Les médecins nigériens en colère. Le secteur de la Santé a fait les frais des sanctions prises par la CEDEAO contre le Niger, qui ont compliqué le ravitaillement en médicaments, a expliqué à Spuntik Himou Boubacar, du Syndicat des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes du Niger.
La fermeture des frontières voulue par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a notamment semé un vent de panique chez les médecins du pays. Les autorités avaient même évoqué un épuisement des stocks en septembre, s’inquiétant pour les antibiotiques, les anti-cancéreux et les traitements contre le diabète.
“Le premier point qui nous a marqué au niveau du syndicat, c’est la fermeture des frontières. Qui dit fermeture des frontières, dit rupture d’approvisionnement en produits pharmaceutiques et consommables utilisés dans le secteur de la santé. Ce qui avait provoqué une petite panique”, explique ainsi Himou Boubacar.
Les autorités nigériennes sont néanmoins parvenues à rétablir la situation en aménageant le couloir du port de Lomé, permettant de passer par le Burkina Fasso pour se ravitailler. Des sanctions débouchant sur la privation de médicaments n’en restent pas moins inhumaines, précise le médecin.
“Outre le caractère illégitime de ces sanctions, il faut dire qu’elles sont inhumaines. Lorsqu’un être humain prend des sanctions pour priver son prochain de médicaments et de nourriture, c’est inhumain”, fustige-t-il ainsi.
Néocolonialisme français
Himou Boubacar en veut par ailleurs à la CEDEAO de se plier aux dictats français. L’organisation ne sert qu’elle-même et les intérêts néocoloniaux de Paris, regrette le médecin qui se demande comment une institution africaine peut sanctionner à ce point ses propres membres.
“La CEDEAO, par les sanctions qu’elle ose imposer au peuple nigérien, n’est plus une organisation qui œuvre au bien-être des pays africains qui la compose. C’est plutôt une organisation qui est là pour assouvir le culte de la personnalité des dirigeants et servir les intérêts néocolonialiste de la France”, déclare-t-il ainsi.
Les sanctions de la CEDEAO et les agissements de la France durant la crise ont cependant raffermi la volonté du peuple nigérien de lutter contre ces stratégies néocoloniales, affirme Himou Boubacar. Le Président Emmanuel Macron avait d’ailleurs été forcé d’annoncer le retrait des forces françaises du pays, fin septembre, devant les ras-le-bol populaire.