Faut-il encore y croire ? Ne dit-on pas que la bonne nuit se sent depuis le crépuscule ! Ceci étant, après deux ans au service du peuple, la gestion du Mali laisse à désirer. Le peuple se sent trahi, meurtri. Il n’y croit plus. Cependant, en tant que Chef suprême des Armées et garant de la Constitution, le président demande aux Maliens de la patience. Il va relever le défi. Suivons quelques morceaux choisis.
Ce vendredi soir en face de nos confrères de l’Ortm Ibrahim Diombélé et d’Africable Sékou Tangara, le président a répondu aux questions. Il semble ne pas trop convaincre ses compatriotes. En première l’opposition à travers le Parena dont nous vous livrons en page 2 la réaction, et qui estime que l’interview radiotélévisée du président de la République à l’occasion du 2ème anniversaire de son investiture a été un exercice d’autosatisfaction en déphasage total avec les dures réalités que vivent les Maliens.
Pour revenir à l’interview, parlant de l’Armée qui reste l’une de ses préoccupations les plus importantes car sans Sécurité pas de vie, le président IBK dit ceci : “Vous savez, j’avais dit que ce qu’on avait vu dans les rues de Gao au moment de l’intervention de Serval, des troupes déguenillées, des soldats sans chaussures et sans casques évidemment. Bref, la misère. Ce n’est pas de l’émotionnel pour l’émotionnel. Je pense que la chose avait émue tout malien digne de ce nom et moi j’ai pris l’engament que si je bénéficiais de la confiance de nos concitoyens, plus jamais le soldat malien ne manquera du minimum nécessaire sur le champ de bataille, et ce pari est élu.”
Et le président d’ajouter : “Quand il y avait un défilé militaire, quand il y avait des honneurs à rendre dans tel ou tel corps de l’Armée, les hommes venaient dépenaillés, les uniformes étaient déchirés et de couleur différente. Tout cela ne fait pas la fierté de soldat. Je pense qu’aujourd’hui, on peut, en toute honnêteté et objectivité, dire qu’avec les trois tenues dont dispose chaque soldat malien, il se sent de nouveau soldat et fier de l’être. Je crois que c’est cela qui compte. Ce n’est pas la rhétorique et la théorie quand un soldat a un nouvel uniforme, des 12-7 et de 14-5 dont la puissance de feu a de la signification pour le militaire. Ce qui est sûr, ma tâche régalienne dans ce domaine est en train de se faire jour après jour. Et ceux qui m’entendent qui sont les premiers concernés savent de quoi je parle.”
De son arrivée à nos jours, le président a fait de nombreux voyages. Finalement, il est surnommé le pigeon voyageur. Alors, on lui demande l’apport de ces voyages pour le Mali.
Le président IBK répond : “J’ai pris mon bâton dès mon arrivée aux affaires pour aller dire à nos amis ce que nous voulons et où nous voulons aller. Et pas pour faire le tourisme. Il fallait contrecarrer les thèses erronées contre le Mali.”
Homme de poigne, il a été annoncé comme l’homme de la situation qui va venir massacrer les rebelles. Mais, ce fut un autre IBK c’est-à-dire qui a prôné le dialogue. Le président indique : “Je n’ai pas compris que les Maliens voulaient que je vienne comme Maréchal de l’Armée malienne pour prendre la tête de quelle que armée de conquête…conquête contre qui ? Contre soi-même ? Non, non…Quand les fils d’un même pays ne se comprennent pas, je crois que ce n’est pas l’arme lourde qu’il faut sortir, je crois qu’il faut parler, il faut dialoguer, il faut revenir aux fondamentaux, se retrouver sur les bases qui nous firent et qui ont fait de ce pays de tous les temps un pays d’équilibre, d’harmonie et d’entente. C’est cela ma mission. Ainsi, l’ai-je comprise. Et c’est ce que je bâtis. Nulle part au monde il n’y a la sécurité absolue. Là aussi, il y a des efforts qui se poursuivent, pour faire du Mali un
espace sécurisé.”
Abordant la situation économique, les journalistes demandent au président.
Question : Pour amorcer la relance économique, est-ce qu’il faudrait s’appuyer sur la bonne moisson qui a été faite à Bruxelles lors de la conférence des donateurs ou ça va être des investissements propres au Mali, comment trouver l’argent pour financer tout cela ?
