Considérée comme la vitrine du Mali, la ville de Bamako devient très insalubre. Les principales artères et rues de la ville sont transformées en véritables pièges à homme où des immondices et des tonnes de déchets discutent les chaussées aux les usagers.
Bamako est sale, très sale. Un tour dans la ville suffit pour s’en rendre compte. Si la capitale malienne était propre autrefois, aujourd’hui elle est étranglée par les déchets. Des montagnes d’ordures qui cumulent, çà et là, étouffent leur voisinage. Elles sont la source de toutes les formes de pollution. Et, les Bamakois (de tout statut social) sont confrontés à cet environnement propice aux problèmes de santé. Sachets, nourritures pourries, objets en plastique usés, bouteilles, pneus et autres sont visibles dans plusieurs quartiers de la capitale. La palme revenant à certaines zones, dont le quartier de Lafiabougou avec son « célèbre Kilimandjaro ».
En effet, à quelques mètres du cimetière, se dresse une montagne d’ordures nauséabondes. En faisant un tour sur les lieux, on y rencontre des emballages, des papiers de tout genre, des légumes et des fruits pourris, des boites de conserve, des bouteilles vides et surtout les déchets plastiques, interdits dans certains pays. Ce spectacle est d’autant plus choquant qu’il se situe non loin du cimetière de Lafiabougou très fréquenté par les proches des défunts qui viennent notamment pour se recueillir ou pour des enterrements. Ce dépotoir reçoit chaque jour des tonnes d’ordures provenant de plusieurs quartiers de la commune IV. Il s’étend sur une grande surface et n’est pas clôturé.
L’autre aspect désagréable de cette scène, ce sont les fumées dégagées par les déchets incinérés la veille et qui rendent la vision pratiquement nulle. L’odeur est tout aussi insupportable. Cerise sur le gâteau : souvent des individus mettent le feu à ce dépôt, provoquant des incendies qui se propagent souvent aux alentours des maisons environnantes. De quoi susciter la colère des populations riveraines qui assistent, impuissantes, à l’augmentation de ce tas d’immondices. En dépit d’une évacuation récente, le « mont » a refait son réapparition au grand dam des populations.
Même le centre-ville de Bamako n’échappe pas à cette insalubrité. Une partie du grand marché et de la zone industrielle génèrent de grandes quantités de détritus. Au grand marché, une voie, la principale, est devenue un véritable dépotoir d’ordures. Les autres endroits ne sont pas épargnés. Partout, il y a des détritus étalés devant les boutiques, au bord des goudrons et des petits secteurs. Certains vendeurs sont installés sur des immondices au bord des goudrons et dans les petits coins pour faire écouler leurs marchandises. Les clients et les passants aussi aggravent la situation. Rares sont ceux qui utilisent les poubelles. Côté de la zone ORTM (Office de radiodiffusion télévision du Mali), la situation est pire. Car, dans le quartier de Bozola, il y a toutes sortes d’ordures. C’est le dépotoir principal même du Centre-ville de Bamako.
Puiseurs quartiers de la capitale (Hippodrome, Bagadadji, Sirakoro, Medina Coura…) offrent le même visage peu reluisant où les tas d’ordures poussent comme des champignons. Et y circuler relève d’un parcours de combattant, parce que les routes sont encombrées de débris de tout genre, emportés par les eaux d’écoulements qui débordent des caniveaux rendant les routes peu praticables.
Au Mali, les problèmes d’insalubrité sont devenus aujourd’hui une véritable source de sante publique. En effet, cette insalubrité génère plusieurs pathologies (problème respiratoire) graves pour les riverains des différents sites de dépotoirs.
Responsabilités partagées
Les responsabilités sont partagées entre la population et les autorités concernant l’insalubrité grandissante de la capitale. C’est la population qui assainit et salit une ville, un endroit, un lieu…Mais le gouvernement doit prendre ses responsabilités, en prenant en charge la gestion des dépôts et tas d’ordures. Ce qui n’est pas le cas. Au contraire, il ne lève presque jamais le petit doigt. Pire, le gouvernement n’assume pas ses responsabilités en ne respectant pas ses engagements envers les entreprises en charge de l’évacuation des ordures.
En effet, trois ans après la signature d’une importante convention avec une entreprise marocaine de droit malien, dans ce sens, notre pays traine toujours les pieds quant à la tenue de ses engagements. L’espoir, qui a conduit les premiers pas de OZONE-Mali s’émousse peu à peu, comme un château de sable, au fil des mois et années. Les ordures, les déchets de toute sorte ornent à nouveau la capitale malienne. Les parties prenantes de la convention (Ozone Maroc et l’Etat malien) peinent à respecter leurs engagements…
L’entreprise va-t-elle mettre la clé sous le paillasson ? En plus du fait que l’Etat soit insolvable vis-à-vis d’Ozone, la mise en œuvre du contrat entre les deux parties souffre aussi de la non-opérationnalisation du dépôt final, sis à Noumoubougou où, selon des sources officielles, l’Etat a consenti de gros efforts financiers et techniques. Mais depuis plus de trois ans, le chantier peine à être opérationnel, et l’entreprise ne sait pas où mettre les ordures qu’elle ramasse en ville. Les agents d’Ozone sont obligés de faire le tour des banlieues de Bamako pour y déverser des déchets estimés à plusieurs tonnes par jour. Tout se passe comme si l’assainissement est le dernier souci des autorités nationales.
Et le programme initié par le gouvernement appelé’’ programme d’urgence d’assainissement de Bamako’’ tarde à faire effet sur le quotidien des populations. Ce programme a été élaboré pour évacuer neuf (9) dépôts de transites et entretenir la décharge de Doumanzana (en Commun I) et le ravin (situé sur la colline de Badalabougou) près de la cité Universitaire.
En effet, le programme a été préparé sur la base des propositions faites par les Mairies des 6 communes et la Mairie centrale du district de Bamako.
Ce programme d’urgence concerne 9 dépôts prioritaires pour un volume de 299. 365 mètre cube d’ordures ménagères à évacuer. Le coût de l’opération est estimé environ 900 millions de FCFA.
La solution est la mise en place d’une stratégie et la mise en disposition des moyens de collecte de déchets. Presque tous les pays de l’Afrique de l’Ouest ont trouvé la solution. Pourquoi pas le Mali ? Mais, il faudra un réel changement de comportement des Maliens. C’est la clé pour tracer la voie vers le salut en matière d’assainissement au Mali. La situation exige également une pleine implication des pouvoirs publics. La répression constitue un moyen efficace pour réduire les errements qui continuent de faire des ravages.
Dans tous les cas, force est de reconnaitre que le problème d’assainissement de Bamako est devenu, de nos jours, un casse-tête. Alors que, dans toutes les villes modernes au monde, la question de l’assainissement est un débat clos. Alors à quand le tour du Mali ?
Mémé Sanogo
Zénith Balé