En évoquant la possibilité du recrutement de 15 000 enseignants volontaires pour que l’école malienne ne « meurt » pas sous le poids de la grève décrétée par les syndicats, le Premier ministre Boubou Cissé agit dans le sens exclusif de l’intérêt des millions d’élèves et de leurs parents.
Assurer la continuité du service public et faire en sorte que l’école malienne retrouve un tant soit peu sa stabilité. C’est la tâche ardue à laquelle le Premier ministre chef du gouvernement, non moins ministre de l’Economie et des finances s’attèle dans la gestion de la grève actuelle des enseignants
Le torchon continue de brûler entre les enseignants grévistes et le gouvernement. Le collectif des syndicats des enseignants signataires du 15 octobre 2016 annonce avoir « suivi avec amertume et indignation » les propos du Premier ministre, Dr Boubou Cissé, sur les enseignants du Mali. Ce dernier, lors de l’atelier de validation des grandes orientations politiques sur la mise en œuvre des résolutions et recommandations du Dialogue national inclusif, le dimanche 19 janvier dernier,, avait assuré que le pays ne peut accepter voir son école prise en otage par des enseignants qui semblent avoir oublié le caractère sacerdotal de leur métier. « Nous n’allons pas accepter ce qui s’est passé l’année dernière…les négociations ont échoué avant hier, il n’y avait pas de raison que ça échoue car nous avons accepté le principe, mais ça a échoué ….Ils vont aller vers la grève, les retenues sont faites et si dans deux semaines, les enseignants ne décident pas de retourner en classe, nous allons procéder à un recrutement exceptionnel de 15.000 enseignants qui ont été formés dans nos Instituts de formation des maîtres. Ces derniers sont qualifiés, sans emplois, que l’on peut utiliser sur la base d’un volontariat. C’est à ceux-là que nous allons faire appel, c’est un contrat de volontariat sur la base d’un contrat à durée déterminé(CDD) et en fonction de l’évolution de la situation, nous verrons comment les intégrer.»
Par ces propos, le chef du Gouvernement, non moins chef de l’Administration tenait à sauvegarder le principe sacro-saint de la continuité du service public. Dr Boubou Cissé s’est du reste adressé à des responsables politiques qui soutiennent l’action du gouvernement pour les rassurer que l’Etat réfléchit à des solutions de rechange face à l’intransigeance des grévistes.
Mais, dans leur communiqué du lundi 20 janvier, les enseignants grévistes estiment que les propos du chef du gouvernement « caractérisent la haine et le mépris » qu’il a « toujours manifesté vis-à-vis des enseignants et font suite à ceux tenus par son conseiller technique, Monsieur Saka Diarra, sur les antennes d’Africable lors du débat du vendredi 17 janvier ». Selon les grévistes, ces propos violent les conventions 87 et 98 que le Mali a souverainement ratifiées et des « réponses appropriées seront données à ces propos malintentionnés.».
Pour plusieurs analystes, le ton de menace est perceptible du côté des syndicats d’enseignants qui, ne veulent visiblement faire aucune autre concession pour éviter la grève. C’est au point que certains observateurs se demandent si d’autres motivations ne sont pas cachées derrière ce jusqu’auboutisme syndical. Surtout quand on sait que les doléances relatives à l’augmentation de la grille indiciaire sont déjà acceptées par le gouvernement. Celui-ci ne demandant qu’à appliquer cette augmentation de manière échelonnée en fonction des contraintes budgétaires liées à l’effort de guerre.
Il faut signaler que le collectif des syndicats des enseignants signataires du 15 octobre 2016 (SYPESCO, SYNEB, SYNEFCT, SYNESEC, SYLDEF, FENAREC, COSES, SNEC), après deux grèves de cinq jours chacune, en décembre 2019 et en janvier 2020, avait entamé un nouvel arrêt de travail le mardi 21 janvier. Ils prévoient observer ce débrayage de 14 jours (336 heures allant du Mardi 21 au Vendredi 24 Janvier 2020, du lundi 27 au vendredi 31 Janvier 2020 et du lundi 03 au vendredi 07 Février 2020 inclus.) et exigent l’application immédiate de l’article 39 de la Loi N°2018-007 du 16 janvier 2018, portant Statut du personnel enseignant de l’Enseignement secondaire de l’Enseignement fondamental et de l’Education préscolaire et spéciale.
Dans le contexte actuel de mondialisation, où tout le monde reconnaît que le niveau de l’école malienne est en chute libre, il urge de faire des sacrifices pour …limiter les dégâts. Peut-on oublier que le métier de l’enseignant est un sacerdoce et qu’il faut un minimum de patriotisme pour sauver l’école, l’avenir de toute une nation ? Aux syndicats de savoir raison garder !
Bruno D SEGBEDJI
Mali Horizon