Les récentes attaques meurtrières contre les populations civiles du nord du Mali, notamment dans les localités de Amalaou-laou, cercle d’Ansongo (région de Gao), le dimanche 30 septembre, et de Inékar (région de Menaka), le mardi 25 septembre, viennent relancer le débat sur une nécessaire autocritique des parties prenantes à l’échafaudage d’un accord pour la paix et la réconciliation, aux fins de jouer franc jeu pour le retour de la paix au Mali.
L’attaque terroriste du dimanche 30 septembre, menée par des hommes armés en motos, dans la localité de Amalaou-laou, cercle d’Ansongo, a occasionné la mort de 24 civils, tous de la communauté Idarfan.
Cinq jours avant, le mardi 25 septembre, une autre communauté Touareg Ibogolitans, dans la localité Inékar (région Menaka), avait été la cible d’une attaque, faisant 27 morts. La cause de ces tueries de masse est encore inconnue, mais sa particularité est qu’elles prennent les populations civiles comme cibles.
Plus de trois ans après la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, l’Etat malien, les groupes armés et les amis du Mali, n’ont toujours pas pu asseoir la sécurité tant recherchée par les populations maliennes du nord au sud. Et pire l’insécurité qui était circonscrite au nord s’est repandue gravement au centre du Mali à la barbe des forces maliennes, de la Minusma et de Barkhane. Si nous pouvons donner une grappe d’arguments pour justifier la présence des forces étrangères sur le territoire malien, il serait difficile de défendre aujourd’hui un bilan reluisant de la situation sécuritaire, pour dire le retour de la paix, au compte des forces amies du Mali, à savoir la Minusma et Barkhane. Aujourd’hui on est loin des comptes escomptés par les Maliens. C’est vrai, on peut se taper la poitrine pour dire que les djihadistes n’ont pas pris la capitale Bamako. Mais les Maliennes et les Maliens continuent de tomber de Menaka à Djenné. On assiste à une banalisation frénétique de la vie sans vergogne.
Que dire encore de l’absence de l’Etat malien au centre et au nord, comme une vraie force souveraine, investie de missions régaliennes? Cependant faut-il se lasser de rappeler au gouvernement ses responsabilités dans la protection des personnes et de leurs biens sur l’ensemble du territoire national.
Que dire de la Minusma, quand on sait que lors du renouvellement de sa mission en juin dernier, le Conseil de sécurité à travers la Résolution 2423 (2018) du 28 juin 2018, a placé « la protection des populations civiles » au cœur de sa mission : « assurer, sans préjudice de la responsabilité première des autorités maliennes, la protection des civils menacés de violences physiques… ». Le conseil de sécurité demande à la Minusma de prendre « des mesures actives et robustes pour protéger les civils, y compris en effectuant des patrouilles énergiques et efficaces dans les zones où les civils sont en danger, et atténuer les risques auxquels sont exposés les civils avant, pendant et après toute opération militaire… » La Minusma à travers ses casques bleus s’acquittent-elle à souhait de cette mission ? Cette question ressemble à une vraie boite de Pandores, quand on la pose dans certains milieux maliens. Je ne vous le conseille pas.
- Daou
Source: Le Républicain