À Kayes, les instances des jeunes sont traversées par une gigantesque crise de bicéphalisme depuis le renouvellement des bureaux. Résultat : rien ne va plus au sein de la jeunesse de la région.
Partout, au départ deux candidats mais à l’arrivée deux bureaux. Au niveau du cercle de Kayes, l’un est dirigé par Adama Sangaré et l’autre par Mory Diawara. « Nos textes sont clairs : pour prétendre au poste de président du Conseil local de la jeunesse, il faut avoir entre 18 et 35 ans. Le candidat doit aussi être membre du bureau sortant. Adama Sangaré ne répond pas à ces critères », déclare Mory Diawara. Dans le camp adverse, Adama Sangaré objecte : « C’est mon bureau qui est légalement reconnu. La mise en place est conforme aux textes du CNJ-Mali. Posez-leur la question de savoir comment ont-ils formé leur bureau illégal ».
Aux dernières nouvelles, nous avons appris que les bureaux des cercles de Bafoulabé et de Nioro du Sahel sont aussi confrontés au même problème. Au sein du Conseil régional de la jeunesse, regroupant toutes les associations de jeunes de la région de Kayes, règne le même imbroglio. Cette instance avait tenu son Assemblée générale à Kéniéba. Les rênes du bureau issu de ces assises avaient été confiées à Salif Boubacar Tounkara, dit « SBT ».
Puisque ce bureau n’a pas fait l’unanimité au sein du Conseil régional de la jeunesse de Kayes, la dissidence s’est réunie à Kayes pour former un bureau parallèle dirigé par Youssouf Cissé.
Crise de bicéphalisme
Cette crise de bicéphalisme prendrait sa source à Bamako, notamment au sein du Conseil national de la jeunesse du Mali (CNJ-Mali). « Les ‘’états-majors’’ des deux candidats, qui se disputent toujours la présidence, sont à l’origine de cette impasse », commente ce jeune kayesien qui déplore « l’instrumentalisation des régionaux par les ténors pour des questions d’intérêt personnel. »
Dans le cercle de Kita, deux tendances se disputent la présidence du bureau des jeunes. L’équipe de Tiémoko Koïta a été reconnue par la commission régionale de renouvellement, qui a supervisé les travaux en l’absence de l’autre partie. « La mise en place tardive s’explique par une tension qui régnait dans la ville de Kita », témoigne l’un des membres de la commission de renouvellement. Dans la journée du 28 octobre 2019, un premier bureau avait été déjà mis en place et confié à Salif Boubacar Tounkara, dit « SBT », qui sera propulsé le 30 octobre 2019 à la tête du Conseil régional de la jeunesse de Kayes lors des assises de Kéniéba.
Contacté par téléphone, SBT dément à Benbere l’existence de deux bureaux parallèles à Kita et Kayes, tout en dénonçant l’attitude «des gens qui se font voir sur les réseaux sociaux à travers Facebook. Comment expliquez-vous que c’est à 2 heures du matin qu’on met en place un bureau dans un bar ? » Brandissant la lettre de validation de son bureau du Conseil régional de la jeunesse de Kayes, adressée au gouverneur par la commission nationale de renouvellement, il se dit légitime et favorable au dialogue.
A son tour, Youssouf Cissé, son rival, a réagi en revendiquant la présidence. « Tout ce qui se passe aujourd’hui à Kayes, estime Youssouf Cissé, a été orchestré par la commission nationale de renouvellement. Elle a violé nos textes en décidant elle-même de convoquer les jeunes, alors qu’elle a un rôle d’observation pendant le renouvèlement. Ce problème n’existe pas que dans notre région. Plusieurs localités du Mali sont confrontés à la même situation par la faute du bureau sortant national, qui a voulu diviser les jeunes pour mieux régner ! ». Il ajoute avoir décelé l’existence de « délégués fictifs » lors du 6e Congrès national des jeunes tenu les 27 et 28 novembre 2019, à Koutiala, dans la région de Sikasso.
Le président sortant du Conseil régional de la jeunesse de Kayes, Alphady Samounou Fadiga, a déclaré qu’il ne reconnaissait pas le bureau mis en place à Kéniéba, dirigé par Salif Boubacar Tounkara. Dans sa lettre du 28 octobre 2019, adressée au président de la Commission nationale de renouvellement des instances de base et de l’organisation du 6e congrès ordinaire du CNJ-Mali, il a évoqué une violation des textes, des contraintes financières liées au transport, à l’hébergement et à d’autres facteurs. Pourtant Alou Coulibaly, dit « Black », ancien président du Conseil régional de la jeunesse (2007-2010), estime que « seules les décisions issues de l’Assemblée générale sont légitimes ». Aussi, préconise-t-il le dialogue pour sortir de l’impasse actuelle.
Inertie des autorités régionales
Les autorités régionales ne se sont pas encore prononcées sur cette crise qui secoue la jeunesse. Pourtant, le 1er adjoint au préfet du cercle de Kéniéba avait assisté à l’Assemblée générale de renouvellement du Conseil régional de la jeunesse dans sa localité.
A l’heure actuelle, le réseau des communicateurs traditionnels du Mali (RECOTRADE) et l’ensemble de la société civile doivent approcher les jeunes pour les amener à honorer la devise du Conseil national de la jeunesse du Mali (CNJ-Mali) : «Unis nous bâtissons le Mali ».
Source : benbere