Suivez-nous sur Facebook, Telegram, WhatsApp pour ne rien rater de l'actualité malienne

Insécurité au centre du Mali : Quand la situation dans la région de Bandiagara dévient une préoccupation nationale

La situation sécuritaire s’est considérablement détériorée dans la région de Bandiagara, dans le centre du pays. En effet, depuis le début de ce mois d’août 2023, les attaques terroristes meurtrières contre les villages (souvent situés aux portes de la ville de Bandiagara) se sont multipliées. Près d’une centaine de civils ont ainsi perdu la vie et des villages continuent de se vider au profit des centres urbains. On comprend alors que la situation soit devenue une véritable préoccupation nationale avec les communiqués des partis politiques et des organisations de la société. Au début de la semaine dernière, le chef de l’Etat-major général des Armées s’est rendu dans la région pour rassurer les populations et les exhorter à rester mobilisées derrière les Forces armées maliennes (FAMa).

Au moins 22 civils ont été tués et 11 autres blessés le 18 août 2023 dans une attaque terroriste qui a visé  le village de Yarou (Sofara/Bandiagara). A la même période, une autre attaque a fait 15 morts et des blessés dans le village de Bozo, commune rurale de Doucombo, cercle et région de Bandiagara. Déjà le 5 août dernier, des attaques terroristes ont fait au moins 17 morts à Bodio, un village situé à une quinzaine de kilomètres de la ville de Bandiagara.

Ainsi, depuis le début de ce mois d’août 2023, près d’une centaine de civils ont perdu la vie et des villages continuent de se vider au profit des centres urbains. C’est pourquoi le 9 août, les forces vives de la région de Bandiagara ont organisé une marche pacifique pour dénoncer l’insécurité et les multiples attaques des villages par les terroristes entraînant des déplacements des personnes vers les centres urbains. Cette marche a dégénéré faisant officiellement un mort et 11 blessés, dont 4 éléments des forces de sécurité.

Très préoccupés par cette recrudescence des actes de terreur dans le centre du pays, les partis politiques et des organisations de la société civile ont multiplié les communiqués ces derniers jours pour manifester leur compassion avec les victimes et souvent pour interpeller le gouvernement. L’Adema-Pasj a ainsi condamné, dans un communiqué publié jeudi dernier (24 août 2023) les attaques dans le centre qui «anéantissent presque les villages, n’épargnant ni femmes enceintes ni enfants ni greniers». Ce parti a invité le gouvernement «à jouer son rôle régalien» et à «entreprendre des actions en vue de rechercher, identifier, traduire en justice les auteurs» des ces atrocités.

Le parti Yelema (Le Changement) a aussi appelé (dans un communiqué publié le 20 août 2023) les autorités à se «concentrer sur la sécurité intérieure du pays…». Le lendemain, 21 août 2023, la Convergence pour le développement du Mali (CODEM) a également manifesté sa préoccupation par rapport à la «recrudescence de l’insécurité dans tout le centre du pays, particulièrement dans la région de Bandiagara». La chapelle de «Poulo» (Housseini Amion Guindo) a déploré ces «morts enregistrés aux environs immédiats de Bandiagara sans que les secours promis par les autorités ne soient effectif». Elle a aussi appelé les autorités à prendre des mesures adéquates face à cette situation.

Le M5-RFP Mali Kura s’est aussi dit «préoccupé par le niveau de l’insécurité» dans la région de Bandiagara où des villages sont attaqués et «se vident». Il a exigé des autorités «une enquête pour situer les responsabilités» et aussi «une réponse appropriée, durable aux besoins de sécurité». Quant à la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH), elle a aussi appelé le gouvernement à «jouer son rôle régalien» après «des attaques ayant fait de nombreuses victimes» dans la région de Bandiagara. Elle a recommandé aux autorités de la transition d’assurer «une meilleure prise en charge des victimes» et «à prendre les mesures pour une meilleure protection des civils».

