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Injustices à San : Santoro et Karantéla vent debout contre le procureur Makki Sidibé

Dépassé par le nombre de plus en plus croissant des victimes d’abus de pouvoir du procureur de la République près le Tribunal de grande instance de San, le Collectif des victimes de l’injustice du cercle de San a animé le samedi 16 décembre dans la salle Balimaya, une conférence de presse pour dénoncer les multiples cas d’injustices constatés dans le cercle de San ainsi que l’abus de pouvoir dont fait montre le magistrat poursuivant de la ville. La conférence était principalement animée par le président du Collectif, Mamadou Simpara, en présence du porte-parole Alpha Oumar Touré, le 1er conseiller du chef de village de Zemenso, Aliou Diarra, et plusieurs victimes. Il y a l’électricité dans l’air à  San.

Premier à prendre la parole, le président du Collectif a énuméré les cas d’abus à l’actif du procureur Makki Sidibé. Et Mamadou Simpara de relater le cas flagrant du dossier du Groupement d’intérêt économique (GIE-Dallan) dont il est lui-même victime.

Le regroupement en question avait signé en 2009 un contrat avec la mairie de San pour recouvrer les taxes sur les véhicules de transport aux deux entrées de la ville. Selon lui, afin de dégager toute responsabilité suite à la suite aux difficultés que le GIE a connues, le président du GIE, Bourama Berthé dit Fah, a préféré démissionner.

Peu de temps après, poursuivra-t-il, suite à une médiation des notables du Dallan (un quartier de San), il a été convenu de continuer à verser les recettes journalières du GIE dans le compte personnel du président démissionnaire, Bourama Berthé pour seulement deux mois.

Mais, curieusement, au terme des deux mois, les notables ont observé un silence de mort sur le deal passé. A l’en croire, après avoir évalué les défenses à réaliser par le GIE augmentées du montant à reverser à la mairie fixé à 4 millions de F CFA comme convenu dans le contrat. Et, le président démissionnaire émettait un chèque pour couvrir lesdites dépenses.

Résiliation du contrat en  violation des dispositifs

“Cette situation a continué jusqu’au jour où Fah a convenu avec le maire de un terme à notre contrat en violation des clauses du contrat entre la mairie et le GIE-Dallan qui exige un délai de 15 jours de préavis pour résilier le contrat. Ce, après m’avoir remis le montant évalué pour le mois. Je lui ai rappelé qu’étant démissionnaire, il ne peut pas prendre cette décision à la place des vrais concernés. Ainsi, j’ai proposé la tenue d’une assemblée générale de l’ensemble des membres du GIE pour se pencher sur la question. En attendant, j’ai décidé d’arrêter toutes les activités jusqu’à la tenue de cette réunion des membres. C’est depuis lors que Fah a commencé à me harceler pour le montant qui doit être reversé à la mairie”, a-t-il ajouté.

A ses dires, face à son refus catégorique de verser la part de la mairie avant l’assemblée générale des membres du GIE, le président démissionnaire a décidé de porter l’affaire devant la justice. En effet, alors qu’il s’apprêtait à accompagner la mère d’un de ses amis venue dans l’enceinte de sa radio, la Radio Voix des jeunes, Bourama Berthé a été alpagué par une horde de policiers.

“Ces policiers m’ont intimé l’ordre de les suivre sans convocation. Dans un premier temps, j’avais refusé de me plier à leur exigence, mais il a fallu l’intervention de notre mère pour que j’accepte de les suivre au commissariat de police. Sur place, les limiers m’ont dévoilé la plainte dont je faisais l’objet. Car, Fah me réclamait le montant à reverser à la mairie arguant que c’est son argent. J’ai refusé de m’exécuter et l’affaire a été déférée devant le procureur Makki Sidibé”, a-t-il ajouté.

Le procureur Makki et le Commissaire Dembélé entretiennent le déni de justice 

Pour M. Simpara, décidé à régler ses comptes avec lui pour avoir refusé de verser les 4 millions de F CFA avant la tenue d’une assemblée générale et pour avoir quitté l’Union des forces démocratiques et patriotiques (UFDP), un parti local, que Bourama Berthé a agi ainsi.

“Comme le procureur était également dans le coup, il m’a demandé de remettre le montant réclamé à Fah. Après avoir refusé de me plier à cette injonction, il n’a trouvé rien d’autre que de me placer sous mandat de dépôt. Il a ordonné au policier posté devant son bureau de m’arrêter. Ce dernier, certainement dépassé par l’ampleur de l’injustice, n’a pas voulu s’exécuter. J’ai quitté la ville en compagnie d’Alpha. Après avoir analysé les conséquences de cette soustraction de la procédure judiciaire, nous avons décidé de revenir. Nous avons été accueillis par des centaines de jeunes”, a renchéri le président du Collectif.

