Généralement le président camerounais parle très peu. Il communique à des occasions très rares, comme ce fut le cas jeudi dernier, à son retour d’Abidjan. Sa fonction de chef suprême des armées, garant de la sécurité nationale l’oblige en raison de la série d’attentats ayant conduit à la disparition des hommes en tenue. Il fallait un discours pour galvaniser les troupes et rassurer les Camerounais dont certains n’ont plus de sommeil tranquille, particulièrement dans les Régions anglophones du Sud-Ouest et Nord-Ouest du Cameroun.
« Je pense que les choses sont désormais parfaitement claires pour tout le monde. Le Cameroun est victime des attaques à répétition. Une bande de terroristes se réclamant d’un mouvement sécessionniste. Face à ces actes d’agression, je tiens à rassurer le peuple camerounais que toutes les dispositions sont prises pour mettre hors d’état de nuire ces criminels et faire en sorte que la paix et la sécurité soient sauvegardées sur toute l’étendue du territoire national », a déclaré d’un air grave le président Biya.
Vendredi à Yaoundé, le ministre de la Défense a organisé une réunion d’urgence, afin d’évaluer « la situation sécuritaire sur l’ensemble du territoire national » et probablement préparer la riposte.
Selon la presse locale, Yaoundé envisage déployer dans les prochains jours un nombre important de soldats des forces spéciales dans les Régions du Sud-Ouest et Nord-Ouest, où une dizaine d’éléments des forces de sécurités ont été fauché courant novembre par la branche armée du mouvement sécessionniste dénommée « Southern Cameroons Ambazonia Consortium United Front ».
Rappelons que la crise dite anglophone s’est déclenchée le 12 octobre 2016 dans les deux régions anglophones du Cameroun ( Nord-ouest et Sud-ouest). Les avocats d’expression anglaise sont entrés en grève pour revendiquer l’harmonisation des deux systèmes juridiques appliqués dans le pays avec, notamment, la traduction en anglais de l’acte uniforme de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA), du Code Cima (Conférence Internationale des Marchés d’Assurance) et de la réglementation de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac).
Outre cela, les avocats réclamaient également la mutation des magistrats ne maîtrisant pas la langue anglaise, la création au sein de la Cour suprême d’une section spéciale chargée des recours contre les décisions rédigées en anglais et la création d’un département « Common law » à l’Enam. Mais depuis bientôt 6 mois, ces réclamations sont devenues des revendications d’ordre politique, avec une volonté affichée d’en découdre avec les autorités de Yaoundé.
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