L’insolence, l’irrespect… ce ne sont que par ces termes qu’on peut qualifier la sortie peu orthodoxe du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, sur les tensions entre le Mali et la CEDEAO. De façon orgueilleuse, il parle comme si le Mali était une région de la France et les autorités maliennes, des gouverneurs français.
La France, par ses agissements honteux, donne raison à ceux qui l’accusent d’avoir instrumentalisé la CEDEAO pour qu’elle sanctionne le Mali. Eh oui, après huit ans d’échec au Mali, ce pays ne digère pas toujours la diversification des partenaires décidée par les autorités maliennes dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Sa haine contre le Mali la rend tellement aveugle qu’elle a été même plus engagée que les pays de la CEDEAO dans l’application des sanctions « illégales et illégitimes ». Dans un premier temps, elle a suspendu les vols d’Air France au Mali. Cette décision avait été prise par la France alors que l’union européenne dont elle est membre n’a pas encore entériné les sanctions de la CEDEAO contre le Mali.
Comme si cette action ne suffisait pas, le ministre français des Affaires Étrangères et de la Coopération internationale a proféré des menaces, des balivernes contre le Mali. Il a confié à nos confrères de l’AFP que «la situation au Mali et au Sahel est une affaire africaine et européenne, ce n’est plus une affaire franco-malienne, a fait valoir M. En référence à la participation de 10 pays européens au groupement de forces spéciales Takuba déployé au Mali à l’initiative de la France ». Aussi, il a accusé les autorités maliennes de duper les partenaires. «La junte essaie de duper l’ensemble de ses partenaires. Il y a une fuite en avant, un appel confirmé à une milice extérieure (des mercenaires russes de la société paramilitaire Wagner, ndr), et le calendrier de transition est tout à fait inacceptable », a insisté Jean-Yves Le Drian qui a ajouté : « c’est maintenant à la junte de prendre ses responsabilités. Sinon elle prend le risque de voir ce pays être asphyxié ».
Mais ce que Jean Yves-Le Drian n’a pas dit concernant la présence des forces européennes au Mali sur l’initiative de la France, c’est le manque de résultats en termes de lutte contre le terrorisme. Le terrorisme a continué à gagner du terrain au Mali malgré la présence de la France et de ses partenaires. Cet échec de la France a été toujours dénoncé par les populations maliennes, avant mêmes l’arrivée des autorités actuelles. Pourtant ce qui est vrai et que ni Jean Yves-Le Drian ni son patron Macron ne diront pas, c’est la montée en puissance de l’armée malienne depuis le début de la diversification des partenaires par les autorités actuelles. « La montée en puissance des FAMa est une œuvre à laquelle vous êtes personnellement et totalement dédié, et à laquelle vous avez fermement engagé le Gouvernement » a déclaré le premier ministre lors de la présentation de vœu de nouvel an du gouvernement au président de la Transition. Selon lui, « les résultats spectaculaires et inédits depuis plusieurs années, auxquels sont parvenues nos Forces de défense et de sécurité, en cette fin 2021 et dès les premiers jours de 2022, se passent de commentaires ».
Tout ce qui compte pour le peuple malien, c’est sa sécurité et celle de ses biens. Et si la France, après huit ans de présence au Mali, n’a pas pu freiner les violences terroristes, les populations sont dans leur plein droit de demander la diversification des partenaires.
Ce qui est plus déplorable, c’est la façon dont le ministre jean Yves-Le Drian parle des autorités maliennes. Il doit savoir que le Mali est un pays indépendant et souverain comme la France. Les autorités maliennes ne sont pas des gouverneurs de France. Elles n’ont pas des ordres à recevoir ni de lui, Jean Yves-Le Drian, ni de son patron. Les seules voix qui doivent compter sont celles des Maliens qui, en majorité, ont participé aux assises nationales de la refondation. Et le calendrier contesté est issu de ces assises.
Jean Yves -Le Drian doit donc revoir sa position et s’adresser aux autorités maliennes de façon diplomatique. L’insolence ne règle rien.