Au terme de cet accueil chaleureux, une rencontre a été organisée afin de donner la vraie version des faits contrairement aux allégations selon lesquelles il a détourné l’argent de Fah. Selon lui, en pleine réunion, les policiers ont fait irruption dans la cour de la radio où se tenait la réunion. Dès leur entrée, les policiers ont commencé à lancer des grenades lacrymogènes et à tirer sur les jeunes avec des balles réelles faisant plusieurs blessés. Dans cette folie destructrice, il a été arrêté et conduit au commissariat.

“Par solidarité, certains jeunes se sont rendus afin qu’ils soient aussi détenus. Les policiers se sont mis à les tabasser. Ainsi, nous avons été détenus à la Maison centrale d’arrêt pendant deux jours. Au bout des 48 h, mes proches m’ont convaincu d’accepter de payer lesdits montants contre notre liberté. C’est ainsi que j’ai été libéré. Et le jour du jugement, le juge dans sa sagacité m’a acquitté faute de preuves. Aussitôt, le procureur a fait appel de la décision devant la Cour d’appel de Bamako”, a-t-il laissé entendre.

Le procureur délivre en moyenne cinq mandats de dépôt par jour

A préciser que Mamadou Simpara était poursuivi pour “abus de confiance” alors que la somme réclamée par Fah appartient au GIE-Dallan. “En mai 2017, le GIE a déposé plus de 11 millions dans le compte de Fah Berthé. En juillet, nous avons gagné plus de sept millions, mais après certaines dépenses, il restait plus de 6 millions de F CFA”, a-t-il rappelé.

A l’entendre, si le procureur connaissait réellement le sens de “l’abus de confiance”, il allait purement et simplement classer ce dossier pour vice de forme, car au moment des faits Fah Berthé  n’était plus membre du GIE.

A sa suite, le porte-parole, Alpha Oumar Touré, a évoqué les attributions du concept. “Le rôle du procureur est d’assurer l’équité entre les justiciables. Il ne doit en aucun cas privilégier certains citoyens au détriment d’autres. Le procureur n’est pas au-dessus de la loi. Il a été partial dans le dossier de Fah contre Simpara. Le procureur Makki est à la base du pourrissement de la situation délétère dans le cercle de San. Il peut délivrer en moyenne cinq mandats de dépôt par jour. Cette attitude viole le principe de la liberté, car la liberté est la règle et la détention l’exception”. Dans son réquisitoire, il a dénoncé également la violence policière exercée sur les jeunes lors de l’arrestation de Simpara.

Par ailleurs, les conférenciers ont rendu un vibrant hommage au juge Oumar Bagayoko pour son bon travail et son savoir-faire.

Des gendarmes tirent à balles réelles sur de paisibles populations

Le 1er conseiller du chef de village de Zemenso, Alou Diarra, a évoqué le cas d’injustice dont sa localité vient d’être victime du fait du même procureur Makki Sidibé. A ses dires, c’est dans le cadre de la gestion d’un contentieux qui opposait son village, Zemenso à Djrebougou (un village peul) dont chacun réclamait la propriété d’une surface cultivable, un détachement de gendarmes de San a été réquisitionné.

Et d’avouer que les pandores envoyés par procureur n’ont pas hésité à faire usage de leurs armes. Is ont tiré à balles réelles sur la population civile. Un ressortissant de Zemenso, Gaoussou Diarra, a malheureusement perdu la vie. “Ce sont les gendarmes présents sur le lieu qui ont tiré sur Gaoussou Diarra. Après sa mort, les gendarmes ont nié toute implication, car ils tiennent mordicus à leur version selon laquelle ils n’ont en aucun moment fait usage de leurs armes alors que des coups de feu ont bel et bien été entendus par les parties belligérantes. Aussi, les gendarmes étaient les seuls à avoir des armes sur les lieux”, a-t-il renchéri.

Pis, après le décès du Gaoussou Diarra, les autorités judiciaires et administratives ont décliné leur responsabilité. Aussi, les résultats de l’autopsie ont été biaisés parce que dans le rapport le médecin légiste affirme que la mort du pauvre a été causée par un objet pointu et non par une balle. “Nous dénonçons le silence des autorités locales de San dont le procureur qui devait s’auto saisir en la matière”, a-t-il déploré.

Le procureur de la République, seul responsable de la souffrance des justiciables de San

Faut-il rappeler que ce Collectif regroupe des individus, des groupements et des villages du cercle de San qui se sentent victimes d’injustices. Comme responsables de cette souffrance qu’ils vivent depuis un certain temps, les membres du collectif pointent un doigt accusateur sur le procureur de République près le Tribunal et le commissariat de police de San, qui, selon les conférenciers, font des abus dans l’exécution de leurs missions et favorisent certains citoyens au dépens d’autres.

Il convient de noter que membres du GIE-Dallan ont porté plainte contre Bourama Berthé dit Fah pour abus de bien d’autrui en réclamant les différents montants déposés sur son compte bancaire.

Nous y reviendrons.

Boubacar Païtao, envoyé spécial

Source: Aujourd`hui mali

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