Le président IBK : Quand on a l’ambition, il faut se donner les moyens. Les gens disent dans notre pays, on a de l’or, du diamant. Moi, mon or c’est le vert, c’est l’agriculture. Je suis bien conscient que depuis les temps immémoriaux le Bambou et le Bourré ont été des régions pourvoyeuses d’or au-dedans comme au-dehors, jamais cela nous lâchera, c’est notre terre, notre sol. ….
Récemment, nous avons emboité le pas mécanisé avec les tracteurs, c’est du concret. Nous avons également des atouts, des ressources propres au Mali, 3ème producteur d’or d’Afrique, ce secteur est assez conséquent dans notre budget national, dans notre PIB. Je crois également que nous avons, on ne le dit pas assez dans ce pays, des ressources humaines pas hautement qualifiées mais elles sont très bien. J’étais sidéré de voir dans le domaine de l’agriculture notamment l’élevage, les chercheurs font merveille. Quand je vois dans les pays que j’ai visités, ce domaine est valorisé. Voilà encore au Mali qu’il est méconnu. La relance économique du Mali passera par les ressources générées par les Maliens. Quelques appuis de nos amis, des partenaires seront la bienvenue mais c’est sur ses propres ressources qu’il faut compter d’abord. La communauté internationale se réunit pour examiner la situation en vue de nous accompagner. Je crois que c’est cela que réside le développement d’un pays et il y a aucune honte à cela. Donc pour le développement du Mali, les ressources seront obtenues Inchallah. Nous n’avons pas de dette intérieure, quelle chose fabuleuse et nous avons un PIB de 600 milliards. Je pense que nous sommes en train de reprendre un très bon chemin. Premièrement, avec une rigueur de gestion, avec une dépense publique plus serrée, plus mesurée, plus regardante, je pense que le Mali aura le moyen de son développement.
En outre, nos confrère persistent et signe si réellement la relance économique est de mise, comme l’avait promis le candidat IBK. Voici la question : Quand vous veniez au pouvoir, il y a de cela deux ans Monsieur le Président, c’est vrai que le secteur économique a également reçu le choc de grande crise généralisée, vous le saviez, vous avez quand même promis la relance économique. Après deux ans de votre parcours, est-ce que la relance est vraiment au rendez-vous. Si oui, mais ça ne se ressent pas dans le panier de la ménagère ?
Président IBK : Je crois que personne ne peut contester aujourd’hui que nos actions économiques ne sont pas au rendez-vous. Personne ne peut dire qu’après la crise que nous avons subie, c’est une action que je ne qualifierai pas, jamais que je n’accepterai pas. Je m’en remets à ceux qui peuvent le faire pour que cela soit bien éclairci, l’avion présidentiel, dépenses en matière d’armement, tout ce qui est passé. Ce pays, malgré tout, vient d’un choc. La réputation, on n’a pas été économiquement… Je sais les hommes qui vous ont vu à l’œuvre au nom de votre parcours d’âge dans les grandes fonctions qu’ils vous savent honnête jusqu’en mal ne peuvent pas dire. Moi je ne suis pas venu aux affaires de ce pays là pour faire mes propres marchés. Je sais combien, je veille à ces choses là.
Question : Cette bonne foi peut être plombée par la délinquance financière, vous-même, vous avez laissé entendre un moment que vous serez impitoyable face aux dérives. Le dernier rapport du Vérificateur Général fait ressortir un manque à gagner de 153 milliards de francs CFA pour l’Etat. Est-ce qu’à la fin de votre mandat, on va dire que sous Ibk, il y a eu de détournement d’argent ?
IBK : Quand je suis arrivé à Koulouba, j’ai trouvé pas mal de dossiers. Je n’ai retenu aucun de ces dossiers, tous ont été transmis à qui de droit. Depuis que je suis à Koulouba ici, j’ai trouvé plus de 200 dossiers que j’ai transmis. Je ne crains pas ce que peuvent balancer les hommes politiques. Je crains mon créateur Allah Soubhana Wata Allah. Aucun magistrat malien, ils sont là, ne peut dire que le Président IBK m’a enjoint de… jamais. Même ceux de mes amis, je me suis tenu à distance pas parce que je puisse rien faire pour eux mais par éthique. Je ne bloque rien et je ne bloquerai rien ! Cette année là, aucun dossier ne fera l’objet de soustraction pour des faveurs, aucun surtout ceux de 2013 à nos jours. Le meilleur est à venir. Et, il faut espérer car, tant qu’en toute bonne foi, la volonté de bien faire reste, rien n’est perdu. Deux années sont encore en reste pour redorer le blason.
