Depuis la recrudescence de l’insécurité dans la région Kayes, les agents des eaux et forêt en charge de la protection de la forêt classée de Baoulé ont tous quitté les lieux. Les exploitants forestiers profitent de cette situation pour se tailler la part du lion. Les plus hautes autorités du Mali sont interpellées afin de sauver le peu qui reste de ce patrimoine écologique du Mali.
En complicité avec certaines autorités locales, des exploitants forestiers sont en train de dévaster le reste de la forêt classée de Baoulé située le long du fleuve Baoulé. Très vaste, la forêt Baoulé traverse quatre cercles, notamment Kati, kolokani, Kita et Diema respectivement de la région de Koulikoro et Kayes.
Après la vaste polémique de 2019, sur le même sujet, les exploitants forestiers sont de retour à nouveau dans la forêt classée de Baoulé. L’Association de Jeune ressortissant de Kourounikoko (AJRK) signale la présence, en ce moment même, de plus de trentaine d’équipes d’exploitants forestiers, précisément à Kaniamorila, un village de la commune de Kourounikoko, cercle de Kita.
La semaine dernière, cette association de jeunes de Bamako et de Kourounikoto avait saisi plusieurs chargements de bois coupés anarchiquement avant de les leur remettre suite à un accord diabolique conclu entre eux et les autorités locales, (administratives et traditionnelles). Contre la volonté de la jeunesse, ces exploitants ont payé une somme de 250 000 francs CFA, en échange de chaque chargement de bois. En effet, des responsables regrettent que cette mesure, au lieu de dissuader les exploitants, va, plutôt, les inciter davantage dans cette activité sans aucune crainte. Car, selon ces responsables, un seul chargement de bois n’a pas moins de 3 millions sur le marché. Donc, 250 000 francs ne représente rien à côté de cette somme.
Par le passé, des saisies de ce genre par la jeunesse avaient servi à construire des table-bancs pour l’école de la commune au bénéfice de tous les habitants. Voulant donc utiliser cette nouvelle saisie comme telle, la jeunesse regrette s’être par opposé une résistance des leurs, autorités coutumières et municipales de la commune.
Certes absents des lieux pour des raisons d’insécurités, les agents de la protection des eaux et forêts sont aussi indexés du doigt par cette jeunesse de Kourinikoto. Elle estime que plus d’une trentaine d’équipes d’exploitants ne peuvent pas loger dans une forêt classée, sans une complicité des eaux et forêts. Surtout que, selon eux, ces derniers traversent beaucoup de villes et villages avec leurs chargements de bois. C’est pourquoi, l’AJRK en appelle aux plus hautes autorités de la gestion forestière au Mali, plus particulièrement le directeur de la forêt Baoulé. Elle les invite à prendre urgemment des mesures idoines contre les coupes abusives de bois dans cette forêt classée, afin de sauver le peu qui reste.
Issa Djiguiba
Source: LE PAYS