“La digitalisation permet aux entreprises de pouvoir se démarquer sur leur marché, d’être productives et plus compétitives”
Kadiatou Doucouré, après plus de 25 ans d’expérience en France dans le domaine de la communication digitale avec des grands groupes, nous présente la structure qu’elle vient de lancer récemment au Mali à savoir Digitalis. Qu’est-ce que la digitalisation ? Quels sont ses avantages dans une entreprise ? Quelles sont les ambitions et les offres de Digitalis au Mali, dans la sous-région ?… sont autant de question que nous lui avons posées dans son bureau situé à la Cité du Niger.
Aujourd’hui-Mali : Si on vous demande de présenter votre entreprise de façon schématique, que diriez-vous ?
Kadiatou Doumbia : Je dirais de manière très simple que Digitalis, est un cabinet conseil qui accompagne les entreprises et les institutions publiques dans la mise en place de leur transformation digitale.
L’entreprise est implantée au Mali depuis combien de temps ?
L’entreprise a été implantée ici tout récemment, notamment ce mois-ci. De ce fait, nous sommes partis d’un constat très simple. C’est comment nous pouvons aider les entreprises maliennes à accroitre leur productivité, leur compétitivité sur le marché. Et pour cela, nous pensons que la réponse à cette problématique passe par la digitalisation. Aujourd’hui, la digitalisation est un vrai élément de différenciation qui permet aux entreprises de pouvoir se démarquer sur leur marché et de pouvoir être plus productives, plus compétitives.
Donc, c’est vraiment la vocation première de Digitalis à savoir comment est-ce qu’on peut conseiller ces entreprises et les accompagner au mieux de manière à leur permettre d’activer tous les leviers digitaux qui vont leur permettre d’aller à terme de leurs objectifs de croissance tout simplement.
Pour les non-initiés, la digitalisation, c’est quoi ?
Alors la digitalisation, la transformation numérique ou transformation digitale, c’est en fait l’utilisation de toutes les technologies digitales dans le monde de l’entreprise. Que ça soit au niveau du travail, de méthode de travail des collaborateurs, au niveau des interactions entre les différents collaborateurs d’une entreprise. C’est comment favoriser les interactions entre les entreprises pour favoriser un climat qui leur permettra d’utiliser au mieux tous les outils digitaux qui sont disponibles.
Diriez-vous que les entreprises publiques et privées ainsi que les services publics maliens sont à la traine en matière de digitalisation ?
Je ne dirai pas qu’elles sont à la traine, je dirais qu’au Mali des services publics, des entreprises privées et publiques ont commencé le virage de la digitalisation mais qu’aujourd’hui, nous avons besoin d’accélérer ce virage pour justement qu’elles ne soient à la traine dans les années à venir. C’est un peu le constat et je me dis que plus vite les entreprises maliennes arriveront à prendre ce virage et plus vite elles pourront aller dans le sens de cette digitalisation. Donc, je pense qu’aujourd’hui, nous sommes à un tournant, il faut y aller parce que nous voyons qu’au Mali, l’utilisation des médias sociaux, des smartphones etc. connait des croissances qui sont assez intéressantes et assez fortes et que c’est le moment d’y aller et d’accompagner ces entreprises pour pouvoir atteindre leurs objectifs.
En termes de valeur ajoutée, qu’est-ce que Digitalis pourra apporter à ces clients qu’on ne pourra pas trouver chez les autres qui évoluent dans le même domaine que vous ?
Aujourd’hui, nous sommes sur une note qui est beaucoup plus globale, nous ne sommes pas uniquement l’entreprise qui va venir vous proposer de créer un site internet, cela peut faire partie de la démarche, mais nous, ce que nous vous proposons, c’est de vous aider à mettre en place des outils, de vous accompagner pour trouver l’outil qui convient à votre structure, entreprise ou institution publique, et surtout on va accompagner les équipes pour pouvoir utiliser au mieux ces outils.
Et puis, on va travailler aussi avec nos managers de proximité pour transformer leur méthode de travail de manière à adopter ces outils dans leur processus de travail. Donc, nous sommes sur quelque chose qui est beaucoup plus globale. L’autre chose aussi que nous avons, va dans des sujets qui concernent l’entreprise dans sa globalité. Nous ne sommes pas uniquement sur un département, mais plutôt sur des démarches qui concernent l’entreprise dans sa globalité. Et nous savons que souvent, quand nous sommes sur des projets d’envergure de ce type-là, c’est compliqué en termes de faire avancer en sorte que ça fonctionne.
