Le fait qu’un groupe russe d’électro-pop et pro-lesbienne participe à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Sotchi n’y change rien, le monde de la culture reste inquiet concernant la liberté d’expression dans la Russie de Poutine. Dernière action contre l’oppression des voix différentes : une lettre ouverte signée par plus de 200 écrivains, dont quatre prix Nobel de littérature.
A l’occasion des Jeux olympiques d’hiver à Sotchi, le président russe Vladimir Poutine soigne l’image de son pays. En décembre dernier, il avait libéré sur un coup de tête les deux dernières activistes de Pussy Riot encore emprisonnées. Leur délit : elles avaient chanté une prière punk anti-Poutine dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou.
L’année dernière, Poutine avait promulguée une loi contre la « propagande » de l’homosexualité. Aujourd’hui, il accepte que le groupe russe pro-lesbienne t.A.T. participe ce vendredi 7 février à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques avec leur chanson Nasz Ne Dogonïa (On ne nous attrapera pas).
Le groupe, formé par les deux femmes Lena Katina et Ioulia Volkova, avait déjà représenté la Russie au concours Eurovision en 2003, mais leur notoriété repose en partie sur la mise en scène de relations lesbiennes à l’instar de leur nom t.A.T qui signifie « Ta Loubit tou » (Celle-ci aime celle-là).
De Madonna à Wole Soyinka
La plupart des artistes qui s’expriment sur le sujet restent cependant plus que sceptiques concernant ces actions supposées démontrer la bonne volonté du gouvernement russe envers la liberté d’expression. La chanteuse Madonna a ouvertement soutenu le combat des Pussy Riots lors d’un concert à New York.
Ce jeudi 6 février, plus de 200 écrivains ont publié une lettre ouverte dans le quotidien britannique The Guardian pour dénoncer les lois russes sur le blasphème et contre l’homosexualité. Des personnalités comme Salman Rushdie, Günter Grass, Wole Soyinka, Elfried Jelinek, Orhan Pamuk, Jonathan Franzen ou Margaret Atwood reprochent à Poutine d’« asphyxier » la créativité. Pour eux, au-delà des écrivains, les lois liberticides votées en Russie mettent en danger toute personne qui ose revendiquer sa diversité ou faire usage de sa liberté d’expression dans ce pays.
Welcome ! Sotchi 2014
En juin dernier, l’exposition satirique Welcome ! Sotchi 2014 a été fermée et le directeur du musée à Perm, dans le sud de la Russie, limogé. L’un des artistes exposés, Vasily Slonov, avait notamment caricaturé les mascottes des Jeux en montrant par exemple le portrait de Staline derrière un ours polaire souriant.
Ce vendredi 7 février, c’est la romancière russe Lioudmila Oulitskaïa qui a déclaré être visée dans le cadre d’une enquête pour « propagande homosexuelle ». Elle dirige une série de livres pour enfants qui évoquent l’existence de l’homosexualité et de familles homosexuelles.