Dans un communiqué publié le 8 août 2023, l’association dite «Union dogons peuls et voisins du Mali» avait également dénoncé «toutes ces terreurs que traversent nos paisibles populations établies dans les zones touchées». Selon elle, cette situation n’est pas une fatalité car, quelque part, elle découle «soit d’une négligence ou d’une inaction de certains parmi ceux qui ont la responsabilité principale de sécuriser et de stabiliser ces localités». Selon cette union, il est temps de «situer les responsabilités dans notre volonté de construire le Mali Kura dans lequel les erreurs de l’ancien Mali doivent être évitées».

Elle avait appelé le président de la Transition à relever «immédiatement» les principaux responsables qui sont «dépassés ou incapables d’assurer la sécurité des vies et des biens des paisibles populations afin de stabiliser les régions du centre du Mali, malgré le volume de nos acquisitions d’équipements militaires». Et de poursuivre, «nous regrettons, Monsieur le président de la Transition, de constater que malgré les solutions de sortie de crises que nous proposons aux plus hautes autorités, que les lignes n’aient pas bougé favorablement dans la région de Bandiagara en termes de sécurité et de stabilité sociale», a dénoncé  l’Union dogons peuls et voisins du Mali. Dans son communiqué, elle a réaffirmé sa disponibilité à être «mise en mission» par les plus hautes autorités afin de «trouver rapidement des solutions à cette crise sécuritaire et sociale dans le centre du Mali».

Une recrudescence qui coïncide avec le retrait de la Minusma

Le Collectif pour la défense de militaires (CDM), dans un communiqué publié le 19 août 2023, a condamné à son tour «l’attaque lâche» à Yarou et a appelé «la population à continuer à collaborer avec l’armée» et à «rester unie et solidaire». A noter que le 21 août 2023, une mission de haut niveau de l’Etat-major des Armées a effectué une visite dans la région de Bandiagara suite à ces évènements. Après avoir visité le secteur de Bodio et les sites de déplacés dans la commune urbaine de Bandiagara, la mission conduite par le Général Oumar Diarra a été reçue en audience par le gouverneur de la région de Bandiagara, Sidi Mohamed El Béchir.

Les échanges ont essentiellement porté sur la situation sécuritaire de la région. L’occasion a été opportune pour le gouverneur de passer en revue tous les aspects liés à la situation sécuritaire de la région. Après avoir pris bonne note, les hôtes du jour ont rassuré que «le cri de cœur des populations a été entendu au plus haut niveau». Pour la circonstance, le Général Oumar Diarra a pris «l’engagement d’entamer des opérations d’une grande envergure dans les jours à venir» dans la région de Bandiagara. Les Forces vives de Bandiagara ont décidé «d’observer l’état d’avancement des engagements pris par les hautes autorités» pour faire face à l’insécurité. Elles ont indiqué qu’elles «n’hésiteront pas à décrier, dénoncer par les moyens légaux si la situation sécuritaire ne s’améliore pas dans les prochains jours».

Curieusement, cette recrudescence des attaques intervient juste après le retrait de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) du camp d’Ogossagou remis officiellement au Mali le 3 août 2023. Les dernières troupes sénégalaises stationnées dans cette base opérationnelle temporaire de la Minusma ont quitté les lieux le 4 août 2023) à la suite de sa remise formelle aux autorités maliennes la veille.

Cet événement marquait une étape importante dans le retrait de la Minusma du Mali, conformément à la résolution 2690 du Conseil de sécurité des Nations unies adoptée le 30 juin 2023 à la demande des autorités maliennes.

Kader Toé

Le Matin

Suivez-nous sur Facebook, Telegram, WhatsApp pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance Les plus bas prix du Mali Acheter à bas prix au Mali Achat terrain à Bamako Terrain à vendre Bamako Immobilier titre foncier TF à Bamako ORTM en direct, RTB en direct RTN tele sahel niger ne direct