En réaction à la répression meurtrière à Gao commise par la MINUSMA, le 27 janvier dernier, les responsables du forum des organisations de la société civile ont animé, hier jeudi, une conférence de presse au cours de laquelle ils ont demandé la prise de sanctions exemplaires à l’encontre du Général Thibault, chef d’Etat-major de la Mission onusienne pour avoir signé un accord partisan avec le MNLA prévoyant l’installation d’une ” zone temporaire de sécurité ” incluant la localité de Tabankort. Celle-ci est récemment devenue le théâtre d’affrontements sanglants et meurtriers opposant les unionistes aux séparatistes.
Comme à chaque veille de round de pourparlers inter-Maliens d’Alger, les mouvements séparatistes ont déclenché les hostilités fin décembre dernier, pour tenter de reprendre la localité de Tabankort qui continue à leur échapper.
Mais c’était compter sans la détermination des unionistes composés du GATIA, du MAA-loyaliste et des éléments de groupes armés sédentaires, qui ont non seulement réussi à repousser les assauts des séparatistes, mais aussi conquis plusieurs localités – jusqu’à Anefis – qui étaient sous l’occupation de ces ennemis de la nation. Du coup, ils ont obligé les séparatistes à rejoindre leur dernier retranchement, à savoir Kidal où, quelques jours plus tôt ils avaient orchestré une manifestation violente pour chasser la MINUSMA de l’aéroport sans que celle-ci n’oppose la plus petite résistance.
Pour toutes ces raisons, les organisateurs de cette conférence n’ont pas hésité à réclamer le départ du Chef d’état-major de la MINUSMA, le Général de brigade Christian Thibault, signataire de l’accord partisan.
Selon le président du Forum des organisations de la société civile, Mamoutou Diabaté, suite à ces évènements regrettables, survenus la semaine dernière à Gao, la structure qu’il dirige s’est rendue sur les lieux pour rencontrer les acteurs locaux et particulièrement les organisations de la société civile. A l’issue de cette mission et des échanges avec les populations de Gao, le forum a condamné, avec la dernière rigueur, la signature en catimini d’un document quel qu’il soit tendant à administrer ou à gérer une portion du territoire national sans l’implication de l’Etat et des autres parties prenantes à la crise.
Dans la même optique, il a également condamné l’usage d’armes à feu pour circonscrire une manifestation pacifique des populations civiles, les assassinats et blessures perpétrés sur celles-ci lors de la manifestation.
Le Forum des organisations de la société civile s’est aussi insurgé contre le parti-pris observé dans les attitudes et les réponses de la MINUSMA dans ses relations avec les groupes armés, sa tentative de substitution à l’Etat du Mali et le non-respect des clauses de son mandat de stabilisation du pays.
Eu égard à tous ces aspects, le Forum des organisations de la société civile a, à travers une déclaration dont une copie nous est parvenue, exigé la prise en charge rapide et adéquate des blessés et la conduite d’une enquête diligente et transparente en vue de situer les responsables, identifier et sanctionner les auteurs des coups de feu. Dans la même déclaration, il exige la prise de sanctions à l’encontre du Général Thibault, signataire du document controversé et son départ sans délai et sans condition du Mali. A travers la voix de M. Diabaté, le Forum a également demandé l’application stricte par la MINUSMA des principes de son mandat de protection des populations civiles et de stabilisation du Mali.
Les orateurs, qui se sont succédé au pupitre tels que Mamoutou Diabaté, Badra Alou Sacko et Mme Ouleymatou Sow de la FENACOF, ont saisi l’occasion pour adresser ses sincères condoléances aux familles des disparus avant de souhaiter un prompt rétablissement aux malades. Ils ont, par ailleurs, invité l’ensemble des acteurs et spécifiquement les organisations de la société civile malienne à l’apaisement du climat tout en restant vigilants et engagés pour le pays. Ils les ont également invités à se mobiliser aux côtés de la société civile de Gao, qui a parfaitement joué son rôle, pour barrer la route à ceux qui veulent que le pays soit divisé.
A leurs dires, la signature de cet accord avec les groupes armés par un Général français prouve à suffisance la position ambigüe que la France semblerait œuvrer pour la partition du pays. » Tabankort, c’est le point stratégique. C’est par là-bas que tout passe. L’enjeu, c’est le territoire et la défense de nos droits et il est important que tous les Maliens comprennent cela et qu’ils se mobilisent pour accompagner la société civile de Gao « , ont ajouté les conférenciers.
Massiré Diop et Ramata S.Kéita
Source: L’Indépendant