Le chef du JNIM, Iyad ag Ghali, est de plus en plus critiqué par ses sympathisants et désavoué par ses hommes. Son passé, ses choix et ses nombreuses contradictions sont de plus en plus connus et révèlent une personnalité profondément égoïste. La seule motivation d’Iyad ag Ghali : ses intérêts personnels !
Né à la fin des années 50, ce fils du désert issu de la tribu des Ifoghas a été confronté très jeune à la violence. Lors de la rébellion de 1990, Iyad ag Ghali aurait assisté à l’assassinat de son père accusé par les rebelles Touaregs de collaborer avec les autorités maliennes. Ayant grandi avec cette trahison qui colle à sa famille, ceci l’aurait conduit à rejoindre l’armée du colonel Kadhafi en Lybie avant d’aller semer la guerre au Liban et au Tchad.
Avant de plonger dans l’islam radical, Iyad ag Ghali était donc un homme violent luttant pour le contrôle de territoires. Cela peut d’ailleurs expliquer la création du Mouvement Populaire de Libération de l’Azawad (MPLA) devenu ensuite le MPA. Son soutien au MNLA est un autre exemple des luttes armées qu’il a mené sans aucun lien avec le djihad. Même si, dans ce dernier exemple, il a fini pas trahir le MNLA. C’est au début des années 2000 qu’Iyad ag Ghali se tourne vers l’islam radical en rejoignant Al Qaïda.
En 2012, il crée son propre groupe terroriste Ansar Eddine, puis le Rassemblement pour la Victoire de l’Islam et des Musulmans (RVIM), communément appelé le JNIM. Entre lutte armée populaire et actions terroristes, Iyad ag Ghali semble donc capable de s’accommoder des modes du moment pour accroitre son pouvoir et sa richesse sans se soucier de ses hommes.
Effectivement, l’histoire personnelle d’Iyad ag Ghali prouve que le vétéran djihadiste n’hésite pas de changer de camp pour sauver sa peau : la signature des accords de Tamanrasset en 1991, son ralliement officiel à l’Etat malien laissant ses hommes sans chef en 1992, à Tombouctou en 1996, il fait bruler du matériel des groupes armés (plus de 3 000 armes) à l’occasion de la dissolution du MPLA les laissant ainsi sans aucun moyen d’action !
En 2015, il dénonce la signature des accords d’Alger pourtant signés par les groupes armés maliens. Servant parfois l’intérêt des groupes armés, parfois celui de l’Etat malien, ce qui est sûr c’est qu’il sert toujours son intérêt en premier, peu importe les conséquences pour ses hommes, encore moins pour son pays.
La dernière manipulation d’Iyad ag Ghali est des plus audacieuses. En effet, profitant de la réorganisation de Barkhane au Mali, il fait croire que c’est lui qui les a poussé à la sortie et que cela sera sa prochaine grande victoire. Mais, cela vient en parfaite contradiction avec les rumeurs de négociation en cours entre lui et les autorités maliennes. La question qui reste en suspens est la suivante : pourquoi aurait-il besoin de négocier avec les autorités ? Si cette rumeur se confirme, cela ne ferait que traduire sa philosophie du djihadisme : prêt à tout pour sauver sa peau, quitte à trahir les siens… encore une fois.
Mamadou Bare