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Insécurité dans le sahel : Barkhane et Minusma perdent le désert

Lancée début août, l’opération Barkhane s’était fixée l’objectif d’empêcher la reconstitution des groupes jihadistes après le démantèlement des bases découvertes dans le Nord du Mali par Serval. Deux mois après, l’opération antiterroriste françaisedans la bande sahélo-saharienne et ses alliés sur le théâtre des opérations ne sont pas vraiment convaincants pour désorganiser les terroristes d’Al-Qaïda au Maghreb. Les enlèvements et attaques sont plutôt monnaie courante dans le Sahel.

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Pour désorganiser les terroristes Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) dans la bande sahélo-saharienne, la France a lancé une opération antiterroriste dénommée Barkhane.Avec cette opération, d’un effectif de 3000 hommes, la France voulait, dit-on, prévenir la reconstitution de sanctuaires et protéger les pays du Champ qui constituent la majeure partie du Sahel.

Il s’agit de la Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad. Mais ce dernier pays abrite le quartier général de l’état-major de Barkhane, notamment dans la base de N’Djamena. Les troupes sont répartitives sur deux pôles principaux. N’Djamena avec environ 600 hommes et Gao avec plus d’un millier de soldats.

Les autres vont se positionner sur des bases avancées. Avec ce dispositif, la France reste très présente dans les pays du Champ. L’opération Serval a été mise dans un cadre juridique. Et cela pour l’assistance des armées des pays concernés qui n’ont jusque-là selon les spécialistes, pas en état d’assurer la sécurité dans la zone.

La force de l’ONU bien qu’elle soit engagée dans deux sur cinq pays de la zone d’intervention de Barkhane n’est pas encore entièrement constituée. Et la situation politique dans le Nord du Mali reste incertaine malgré le début des pourparlers politiques engagés entre le gouvernement et les groupes armés touaregs. L’autre point chaud pour les Français se situe dans le Nord du Niger, à la confluence des frontières avec la Libye et l’Algérie.

« La menace qui était très localisée au Mali a dû se réfugier ailleurs, que ce soit en Algérie, en Libye, au nord du Niger. Et le Niger est un axe logistique majeur pour ces groupes qui utilisent le Nord de ce pays pour acheminer armement, vivres et munitions vers le Nord du Mali »,explique un haut gradé de l’armée française pour justifier le bien-fondé de l’opération.

Cette intervention s’entendra dans les secteurs est et ouest de la frontière au nord du Niger, l’information sur la situation des chercheurs d’or dans le secteur montagneux du Djado, à cheval sur le Tchad et le Niger. Et pour plus d’efficacité, quatre drones et six avions de chasse sont engagés.

Malgré cet important dispositif engagé, la sécurité dans la bande n’est toujours pas une réalité. Les soldats des forces étrangères pour la stabilité dans le Nord du Mali et les populations continuent de récolter les frais des islamistes radicaux. Les Tchadiens de la Minusma à Aguelhok encaissent sérieusement le coup ces derniers temps.

Le bilan des pertes de la Minusma s’alourdit. Les Tchadiens payent le plus lourd tribut à l’engagement des forces onusiennes au Mali. Entre le 27 mai et le 5 septembre, 27 attaques ont visé la Minusma.

Ce qui a poussé le gouvernement tchadien a dénoncé le traitement « discriminatoire » réservé à ses troupes dans le Nord du Mali, accusant la mission de l’ONU de les utiliser comme « bouclier », après la mort de cinq soldats la semaine dernière. « Face à cette situation de précarité et de discrimination (…) le gouvernement interpelle les responsables de la Minusma et les invite à un traitement juste et équitable de tous les contingents mobilisés dans cette opération », laisse entendre le gouvernement tchadien.

Les civils aussi ne sont pas épargnés par ces attaques. Selon une source locale, cinq civils touaregs ont été enlevés la semaine dernière par Aqmi dans la région de Tombouctou. Le 5e a été retrouvé sans son corps, décapité. Le rapt n’a jusque-là officiellement revendiqué, mais l’accoutrement des ravisseurs et leur mode opérationnel, selon un témoigne laisse soupçonner Aqmi. « Ils étaient équipés de talkies-walkys – portaient la signature d’Aqmi », explique un responsable local. Et d’ajouter que les islamistes radicaux seraient activement à la recherche de civils qui, dans le Nord du Mali, informeraient les troupes de sécurité sur leurs positions et leurs mouvements.

C’est dire que le pire est à craindre dans le Nord du Mali ainsi que tout le Sahel et au regard de l’évolution des choses, les tensions pourraient motiver dans les jours à venir une décision onusienne d’évacuation certains postes et un repli sur les positions onusiennes de Tessalit et de Kidal.

Deux mois après, la situation n’est pas rassurante et les pays du Champ doivent se résoudre à se mobiliser pour une action concertée, rapide et efficace, car la menace des terroristes ignore les frontières. Barkhane, qui devait aider les pays dans ce processus, semble avoir perd le contrôle de la bande sahélo-sahélienne. La situation échappe à la vigilance de la force antiterroriste française engagée depuis le 1er août dans le Sahel pour la lutte terroriste.

Bréhima Sogoba  

SOURCE: L’Indicateur du Renouveau  du   25 sept 2014.
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