Notre pays est encore à la croisée des chemins, pour ne pas dire, de manière prosaïque, à la Une de l’actualité… Encore une fois, à travers la violence. Cette fois-ci, non parce qu’elle nous a été imposée, mais simplement parce que d’aucuns parmi nous l’ont voulu, instrumentalisée avec les conséquences que chacun connaît désormais. Un jeune malien, à la fleur de l’âge, a été tué, plusieurs autres sont blessés. Pour le Mali ou simplement pour une certaine idée du Mali ? Si ce n’est une certaine ambition pour le Mali.
Le gouvernement, dans son rôle régalien, de défense et de protection des citoyens, a immédiatement pris, dès jeudi, des dispositions idoines face à la situation qui n’honore ni la démocratie malienne ni ceux qui l’ont provoquée. Avant de promettre de prendre toutes les dispositions pour ouvrir des enquêtes indépendantes et impartiales pour faire la lumière sur ces tragiques événements.
Le drame malien depuis 2012, ce ne sont pas notre faillite et notre impuissance communes face à notre situation sécuritaire peu enviable (absence de moyens et de ressources en tout genre qui nous vaut une honteuse tutelle de la Communauté internationale…), mais notre incapacité à réaliser une union sacrée autour de notre patrie pour réussir la paix et la réconciliation. Au lieu de chercher, avec constance et loyauté, à nous rassembler contre les ennemis d’un Mali, Un et Indivisible, on s’offre en spectacle, à travers ramdams et des indignations sélectives qui ridiculisent davantage notre pays.
Si en demandant l’ouverture dune enquête indépendante avec la participation des organisations des droits de l’homme, pour rechercher et punir selon la loi, les responsables de ces violences, l’Opposition dit démocratique et républicaine rejoint le gouvernement, même si elle enfonce une porte déjà ouverte. On peut s’inquiéter de la confiance aveugle investie dans ce qu’elle appelle « organisations des droits de l’homme ». En tout cas, si la même qui a fait un communiqué pour dire qu’il y a deux (2) morts lors de la manifestation de ce jeudi à Bamako, au moment où tous concluent à un (1) mort (y compris l’Opposition elle-même), on ne peut que douter du sérieux et de la crédibilité de ces « organisations des droits de l’homme ».
En versant dans une spirale d’indignations sélectives et agitant « la banalisation et l’utilisation disproportionnée de la force, notamment des balles réelles qui entrainent des pertes en vies humaines et des blessés » contre l’État, l’opposition fait des rapprochements osés et des accusations qu’elle pourrait avoir de la peine à établir. Ce, d’autant que la police réfute catégorique avoir tiré et le directeur général adjoint de la police nationale, Mahamadou Sidibé, est très ferme sur la question : « la seule garantie que je peux vous donner, c’est qu’aucun policier n’avait une arme sur place. ».
Au lieu d’une interpellation du gouvernement qui n’est qu’un show télévisuel où elle se donne le luxe de déblatérer (à moins que ce ne soit cela l’objectif), notre opposition aurait été mieux inspirée de demander une Commission d’enquête parlementaire sur les manifestations, du 12 juillet à Gao et du 17 août à Bamako.
L’interpellation d’un journaliste est-elle une remise en cause de la liberté d’expression et de manifestation consacrées par la Constitution ? En tout cas, il nous paraît évident qu’on ne pense pas de la même manière dans une chaumière que dans un palais. Parce que ce n’est pas la première fois que cela arrive dans notre pays… Mais comme chacun le sait, ce que veut notre opposition, en exigeant « la levée de la suspension des réseaux sociaux (Face book, Twitter) », ce n’est pas la liberté d’expression, mais bien la liberté d’exception : la liberté sans limite et sans aucun encadrement, même si cela devrait déboucher sur des cadavres. Après tout, on peut bien espérer et se dire secrètement : « le gouvernement va payer cher ces morts-là… » !
Si la science sans conscience est ruine de l’âme ; la liberté sans limite est la cigüe de la nation.
Il y a un temps pour tout. Malheureusement, d’aucuns à l’instar de l’Opposition dite démocratique et républicaine, n’ont compris, le temps du festival de l’agitation et de la kermesse de dénonciations calomnieuses est bien révolu.
La préservation de l’ordre public et de la paix sociale a un prix. L’État n’entend plus tergiverser ni transiger dessus. À moins que nous nous trompions d’analyse, le message doit être compris par tous.
Par Sambi Touré
Source: info-matin