L’Arabie saoudite observait dimanche une journée de deuil en hommage au roi Abdallah, alors que les dirigeants étrangers se succédaient à Ryad pour saluer son successeur Salmane à la tête du premier pays exportateur de pétrole.
Dans le même temps, le successeur et demi-frère du roi défunt continuait à recevoir les dignitaires étrangers, comme les présidents du Venezuela Nicolas Maduro et de Tanzanie Jakaya Kikwete, le Premier ministre du gouvernement internationalement reconnu de Libye Abdallah al-Thenni et le ministre de l’Intérieur de Singapour Teo Chee Hean. Il avait notamment accueilli samedi le Français François Hollande, et Mohammad Javad Zarif, le ministre des Affaires étrangères de l’Iran chiite, généralement perçu comme un grand rival par les monarchies sunnites du Golfe. Le président américain Barack Obama, qui a salué en Abdallah un homme “courageux” et un partenaire “précieux”, se rendra mardi à Ryad après avoir écourté la visite qu’il a débutée dimanche en Inde.
Outre sa puissance pétrolière, l’Arabie saoudite, berceau de l’islam, est l’un des poids lourds du monde arabo-musulman. En septembre, Ryad s’était joint à la coalition internationale qui mène des frappes aériennes contre les jihadistes du groupe Etat islamique en Syrie et en Irak. Dans le même temps, l’Arabie saoudite, qui applique une version rigoriste de la religion musulmane, est critiquée par des organisations de défense des droits de l’Homme sur les questions des libertés publiques et de la place des femmes dans la société. François Hollande avait affirmé vendredi qu’il avait avec feu Abdallah “des relations de confiance, y compris pour lutter contre le terrorisme”.
Interrogé sur le sort du blogueur Raef Badaoui, condamné par la justice saoudienne à 1.000 coups de fouet pour “insulte à l’islam”, le président français avait souligné que la France était “attachée aux droits de l’Homme” et qu’il rappelait “ces règles (…) partout” où il se déplaçait.
Transition en douceur
Se sont également retrouvés à Ryad le Premier ministre russe Dmitri Medvedev et le président ukrainien Petro Porochenko, à l’heure où les séparatistes prorusses lançaient une offensive en Ukraine contre le port stratégique de Marioupol. Les cérémonies d’allégeance ont commencé vendredi soir juste après l’enterrement du roi Abdallah. Tous les Saoudiens, des hauts dignitaires aux chefs de tribus en passant par les citoyens ordinaires, sont invités à rendre hommage au roi disparu et à prêter allégeance à Salmane, perçu comme plus conservateur qu’Abdallah.
Mais les Saoudiens ne sont pas unanimes. “Si je prête allégeance ou pas, est- ce que cela fera une différence?”, s’interroge néanmoins Oualid, un jeune diplômé, sans emploi comme de nombreux Saoudiens de sa génération. “Peut-être l’année prochaine, si je trouve un travail, je prêterai allégeance.” Outre Salmane, deux hommes sont au centre de toutes les attentions: le prince héritier Moqren, 69 ans, et Mohammed ben Nayef, 55 ans, déjà désigné deuxième dans l’ordre de succession afin d’assurer une transition en douceur dans ce royaume où des jalousies et des tensions surgissent régulièrement au sein de la famille royale. Dans son premier discours, le roi Salmane a annoncé qu’il n’y aurait pas de changement dans la politique du royaume. Il n’a pas spécifiquement évoqué le pétrole, mais les marchés tablent sur la poursuite de la politique de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), dont l’Arabie saoudite est un poids lourd. A la dernière réunion de l’Opep en novembre à Vienne, l’Arabie saoudite avait fermement défendu le maintien du niveau de la production de brut, au risque d’accentuer la chute des cours qui ont perdu plus de 50% depuis juin. Pour la première fois en 40 ans, l’Arabie, qui pompe un dixième des approvisionnements mondiaux de pétrole, avait refusé en novembre d’agir pour stabiliser le marché.
source : lesechos.fr