Les pluies diluviennes, du 22 au 25 juillet 2024, ont sinistré plus de 6 000 personnes à Bla, soit 400 ménages, selon les estimations de OCHA. Le cercle de Bla, est l’une des localités les plus affectés. La ville est presque entièrement submergée dans l’eau. Une situation inédite pour de nombreux habitants qui lancent des SOS.
« Je n’ai jamais un tel niveau d’eau dans la ville de Bla. La ville est entièrement submergée d’eau. Toutes les chambres de notre maison ont été inondées », affirme Papa THERA, natif de la localité, rappelant avoir été surpris par la vague d’eau. Dans la précipitation, ajoute-t-il, « nous avons privilégié l’évacuation des personnes âgées et les enfants. C’est pourquoi nous n’avons pas pu mettre à l’abri à temps certains objets et des vivres ».
Dans la cour familiale, peu de chambres ont résisté à l’inondation qui, selon lui, n’a pas fait de perte en vie humaine.
En revanche, la maison de Abdoulaye CISSE a été épargnée. Mais, il vit la peur au ventre. En cause, la frénésie de la pluie se poursuivait depuis 48 heures et qui renforce les risques d’inondation.
« Notre maison se trouve un peu en hauteur. Cela a été notre chance. Mais je crains que nous ne soyons pas aussi inondés parce que l’eau a déjà atteint les hauteurs de notre porte. Nous avons érigé un petit mur qui serait impossible de résister longtemps au ruissellement », explique-t-il.
Depuis le vendredi dernier, M. CISSE affirme avoir de la peine à dormir. Il souligne passer les nuits à veiller sur la maison et la température. Pendant la journée, il participe aux opérations de soutiens et de solidarité aux personnes sinistrées.
« Nous sommes tous touchés par cette situation. J’ai des parents, des amis, des collaborateurs qui traversent des moments difficiles », décrit-il.
Le maire Mamadou SAMAKE, quant à lui, soutient que plusieurs maisons en banco sont tombées. La pluie d’à peu près 105 millimètres restera un malheureux souvenir. Il explique l’inondation par l’absence de collecteur pour orienter l’eau.
« C’est vrai que les faussés sont là pour drainer l’eau, mais il n’y a pas de collecteur qui peut orienter l’eau à Bla », insiste l’élu communal, avant de saluer l’apport du Préfet ainsi que les services techniques venus secourir les sinistrés.
« Les sinistrés sont hébergés pour le moment, dans les écoles publiques et privées », indique le maire.
Outre les domiciles privés, les services publics, notamment le centre de santé de Bla est aussi trempé d’eau. Les salles d’hospitalisation, de consultation, selon des témoins, sont également dans l’eau. Et dès les premières heures, les malades ont été transférés dans l’ancien bâtiment du Conseil de cercle.
Sur des vidéos des deux jours de pluies diluviennes, on peut apercevoir des magasins et des entreprises fermés à cause de la pluie. Les rues sont impraticables à cause de la hauteur de l’eau qui peut atteindre des dizaines de centimètres, selon des sources.
« Je n’ai jamais vu cette rue inondée. Aujourd’hui, on la reconnait plus », témoigne un habitant d’une trentaine d’années dans une vidéo dans laquelle il montre l’étendue de l’eau.
A ce stade les dégâts restent matériels, selon le rapport de OCHA qui précise que plus de 6 000 personnes (400 ménages) ont été sinistrées dont 63% de femmes et enfants de moins de cinq ans.
De plus, selon les estimations initiales des autorités régionales, les inondations ont détruit deux niveaux des habitations, 165 latrines et endommagé le Centre de Santé de Référence (CSRef), les bureaux des services techniques, 70 magasins ainsi que 188 puits.
Sur les réseaux sociaux, un élan de solidarité est exprimé par des internautes qui appellent les citoyens à faire « parler » leur cœur au profit des victimes, dont certaines ont tout perdu. Des biens de valeur dont elles disposaient ont été emportés par l’eau.
« Nous demandons aux autorités nationales et aux personnes de bonne volonté à venir en aide à la population de Bla qui vit actuellement dans une situation très difficile », a lancé M. SAMAKE, attestant que des familles ont tout perdu.
La région de Mopti et une partie de Bamako ont été également inondées avec des dégâts mineurs comparativement au bilan du cercle de Bla.
PAR SIKOU BAH
