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Interview-testament : Et c’est reparti pour la crise !

Comme à son habitude, le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, lui qui, contrairement, à ses pairs, n’a aucun respect pour sa presse, les journalistes de son pays, s’est confié, en exclusivité, à un média étranger. En l’occurrence, il s’agit de Jeune Afrique qui, au passage, a encaissé, au moins, la coquette somme de 50 millions de nos francs pour ce travail. Dans cette interview inopportune qui sonne comme un testament, IBK semble voir le Mali et les Maliens de loin. Il jette de l’huile sur le feu.


«Nous sommes en guerre», dit-il, pour planter le décor et, peut-être, situer son interlocuteur et le prévenir des graves propos qu’il prononcera plus tard. C’est vrai, ils seront graves les propos, mais surtout, insensés (pour certains) et inopportuns pour d’autres. Nous y reviendrons.

Pour l’instant, arrêtons-nous sur le titre de son interview et son incohérence avec son attitude, ses pratiques et ses projets. «Nous sommes en guerre», dit IBK. C’est vrai, nous sommes en guerre. Seulement, en dehors du verbal dans lequel il excelle, à travers son vieux français, totalement incompréhensible du maximum de Maliens auxquels il doit s’adresser et qui ne bluffe plus personne, IBK ne donne pas l’impression d’être le chef d’un Etat en guerre.

D’ailleurs, même s’il l’affirme, son comportement de tous les jours contribue à jeter de l’huile sur le feu, à aggraver la crise. Il renvoie l’image d’un président en déphasage total avec son peuple qu’il observe de loin. Il a du mal à appréhender les réalités maliennes. Il ne peut pas et vient de le prouver, une nième fois, dans l’interview exclusive qu’il a accordée à nos confrères de Jeune Afrique, à coup de dizaines de millions de francs CFA. IBK avait-il réellement besoin de cette sortie ? Nous estimons que oui. S’il s’agit d’une opération de communication dans le cadre de l’apaisement, il faut dire qu’elle est totalement ratée.

De la crise post-électorale :

«Il n’y a pas eu de crise post-électorale mais, la bouderie d’un seul homme, inconsolable de ne pas être entré au Palais de Koulouba. Quelle que soit l’ampleur de son égo, il ne représente pas le sentiment des 20 millions de Maliens…». C’est le point de vue de celui qui pense qu’il est un président «bien élu».

On croirait rêver. Comme si le président de la République et nous ne vivions pas dans un même pays. Comment peut-il nier toutes ces contestations qui ont duré des mois ? Et comment peut-il sortir de tels propos à un moment où tout le pays se réjouissait de l’instauration du dialogue entre les fils du pays ?

D’ailleurs, s’il n’y a pas eu crise post-électorale, pourquoi avoir fait des pieds et des mains pour faire signer à certains regroupements et partis politiques un accord politique ? Tous ces Maliens qui manifestaient, toutes les semaines à Bamako, étaient-ils en pique-nique ? IBK a, en tout cas, eu ce qu’il voulait ; à savoir, relancer la crise malienne. Comme s’il ne se plaisait que dans «un pays chaud». Il a été répondu et de manière incroyable par le chef de file de l’opposition qui l’a traité de tous les noms d’oiseaux «latins».

De l’application de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger :

Dans Jeune Afrique, le président dira qu’il est révolté de voir des «responsables Touaregs de la CMA, venir à Bamako, empocher leurs indemnités et retourner à Kidal hisser fièrement le drapeau de l’Azawad». Là aussi, on croirait entendre «un Malien de la rue», pas au parfum des choses et ni responsable de rien. Comme s’il ne savait pas comment nous en étions arrivés là. C’est l’accord pour la paix et la réconciliation qui autorise «ces leaders touaregs de la CMA» à venir à Bamako, y résider, tenir des réunions, empocher des indemnités.

Maintenant, pour ce qui concerne «le drapeau fièrement hissé à Kidal» et l’absence de l’administration sur ce territoire malien, c’est à IBK de nous l’expliquer et éviter de jeter la faute sur l’autre, en fuyant, encore une fois, ses responsabilités. À Kidal, en tout cas, on dit n’avoir rien contre la présence de l’Administration et du drapeau tricolore.

Pourquoi IBK n’y veille pas ? Pourquoi les agents de l’Etat refusent d’y aller ? Enfin, on se demande pourquoi le président de la République insiste sur l’appellation Touareg, comme s’il n’y avait que des leaders touaregs au sein de la CMA ou si la peste, c’était les Touaregs. Nous n’osons pas croire, même penser une seconde, qu’IBK a quelque chose contre les Touaregs, particulièrement.

De son ancien Premier ministre SBM et Tiébilé Dramé :

Répondant à la question relative au départ de l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga et à l’entrée dans le gouvernement de Tiébilé Dramé, le président dira qu’il n’a jamais voulu le départ du premier et qu’il l’a d’ailleurs dit, en son temps, à ses amis du Rassemblement pour le Mali. Ça, c’est le point de vue d’IBK. Nous, nous savons qu’il était au courant de tout ce qui se passait et se tramait par son fils de député et certains de ses collègues à l’Assemblée nationale ; et qu’il l’encourageait en fermant les yeux là-dessus. IBK a soutenu le départ de SBM.

Du dialogue avec Iyad :

Au moment où tout le monde pense que le dialogue avec les terroristes, que les grandes puissances adoptent cette posture, notre président, malgré son incapacité notoire à engranger, ne serait-ce qu’une seule victoire face au plus petit des groupes terroristes, nous ressort encore du : «On n’a rien à nous dire», «une mer de sang nous sépare», s’agissant du dialogue avec Iyad Ag Ghaly qui, pourtant, lui coupe le sommeil, directement ou indirectement, toutes les semaines.

On peut aussi lire dans le même entretien, et chez le même confrère, des révélations faites par le président de la République, lui-même, sur les avions cloués au sol qui, dit-il, «sont cloués au sol faute de maintenance appropriée».

À propos du G5-Sahel, voici ce qu’il avance fièrement : «Je n’ai pas souhaité ce déménagement, ni cette réimplantation clivant au cœur d’un quartier populaire de Bamako». C’est le président de la République du Mali qui parle, un membre du G5-Sahel.
À suivre

Mohamed Aliou 

Source: Nouvelle Libération

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