Question : Monsieur le Président, vous êtes dans la logique d’offrir des logements décents au plus grand nombre de maliens, le dernier acte est l’attribution de logements sociaux à Tabacoro mais paradoxe, l’autre côté vous démolissez également des habitations des citoyens. Qu’est-ce qui ce passe ?
Ibk : D’après Senghor, l’Afrique est en retard parce qu’il manque singulièrement la méthode et l’organisation. Au 21ème siècle, un logement décent n’est pas un luxe. Il faut avoir des mesures diluviennes. Moi, je ne dors pas, j’ai peur de ce qui peut être survenu dans les quartiers périphériques quand il pleut. Faire en sorte que les Maliens puissent avoir un logement décent est un devoir de l’Etat. Nous sommes dans un monde où des références… nous allons poursuivre avec le programme de logements sociaux, à Sikasso, à Yorosso, nous allons continuer et faire en sorte que les maliens aient accès aux logements décents. On construit, on démolit, moi je suis partisan toute ma vie je crois que mon parcours politique idéologique pour ceux qui… que je suis un partisan de la démocratie. Mais démocratie Monsieur n’est pas champ libre, n’est pas un champ à tout faire ou on défie l’Etat, non on ne défie pas l’Etat.
Quiconque défie l’Etat est rappelé à l’ordre ! Les gens qui le font savent qu’ils défient l’Etat et par delà les maires qui vendent des lots comme de petits pains…je crois la démocratie c’est le droit et le 1er devoir d’un citoyen c’est le respect des normes qui sont au-delà des saluts de tous.
Question : Est-ce que l’Etat n’est pas interpelé à ce niveau, car c’est lui qui délivre les autorisations de construire. Il faut un véritable effort si l’Etat n’est pas interpelé à ce niveau là.
Ibk : Vous avez posé la question pourtant vous avez déjà la réponse car j’ai dit que ceux qui l’ont fait le savaient très bien qu’en faisant, ils n’avaient pas le droit de le faire. Le Mali sera davantage synonyme de rigueur, de respect de la règlementation et de norme. Les agents de l’Etat sont responsables et les responsabilités seront situées. Je ne frappe jamais hors de la loi. Les agents de l’Etat n’ont pas été hors de ces responsabilités ! C’est eux… ces gens se sont amusés à faire n’importe quoi.
Question : Aujourd’hui, quelle est la place que vous réservez à la jeunesse, évidemment, elle broie sur le poids du chômage ?
Ibk : Oui, oui, ça c’est vraiment chers amis le défi majeur, partout où on passe, on voit que nombreux sont les jeunes. Hé ! Le grand défi répond à l’attente de l’espoir de cette jeunesse. Comment le faire ? En faisant en sorte qu’il ait un espace d’emploi toujours prudence dans la mise en œuvre du programme de projet qui soit capable de résorber le chômage des jeunes maliens par des conventions. Ce que j’ai fait à Yorosso avec des centres de formation professionnels de plus en plus nombreux, de plus en plus équipés et de plus en plus diversifiés. Parce qu’il faut que notre jeunesse se forme. Aujourd’hui, pas le cas de vous, quand on a besoin d’un plombier compétent, d’un menuisier compétent, on a du mal. Nous avons eu des meilleurs artisans ici, nous avons eu des ébénistes les plus merveilleux mais au fil des ans le gain facile a pris le pas sur tout. La qualité du bois, la qualité du fer… il ya donc aujourd’hui à convaincre la jeunesse que tout le monde ne peut pas être dans un bureau. Et le bureau ne paie pas son homme. Il y a des mentalités à faire évoluer, il ya également au niveau de l’offre de formation, on l’a dit depuis longtemps qu’un pays qui n’aura pas de ressources humaines qualifiées sera arrêté.
Question : Qu’avez-vous comme politique pour préserver les acquis ?