Nous, à Digitalis, nous sommes habitués à travailler avec ces typologies de contacts. Nous sommes habitués à travailler avec les décideurs. Donc, quand nous arrivons, nous nous positionnons complètement en posture externe.
Nous sommes vraiment dans la coordination de projet. Nous travaillons avec toutes les entités, tous les départements, toutes les parties prenantes de manière à tirer le meilleur de chaque département pour en faire la recommandation stratégique qui va être la plus pertinente possible. Donc, nous sommes sur le diagnostic, c’est à dire que nous allons travailler avec les équipes, ce, pour leur dire que nous allons les aider à mettre en place ce que nous appelons un diagnostic digital qui va nous permettre d’identifier où nous en sommes avec la maturité digitale.
Est-ce que finalement elle est élevée ou elle n’est pas élevée et en fonction du niveau proposé, les leviers et les plans d’action les plus adaptées pour l’aider à atteindre leur objectif. Donc, nous sommes dans un accompagnement qui est très global sur l’identification des leviers à activer, sur la mise en place de ces leviers avec beaucoup de coordination avec toutes les parties prenantes de l’entreprise.
Et surtout nous avons un dernier volet qui est l’aspect formation. Nous savons que ces outils sont nouveaux. Tout le monde n’est pas forcément très à l’aise pour les utiliser. Mais, nous allons les accompagner à l’utilisation de ces outils pour qu’ils les adoptent de manière sereine et puis apprendre à travailler sur un dernier aspect qui va être la communication, sur comment communiquer, ces plans de communication digitale, les avantages, les forces, ce que ça apporte à l’entreprise en termes de renouveau.
Est-ce que vous avez des conseils à donner à des sociétés qui hésitent toujours à se lancer dans la digitalisation ?
Je pense qu’aujourd’hui, ce qu’on peut leur donner comme conseil, c’est qu’il ne faut pas imaginer que quand on parle de transformation digitale, ça va bouleverser complétement la stratégie de l’entreprise. Non ! C’est plutôt voir comment intégrer ces outils dans la stratégie de l’entreprise. L’autre chose aussi que nous pouvons leur dire, c’est que la première des choses c’est de réaliser le diagnostic qui est très simple à mettre en œuvre qui est porté par Digitalis et qui va nous permettre d’identifier les leviers les plus pertinents pour l’entreprise à mettre en œuvre. Et, grâce à cette recommandation, l’entreprise va savoir d’où elle part, ce qui a pu être mis en œuvre et qu’est ce que ça va lui apporter et c’est comme ça que nous pouvons réussir à la convaincre parce que nous allons lui dire, aujourd’hui vous n’avez pas ça mais si demain vous mettez ça en place voilà ce que vous allez pouvoir gagner en termes de gains, de productivité, de contrat, de vente de produit etc. Ça reste en fait très factuel parce que nous allons pouvoir appuyer ça avec des exemples concrets de chiffres, de performance. Et je pense que quand nous parlons de performance à une entreprise, je pense que c’est quelque chose qui sera facile à saisir.
Vous vous adressez aux entreprises de quelle taille ? Les PME ou les entreprises de plus grande envergure ?
Déjà il y a un point que j’ai précisé. C’est qu’on s’adresse aux entreprises mais aussi les institutions publiques. C’est assez important d’avoir ça en tête parce que aussi dans le secteur public il y a aussi pas mal de choses qu’on peut mettre en place pour l’aider justement à se transformer. Et quand nous parlons des entreprises publiques, la transformation peut être encore plus importante pour elles et encore plus bénéfique parce que là nous parlons directement des interactions avec les concitoyens. Du coup, cela peut renforcer, améliorer l’image du service public.
Et pour répondre à votre question, nous nous adressons à tout type d’entreprise. Parce qu’aujourd’hui, mettre en place un plan de transformation digitale peut concerner un grand groupe, une grande entreprise mais aussi une plus petite entreprise même à son échelle elle peut avoir besoin de mieux vendre, de livrer ses produits, d’optimiser la livraison de ses produits. L’avantage avec Digitalis, c’est que nous adaptons notre proposition de valeur en fonction de la taille de l’entreprise et de ses besoins. On adapte aussi notre tarification en fonction de ses besoins parce qu’on peut imaginer la transformation digitale. Là, c’est quelque chose qui est inabordable en termes de coût, mais pas du tout en fait. Parce que, ça va tout simplement dépendre de ce qu’on va mettre en œuvre et comment on va le mettre en œuvre. Et puis aussi de l’accompagnement qu’on va proposer et nous serons très flexibles.
