Dans un rapport publié le samedi 18 mars dernier, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a tiré la sonnette d’alarme sur le sort de dix millions d’enfants dans les trois pays du Sahel central : le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Ces enfants, deux fois plus nombreux qu’en 2020, en raison de l’intensification des conflits, auraient besoin d’une aide humanitaire de toute urgence.
Parmi les dix millions d’enfants à avoir besoin de cette aide humanitaire de toute urgence au Sahel, quatre millions sont dans une situation d’extrême vulnérabilité au Mali, au Burkina Faso et du Niger. » Les conflits armés touchent de plus en plus d’enfants, lesquels sont victimes de l’intensification des affrontements militaires ou pris pour cibles par des groupes armés non étatiques « , observe la directrice régionale de l’UNICEF pour l’Afrique de l’Ouest et centrale, Marie-Pierre Poirier, dans un communiqué.
» L’année 2022 a été particulièrement violente pour les enfants du Sahel central. L’ensemble des parties au conflit doivent de toute urgence cesser les attaques perpétrées contre ces derniers, mais également contre leurs établissements scolaires, leurs centres de santé et leurs foyers « , poursuit-elle.
8300 écoles fermées dans les 3 pays
Selon cette agence onusienne, les groupes armés opposés au système éducatif géré par l’État brûlent et pillent les établissements scolaires, mais menacent, enlèvent ou exécutent aussi les enseignants. En tout, plus de 8300 écoles ont fermé leurs portes dans les trois pays (Burkina Faso, Mali et Niger), soit parce qu’elles ont été prises pour cible, soit parce que les parents ont été déplacés ou ont peur d’y envoyer leurs enfants.
Selon les Nations Unies, des dizaines d’enfants ont été tués ou mutilés par des groupes armés au Mali en 2022. Ces derniers sont également accusés par l’ONU d’avoir » recruté et utilisé plus de 300 enfants comme enfants soldats ». Aussi, en octobre 2022, l’insécurité avait conduit à la fermeture de 1 950 établissements scolaires, privant ainsi plus de 519 300 enfants de leur scolarité.
20 000 personnes en » insécurité alimentaire catastrophique «
Notons que la plupart des enfants morts au Mali ont succombé à des blessures par balles durant des attaques menées contre leur village ou ont été victimes d’engins explosifs improvisés ou de munitions.
Cette crise a lieu dans l’une des régions de la planète les plus touchées par les changements climatiques, avec une hausse des températures et des précipitations plus irrégulières à l’origine d’inondations.
Parallèlement, certains groupes armés recourent à des tactiques consistant à bloquer les villes et les villages et à saboter les réseaux d’approvisionnement en eau.
D’après l’UNICEF, plus de 20 000 personnes vivant dans la zone frontalière des trois frontières (Mali, Burkina Faso et Niger) atteindront, d’ici au mois de juin, un niveau d’insécurité alimentaire qualifié de » catastrophique « .
De plus, les hostilités s’étendent au-delà du Sahel central, jusqu’aux régions frontalières situées dans le nord du Bénin, de la Côte d’Ivoire, du Ghana et du Togo, où vivent des communautés isolées, manquant d’infrastructures et de ressources et où l’accès des enfants aux services essentiels et à la protection est très limité.
Massiré DIOP
Source: l’Indépendant