Ibk : Je félicite tous ceux qui sont passés avant nous et qui ont fait du travail assez probant. Le sport de nos jours est devenu comme un champ de bataille pratique pour les participants. Celui qui a repris le flambeau malien aujourd’hui, c’est le basket-ball, je voudrais vraiment l’encourager à poursuivre… Hé ! En réalité désormais, dans le peloton de tête du basket-ball africain, nous avons un pays comme l’Angola, ce sont eux qui se maintiennent. Je ne dis pas cela en oubliant ce que nous devons aux autres sports. Aujourd’hui, on a dans le monde entier un engouement très particulier pour le football. Il faut que nous comprenions définitivement que nous maliens, nous sommes condamnés à nous entendre, à dépasser nos querelles. Chacun de nous a un niveau de seuil national, non ! Non ! Donc c’est quelque chose que je dois avouer. Depuis que je suis dans cette fonction, je veux cultiver l’humilité, rien ne vaut l’humilité.
Je pense que le peuple malien mérite du respect et je veille surtout à cela. Nous avons des supporteurs maliens, il y en a qui font le tour du monde et à leurs frais. Tout cela comme engagement pour la couleur du Mali qui mérite quand même du respect. Je pense que c’est cela qui doit être encouragé pas le contraire. Je salue le dévouement des cadets, ils ont hissé le drapeau national au sommet, tout le peuple était avec eux, ils ont brandi de grand chemin…
Question : Lors de votre passage dans région de Sikasso, vous avez été élevé au rang de Moumbè, roi de Mahou pour avoir honoré vos promesses. La question est que vos voyages étaient axés sur l’international, maintenant un cap à l’intérieur, à Sikasso, est-ce que vous allez prendre la latérite ?
Ibk : Je ne vois pas un Premier ministre qui a tant voyagé que moi en lieu et place du Chef de l’Etat. Chaque mission a ses contraintes, il fallait que le Mali soit et le Mali était là. Le Mali a eu son accord très récemment, je suis à mon affaire et je suis à l’aise dans mon mandat. Ce bonheur immense de l’accord de paix signé en République du Mali était le contrat principal entre le peuple du Mali et moi. (…) désormais dans mon agenda, on me disait que c’était la route la plus difficile surtout celle de Kolondiéba. Il ya un besoin de développement dans ce pays, je le savais, la réalisation des infrastructures à Kolondièba n’a pas attiré l’intention jusqu’au point l’état des route a été dégradé. Quand nous avons un parent malade, une femme en travail et qu’il faut l’évacuer, on commence déjà à préparer le deuil car très souvent la personne vous revient sans vie. Ça m’a touché dans mon âme profonde et je dis cher parent, au niveau des campagnes mais il s’agit là de l’affaire du Mali et moi je trouve que des pères, des frères, des fils, des mères, des sœurs, des filles, des fils dans des situations difficiles.
Question : Kolodièba, Yorosso, Mahou, Yèh, des kilomètres mais demain Kidal, Anéfis ?
Ibk : pourquoi pas ! Pourquoi pas ! Nous sommes en train de créer des conditions pour ce faire. Si je dois aller à Kidal pour compromettre ce qui a été acquis je ne le ferai pas. Ce sont mes frères que j’accueille fraternellement ici, et demain, ils auront le bonheur de m’accueillir. Comme ils l’ont fait par le passé, nous avons été ensemble il y a quelques années. Et tout cela est prévu dans l’accord de paix et sera fait Inchallah quand le moment sera venu.
Question : Vous bouclez 2 ans à la tête du Mali, que voudriez-vous réaliser pendant ces 2 ans et qu’est-ce qui n’a pas été fait, quel est votre élément de satisfaction pendant ces 2 ans et quelles seront vos priorités pendant les 3 années à venir ?
Ibk : Ce n’est pas l’heure du bilan ! Je ferai notre pays au point comme nous l’avons trouvé non ! C’est pourquoi je dis par défense de notre pays, on ne peut pas amener le pays aussi bas. Tout ce qui est essentiel pour un pays, sa survie. Le Mali est un bijou qui mérite que l’on s’en occupe à hauteur de souhait, de dignité. J’ai eu mal de voir la tristesse dans les yeux de nos autorités surtout là dans les jugements de nos juges. Un centre de santé de référence dans chaque région pour ne pas trimbaler un malade. Niéna a été une surprise qui a un centre santé de référence de qualité. Un administrateur digne de ce nom, la régionalisation sera à l’épreuve. Je souhaiterai également aussi bien réussir la réputation du devoir public.
Mamadou BALLO
source : Zénith Balé