Nous pouvons adapter nos offres, nos services aux spécificités de chaque entreprise. Pour répondre à la question de manière simple, je dirais que nous nous adaptons à toute entreprise et il ne faut pas que les petites entreprises aient peur d’aller sur ces aspects-là, parce qu’elles sont aussi concernées que les grandes entreprises.
Dans votre fiche de présentation, vous insistez beaucoup sur la mention entreprise africaine. Donc, vous voyez plus loin que le Mali ?
Dans un premier temps nous souhaitons concentrer nos efforts sur le Mali. C’est vraiment notre volonté mais après à termes on veut effectivement élargir ces activités-là dans la sous-région et pourquoi pas après beaucoup plus large ? Aujourd’hui, la vocation c’est vraiment commencer et initier cette démarche sur le Mali, parce que les associés sont tous maliens et qui ont à cœur de développer et mettre nos expertises en premier au service du Mali. Mais après, à plus long terme ça sera d’aller sur d’autres pays africains qui vont avoir les mêmes besoins et qui auront autant besoin d’une expertise dans les transformations digitales que les entreprises maliennes.
Est-ce que de nos jours, vous avez les moyens de vos ambitions ? En termes de ressources humaines surtout ?
C’est pour ça qu’on y va progressivement. C’est la réalité de l’entreprise en fait. Il faut qu’on commence petit et même si on est ambitieux. Aujourd’hui, on va vraiment accélérer ça sur Bamako, après on va élargir sur le Mali, après on élargira sur d’autres pays. Donc, en fonction de notre croissance, nous allons développer des ressources humaines pour pouvoir répondre à cette croissance. Mais, on va y aller étape par étape, avec des objectifs précis à chacune de ces étapes de manière à avancer pas à pas et puis d’arriver à nos ambitions.
Mais, je dirais que pour toute entreprise, il bien d’être ambitieux, c’est important. Se fixer des objectifs qui sont très hauts pour être sûr d’aller le plus loin possible.
Vous avez parlé d’ambition, quelles sont les perspectives dans les mois, les années à venir ?
Déjà dans les mois à venir, on va vraiment accentuer la communication sur Bamako, la sensibilisation et beaucoup communiquer sur la transformation digitale pour que des personnes puissent comprendre que ça peut leur apporter des bénéfices. Comment est-ce que ça peut s’adapter et se développer dans leur secteur d’activités. Après, à moyen terme, on va élargir sur toute la partie Bamako et sur tout le Mali.
Vous avez déjà quelques sollicitations ?
On commence à en avoir. Donc, on vient de se lancer assez récemment. Même actuellement, nous avons un autre lancement, car nous avons réussi à réunir des chefs d’entreprise pour justement évoquer avec eux les aspects de la transformation digitale, évoquer avec eux les enjeux, comment on pourra travailler, comment on pourra les accompagner au mieux.
Dans un pays ou l’informel est roi, je veux dire est la norme dominante, comment comptez-vous convaincre les chefs d’entreprise, les PME pour qu’ils comprennent que ce n’est pas abstrait ce que vous leur dites ?
Il va falloir commencer petit à petit et leur montrer de manière concrète comment ça peut s’adapter. Si par exemple,une entreprise vient me voir, la première des choses que je fais avec elle, c’est de travailler sur le diagnostic. Il y a plusieurs choses qu’on va identifier comme leviers mais pour montrer la force et la réalité des choses, je vais lui dire, commençons par exemple par un département pour voir comment tout traitement ça peut se matérialiser. On va commencer petit à petit à travailler sur un outil. C’est comme ça qu’on va pouvoir les sensibiliser à les faire adhérer au projet. Au début, ça ne sera pas simple. On va passer par beaucoup de pédagogie pour pouvoir faire comprendre aux entreprises quel est leur l’intérêt, qu’est-ce que ça peut leur apporter.
Digitalis vient d’être porté sur les fonts baptismaux récemment, mais est-ce que vous personnellement vous avez une expérience avérée dans ce domaine ?
Oui, ce qu’il faut savoir j’ai plus de 25 ans d’expérience dans ce domaine. J’ai occupé pendant plus de 25 ans des responsabilités de Directrice marketing digital au sein d’un grand groupe internationaux en France. Et depuis maintenant quatre ans j’ai monté ma structure, un cabinet en expert digital en France pour accompagner justement des entreprises dans la mise en place des plans de transformation digitale. Donc, c’est des sujets qui me parlent, c’est des sujets que j’ai eu l’opportunité de développer, de mettre en œuvre auprès d’entreprises. Je sais de quoi je parle, je sais surtout beaucoup d’exemples en tête qui peuvent me servir pour développer cette activité en Afrique.
Donc vous venez en terrain connu ?
