maison.
L’année dernière, raconte l’enfant de Mohamed, le sieur Mohamed Ibrahim s’apprêtait à aller à la Mecque pour le pèlerinage. Le jour où son convoi partait, explique ledit proche du dossier, un officier, accompagné des gardes, est venu avec une grosse d’évacuation de la famille. Lui, étant à l’aéroport pour son voyage à la Mecque, a été aussitôt informé de la situation. « Il parait que c’est un certain Sidiki Keita qui est passé par le canal du tribunal de la commune V qui serait le propriétaire de la maison. On ne sait pas comment, mais il a un permis d’occuper à travers lequel ils ont fait un jugement. Mon neveu n’a pas comparu. On ne l’a pas envoyé une convocation. Il a payé la maison avec le magistrat Modibo Simbo Keita qui a été signé à la cour d’Appel », a-t-il révélé avant d’ajouter : « On a fait tout ce temps de réparation sans que personne ne se présente comme propriétaire de la maison. Pour qu’on te juge, la moindre des choses est qu’on te convoque. Ils ont biaisé la procédure à ce niveau, parce que mon neveu n’étant pas là, on vient peut-être lancer la convocation dans le carré. C’est comme ça que les juges ont fait le premier jugement à son insu. Comme si c’était un coup monté, ils ont attendu le dernier jour pour exécuter la décision de justice en nous faisant sortir ». Il dit avoir informé le magistrat Simbo qui a sollicité l’engagement d’une procédure sur conseil de qui, la famille de Mohamed a pris un avocat. Pour sa part, la notaire Yassine se dit prête, selon l’interlocuteur, à faire son témoignage lors du jugement. Sur la question, Me Mohamed Aly Bathily qui a été aussi saisi par la famille indique qu’il s’agit d’un abus, puisque le titre foncier est inattaquable. Ce dernier leur a conseillé d’aller voir un certain Traoré (avocat). « C’est comme ça qu’on a engagé une procédure au niveau de la commune V et devant la cour d’Appel. Il n’y a pas eu de procès au niveau du tribunal de la commune V à cause de la covid-19, et on a gagné en janvier 2020 le procès au niveau de la cour d’Appel », confie la même source. Cette décision ayant coïncidé avec la crise sociopolitique n’a pas pu être exécutée à temps. Entre temps, un autre jugement a subitement été fait à l’insu de la famille au niveau de la commune V pour dire que celle-ci a été déboutée. « On a rencontré les avocats, mais cela a été malheureusement coïncidé avec l’assassinat du neveu Mohamed Ibrahim à Tombouctou. Il faut qu’on nous dise ce qui se passe dans cette situation, nous avons acheté cette maison par des voies normales avant d’y investir près de 50 millions », ajoute-t-on.
Aujourd’hui, l’affaire se trouve devant la cour suprême. Le Magistrat Modibo Simbo Keita avec qui on a acheté la maison, déplore-t-on, ne répond nulle part dans le dossier. « Ce dernier ne prend même pas nos appels, à la limite. La question est de savoir si on n’est pas dans une mafia ». Soucieuse de son sort, la famille du défunt sollicite l’implication des autorités de la transition, les personnes de bonne volonté. « Si on ne peut pas retrouver notre maison, qu’on nous aide à récupérer l’argent investi par voie d’huissier », exprime-t-elle.
Mamadou Diarra
Source; Le Pays- Mali