Dans le cadre des activités commémoratives de la Semaine nationale des victimes au Mali et de la Journée mondiale des Nations Unies pour le soutien aux victimes, la Coalition malienne des défenseurs des droits humains (COMADDH) a organisé, hier jeudi 6 décembre dernier, à la Maison de la presse, un panel sur le thème : «Victime entre crainte et espoir au Mali».
Ledit panel a regroupé les représentants de l’Etat ; des organisations de défense des droits de l’homme ; d’associations des victimes, de la société civile, autour de la problématique des droits des victimes et leur quête de justice au Mali, etc.
Placé sous la modération de Mohamed El Moctar MAHAMAR, Commissaire à la CNDH, ledit panel était animé par la présidente de la CAFO, Mme Dembélé Oulématou SOW, commissaire à la Commission vérité justice et réconciliation (CVJR) qui avait à ses côtés le représentant de la COMADDH, Thierno Boubacar SISSOKO ; la présidente du Comité Plaidoyer et Espoir, Mme Touré Fatoumata SANGARE.
On notait aussi la présence la représentante du Projet «Justice prévention et réconciliation pour les femmes mineures et autres personnes affectées par la crise au Mali (JUPREC)», Mme Thésée MAKABA, Conseillère juridique.
Les initiateurs de cette rencontre ont rappelé que le Mali a été fortement éprouvé par une crise multidimensionnelle à partir de 2012 qui s’est traduite par des violations massives et graves des droits humains ayant ébranlé les fondements sociaux de la coexistence pacifique entre les communautés.
Face à cette situation et dans le cadre du rétablissement de la paix et de la cohésion sociale, le gouvernement du Mali, la communauté internationale, les organisations de défense des droits de l’homme, ont pris plusieurs initiatives pour soutenir et accompagner les victimes de cette crise dans leur quête de justice.
Mme DEMBELE Oulématou SOW a salué cette initiative de la COMADDH. Actuellement, a-t-elle fait savoir, la CVJR a enregistré plus de 10 247 victimes.
S’agissant du droit des victimes, Mme DEMBELE a indiqué que cette question a toujours été au centre des préoccupations des plus hautes autorités du pays. Elle en veut pour preuve, la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger qui a préconisé la création de la CVJR ainsi que l’instauration d’une justice transitionnelle.
Faisant l’état des lieux des actions menées par sa structure, elle s’est félicitée de l’installation de 5 antennes CVJR opérationnelles à Bamako et à l’intérieur du pays, à l’exception de Gao et de Kidal.
«Nous sommes à pied d’œuvre pour qu’en mars 2019, les audiences publiques démarrent», a-t-elle dit. Et de préciser que ces audiences seront organisées à l’image de l’EID à Bamako.
A propos de défis auxquels font face la CVJR, dans le cadre de ces activités, Mme DEMBELE a cité l’insécurité résiduelle qui rend difficile l’enregistrement des dépositions des victimes ; les difficultés à assurer la prise en charges des victimes sur le plan psychologique, socio sanitaire. Elle n’a pas oublié de souligner la faible mobilisation des victimes elles-mêmes autour des activités de la CVJR.
Selon le représentant de la COMADDH, Thierno Boubacar SISSOKO, au moment où la CVJR annonce le démarrage des audiences publiques pour mars 2019, les organisations de la société civiles sont préoccupées par l’absence d’une loi de protection des victimes et des témoins. Toute chose qui risque d’entamer le courage des victimes à se présenter lors des audiences au risque de les exposer à des représailles de leurs bourreaux.
Aussi, les victimes font face à des pesanteurs socioculturelles dans le cadre de leur quête de justice. Autres préoccupation des organisations de la société civile, l’implication des victimes dans l’élaboration de loi d’entente nationale.
Les organisations de défenses des droits de l’homme ont exprimé leurs préoccupations face à la loi d’Entente nationale qui risque, selon elles, de sacrifier les droits des victimes sur l’autel de la réconciliation.
Pour la représentante du Projet JUPREC, les attentes des victimes se résument, entre autres à la réconciliation, à la réparation, et à la justice.
Créée en 2014, la CVJR, dont l’opérationnalisation est prévue dans l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali de 2015, est l’un des principaux mécanismes établis par l’État malien en vue de favoriser la réconciliation nationale.
Par Abdoulaye OUATTARA
Source: info-matin