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Intelligence artificielle : Bayɛlɛmabaga, un projet pour assurer la présence des langues nationales du Mali sur internet

L’intelligence artificiel (IA), phénomène multidimensionnel et multicouche, tend à s’imposer dans le monde des technologies comme une des plus grandes révolutions scientifiques. L’intelligence artificielle, perçue comme la science de la simulaytion de l’intelligence humaine a une multitude de domaines d’exploitation et concerne tous les compartiments de nos vies.

Notre pays, le Mali, a-t-il les moyens de capter les retombées de cette avancée scientifique ?
L’intelligence artificielle (IA) est un processus d’imitation de l’intelligence humaine qui repose sur la création et l’application d’algorithmes exécutés dans un environnement informatique dynamique. Son but est de permettre à des ordinateurs de penser et d’agir comme des êtres humains. Jamais cette technologie n’a été autant au cœur des débats dans le monde, et l’Afrique n’échappe pas à la tendance. « L’intelligence artificielle est susceptible de favoriser le bien-être social et le progrès humain dans la lignée des Objectifs de Développement Durable des Nations Unies », selon l’UNESCO. Cependant, elle suscite beaucoup de question quand à son utilité dans un pays comme le Mali, qui fait face à plusieurs urgences.
C’est sans doute, pour y répondre que « Robots Mali », le Centre National de l’Education en Robotique et en Intelligence Artificielle, a été créé. C’est un laboratoire de l’Ecole Normale d’Enseignement Technique et Professionnel (ENETP) à Kabala. Sous l’égide du Ministère en charge de la Recherche Scientifique, la structure s’applique depuis sa création à former des leaders dans les domaines des STEM (NDRL : acronyme anglais pour désigner science, technologie, ingénierie et mathématiques) de la robotique et de l’intelligence artificielle.
Les missions du centre sont axées sur le Développement de la culture scientifique au Mali, et sur l’amorce de l’enseignement des STEM de la robotique et de l’intelligence artificielle partout au Mali. Cette structure s’est faite connaître lors de plusieurs prestations entre 2017 et 2019, d’équipes de jeunes maliens sur la scène internationale. Ces équipes ont remporté des prix au Ghana et tenu un rang honorable aux Etats-Unis.
Aujourd’hui, elle s’est lancée comme défi de concrétiser une des grandes résolutions de la grande réunion sur la société de l’information, tenue entre 2005 et 2009 à Tunis et Genève, qui souhaitait une meilleure représentativité des langues autochtones sur internet.
Avec le projet Bayɛlɛmabaga (signifie « traducteur » en langue bamananka), mené par le Malien Allahsera Auguste Tapo, Robots Mali veut accentuer la présence de cette langue nationale sur internet.
Le traducteur sera capable d’écrire et de parler, voire comprendre le bambara. Selon Michael LEVENTHAL, Directeur de Robots Mali, toutes les langues nationales sont visées, mais le projet a commencé avec le bambara. Le traducteur existe déjà, on pourrait dire qu’il a créé un bébé, doté d’un cerveau capable de maîtriser la traduction, mais à ce stade, il n’arrive qu’à balbutier ses premiers mots et il a besoin d’être nourri par des centaines de milliers d’exemples de traductions entre le bambara et le français.
« Nous avons reçu un financement pour récolter les premiers 50 000 milles traductions et nous sommes en train de planifier la collecte de dix fois cela, ce qui est nécessaire pour arriver au niveau de Google. Nous aurons besoin des contributions des Maliens bilingues, donc nous sommes en train de lancer un projet national », a révélé le Directeur de Robots Mali.

« Pour nous, il s’agit de faire fleurir la culture malienne dans l’âge de l’internet et d’éviter, dans le cas contraire, que notre culture n’ait pas une place dans le monde moderne. Nous croyons que ce projet va impacter l’éducation au Mali et par la suite, contribuera à la croissance économique. Si les Maliens en tirent d’importants bénéfices, le monde entier va profiter en écoutant, par la traduction de Bambara, les voix des Maliens exprimant leur culture dans leur propre langue », témoigne-t-il.
Il y a 4.5 milliards de pages d’information sur le web, presque toute la connaissance de l’humanité s’y trouve. Grâce à la traduction automatique de Google presque toutes, quelle que soit la langue originale de la page, sont accessibles si l’on comprend une langue traitée par Google comme l’anglais ou le chinois (ou beaucoup d’autres).
Mais on y trouve très peu de langues africaines et aucune des langues nationales du Mali. Cela veut dire qu’aucun Malien, aucune Malienne n’a le droit d’apprendre sur l’internet dans leur langue maternelle, et pour la majorité des Maliens qui ne maîtrisent pas le français, il faut rester dans l’ignorance, sans accès au savoir facilement accessible aux autres.
Dans un pays ou 80% des Maliens ne maîtrisent pas la langue officielle du pays qui est le français, et ils n’ont pas, en conséquence, l’accès aux ressources d’information qui pourraient les aider à contribuer davantage au développement national. La promotion des langues nationales est donc un objectif officiel du gouvernement malien et Bayɛlɛmabaga est un outil qui peut accélérer leur utilisation généralisée et efficace.

Fadimata Oumar KONTAO.

 

Source: Bamakonews

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