Le regard masqué par des lunettes noires à grosses montures, le président de la République semble nerveux. Très nerveux. Au passage, il salue ses collaborateurs d’un geste de la main. Contrairement à ses habitudes, pas de poignées de mains accompagnées d’une tape amicale à l’épaule, aucun sourire. Rien. Il nous invite alors à prendre place dans une chaise, juste à côté de lui, pour notre traditionnelle interview imaginaire. Ou presque.
Mr le président, il semble que Moustapha Ben Barka ait été, clairement, cité dans l’affaire du fameux Boeing présidentiel. D’où son éviction du gouvernement. Le nommer au poste de secrétaire général-adjoint de la présidence n’est-il pas, dans le contexte actuel, une manière de le soustraire à la justice ?
Pas du tout ! Mon fiston est avec moi, à Koulouba. Si le juge veut lui dire bonjour, il sait où le trouver. Et comment le lui dire. Pour moi, tout le reste compte pour du beurre. Et je ne me laisse pas distraire par des gens qui ne parlent ni le latin, ni le grec. Des gens qui n’ont pas fait leurs humanités.
Mr le président, êtes-vous sûr que les Maliens vous font, toujours, confiance ? Surtout, après toutes ces « affaires » qui ont émaillé la première année de votre mandat….
La confiance des Maliens, à mon égard, n’a jamais fait défaut. Et ne fera jamais défaut. Du moins, tant que je m’appelle IBK. Ce n’est pas pour rien qu’on m’appelle le « Kankélintigui », l’homme de parole.
Pourtant, Mme BouaréFily Sissoko, citée dans le même dossier que Ben Barka, a non seulement quitté le gouvernement ; mais elle aurait été, aussi, entendu par le juge du Pôle Economique et Financier…
Je crois que nous allons mettre un terme à cette interview. C’est l’heure de la prière. Alors, au revoir !
Propos recueillis
par le Mollah Omar
Source: Canard Déchainé