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Interview avec Bani Kébé : » J’ai appris ce métier grâce à grand-mère et j’en suis fière aujourd’hui «

Mme Diakité Adja Bani KEBE est aujourd’hui l’incontestable et l’incontournable détentrice des secrets de la couche féminine à travers ses produits purement locaux. Grâce à ce métier, elle a voyagé un peu partout dans le monde pour porter haut le drapeau national. Ce qui l’a d’ailleurs conduit à remporter plusieurs prix. Nous l’avons rencontré pour en savoir davantage sur son parcours dans ce milieu si mystérieux.

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1-Qui est vous?

Je suis Mme Diakité Adja Bani KEBE, conseillère conjugale, ambassadrice de la paix et créatrice des secrets de la femme.

 

Comment êtes-vous venue dans ce métier ?

C’est ma grand-mère qui exerçait ce métier et j’étais souvent à ses côtés. C’est donc à travers elle que je me suis retrouvée dans ce métier, et au fil du temps j’ai commencé à en fabriquer pour mes collègues de service.

 

Comment ont été vos débuts dans ce métier ?

Comme tout métier, le début est un peu difficile, mais Dieu merci, je m’en suis très bien sortie. Actuellement, je n’ai pratiquement plus de problème grâce au Tout-Puissant dans sa grande Miséricorde.

 

Ça fait combien d’années que vous êtes dans ce métier?

Actuellement, cela me fait quarante cinq ans d’exercice.

 

Que veut dire secrets de femme ?

Tout ce qui peut contribuer à l’épanouissement de la couche féminine dans le foyer, entre couples, et la bonne gestion du mariage est appelé secret de la femme.

 

Vous détenez quel genre de secrets de la femme ?

Les secrets de la femme que je détiens sont nombreux. Il y a certains secrets qui ne concernent que la femme et sont mari, d’autres rentrent dans le cadre de la bonne gestion du foyer, l’entretien de la maison tel que les encens et pleins d’autres. J’ai plus d’une centaine de secrets çà dépend de ce que les clientes viennent chercher.

 

Comment se passent la vente et vos relations avec les clientes ?

Je considère toutes mes clientes presque comme mes enfants, donc il y a tout de suite une complicité qui se crée entre nous. Si elles viennent me voir, je fais tout pour qu’elles ne se sentent pas gênées, ou qu’elles aient honte. Donc, d’entrée de jeu je crée une familiarité entre nous. Raison pour laquelle beaucoup viennent me voir à la maison.

 

Vos produits sont faits à base de quoi ?

Tous les produits que je vends sont à base d’arbres de notre forêt. J’utilise aussi le miel, le beurre de karité et plein d’autres produits, mais tout vient d’ici.

 

Vous arrive-t-il de voyager à travers ce métier ?

Oui, grâce à Dieu à travers ce métier j’ai fait tous les continents et je remercie le Tout-Puissant pour cela.

 

Comment la femme occidentale voit vos produits ?

Lors de mon exposition à Paris, les femmes occidentales m’ont demandé d’enlever sur ma banderole  » secrets de la femme africaine « , car elles les utilisent aussi. Elles pensent que toutes les femmes sont les mêmes et elles ont droit aux mêmes secrets. Elles achètent beaucoup mes produits, souvent je peux recevoir une cinquantaine de femmes par jour si je suis à l’extérieur. Et elles sont toujours satisfaites après l’utilisation.

 

En tant que conseillère conjugale, quels sont les problèmes fréquents chez les jeunes couples ?

Aujourd’hui, les problèmes sont énormes. Il y a certains hommes qui viennent me voir pour que je parle à leurs femmes. Dès fois, je reçois aussi des femmes qui veulent avoir des conseils pour bien entretenir leur foyer. Comme je l’ai dit tantôt les problèmes sont nombreux et complexes. On trouve parfois des hommes qui n’ont aucune considération pour leurs épouses et vice-versa. Mais j’essaie de les ramener à la raison et de chercher un terrain d’entente pour les couples.

 

Avez-vous formé des jeunes pour assurer la relève dans ce métier ?

Oui, mais les membres de ma famille d’abord comme mes enfants et mes belles-filles. Par ailleurs, lors de la préparation des produits, je recrute chaque mois dix jeunes filles pendant dix jours et je leur paie par jour. Elles m’aident notamment dans la transformation.

 

Comment arrivez-vous à joindre les deux bouts, c’est-à-dire votre foyer et vos nombreux déplacements, souvent à l’étranger ?

Aujourd’hui, ça me fait cinquante-quatre ans de mariage et Dieu merci j’ai eu un mari qui me soutient beaucoup dans mon métier et il me comprend. Mes belles-filles sont là aussi pour m’aider, donc à ce niveau je n’ai aucun souci.

 

 

Avez-vous reçu des récompenses dans ce métier?

Oui, beaucoup de récompenses dont le prix du mérite du Mali, je suis également ambassadrice de la paix et plein d’autres.

 

Votre dernier mot ?

Mon dernier mot va à l’endroit des jeunes couples surtout les femmes, je leur demande de ne pas faire le gros cœur dans le mariage, car c’est pour toute une éternité.

Elles doivent être compréhensives, sourdes et muettes parfois et il faut affronter les difficultés dans la dignité, et laisser de côté les combines.

 

       Kadiatou MAIGA

 

SOURCE: Bamako Hebdo  du   25 oct 2014.
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