Je ne viens pas en terrain connu parce que je suis malienne, mais parce que je travaille déjà sur ma ligne depuis plus d’un an où je travaille notamment avec des agences de communication, où j’apporte déjà mon expertise et mon conseil auprès des grandes entreprises maliennes. Maintenant, l’idée, c’était de le faire dans une autre structure qui soit adaptée et structurée pour répondre à leur problématique.
Vous dites que votre ambition, c’est d’accompagner les entreprises dans la construction de matrice de maturité numérique. A quel moment jugez-vous qu’une entreprise peut être considérée comme ayant atteint la maturité numérique ?
On ne peut pas le définir en amont. Cela va dépendre beaucoup des entreprises et surtout ça va dépendre de ce qu’elle a mis en œuvre. Je parle du principe qu’une entreprise a des outils. Une entreprise peut avoir un site internet, peut avoir intranet, peut avoir un logiciel, un CRN. Après, ce qui va faire la différence, c’est comment elle utilise ces outils là ; comment les collaborateurs utilisent ces outils là au quotidien dans leur méthode de travail. Donc, ça va être les accompagner pour fructifier ces conseils, c’est pour les raccourcir. Ça peut être de différentes natures. Je dirais que cette maturité digitale est très dépendante de ce qu’on aura observé durant cette phase de diagnostic digital. Moi, ce que je vais considérer ce n’est pas parce que l’entreprise a beaucoup d’outils digitaux que ça veut dire qu’elle est mature digitalement. Parce que ce qui va être vraiment déterminant, c’est comment utiliser ces outils digitaux au quotidien et comment ses collaborateurs ont adopté ces outils digitaux et nous à Digitalis, nous sommes sur ces deux aspects, l’outil en lui-même mais comment cet outil est intégré dans les processus globaux de l’entreprise.
Qu’est-ce qui vous différencie finalement des cabinets de conseil à relation publique ?
Relation publique, normalement on est plutôt sur la communication, l’image. On travaille beaucoup sur l’image et la communication d’une entreprise. Nous, on n’a pas cette vocation-là. On est plutôt sur la vocation de comment on va optimiser le processus internet de l’entreprise et comment on va l’aider à conduire le mieux de projets d’envergure. Par exemple, le changement en outil informatique, la mise en place d’un nouvel outil de logiciel de paie etc. On est vraiment sur des aspects très différents. On ne travaille pas sur l’image, on travaille plus sur du conseil, l’accompagnement en termes de management de processus, l’optimisation, l’amélioration et puis surtout la conduite du projet et le pilotage de leur projet et puis en dernier lieu sur la partie formation. On forme les collaborateurs en termes de l’utilisation de ces outils et surtout comment on accompagne le changement.
Est-ce que dans les offres que vous proposez, vous insistez sur la gestion transparente au sein des entreprises ou vous vous écartez plutôt de ce créneau ?
Quand on met un plan de transformation digital, il faut être le plus transparent possible de manière à faire adhérer plus de personnes possibles au projet.
Mais, vous n’allez pas quand même proposer à un chef d’entreprise d’aller jusqu’à ses finances ?
Non, on n’est pas sur ces aspects-là. On est vraiment sur quelque chose de globale de l’entreprise. Et sur comment est-ce qu’on optimise les stratégies globales de l’entreprise grâce à des outils digitaux.
Qu’est-ce que vous direz comme mot de la fin aux entreprises et chefs d’entreprises maliens par rapport à la transformation numérique ?
Je pense qu’aujourd’hui, les entreprises ont besoin d’accélérer leur digitalisation, leur transformation digitale. Parce qu’on arrive à un tournant ou on voit que tous les outils digitaux rentrent de plus en plus dans la sphère privée et professionnelle et c’est important de ne pas rater ce virage-là. Que finalement, ce ne sont pas des démarches qui sont compliquées de mettre en place, mais c’est vrai que ça demande des coordinations et une gestion vraiment accrue de projet. Aujourd’hui avec la digitalisation, les entreprises ont la possibilité de pouvoir faire appel à cette expertise et de pouvoir entamer cette transformation digitale sans avoir à remettre en cause leur stratégie, leur manière de fonctionner. L’autre chose aussi que je veux leur dire, c’est que la digitalisation c’est toujours un plus pour l’entreprise. Elle peut amener énormément de bénéfices en matière d’innovation, d’image, en matière de compétitivité, en matière de productivité. Je pense que c’est des termes qui parlent aux entreprises et qu’aujourd’hui c’est quelque chose qu’il faut intégrer dans sa démarche globale d’entreprise.
Propos recueillis par
Kassoum Théra
Source: Aujourd’hui-Mali