Les chefs traditionnels de la localité ont sollicité l’autorisation du chef de l’Etat pour mettre hors d’état de nuire la bande criminelle de Boko Haram par voie mystique…
Avant le double attentat suicide perpétré mercredi 22 juillet 2015 qui a fait 13 morts et 32 blessés dans la ville de Maroua, chef lieu de la région de l’Extrême Nord, le collectif des chefs traditionnels de l’arrondissement de Ngoura, unité administrative du département du Lom et Djerem dans la région de l’Est, s’inspirant de l’attentat de Fotokol 10 jours avant, avaient déjà préconisé une autre méthode de lutte contre le groupe terroriste Boko Haram. En effet, au terme de la session annuelle de leur assemblée générale tenue la semaine dernière, ces gardiens de la tradition, sous l’égide de leur président Justin Aoudou Kouéké, par ailleurs député suppléant du Lom et Djerem, ont saisi le chef de l’Etat.
Il était question non seulement de lui faire part de leur soutient dans la lutte acharnée qu’il mène avec l’appui de tous les Camerounais contre la nébuleuse, mais aussi pour matérialiser leur soutient en demandant au chef de l’Etat d’approuver « l’attaque mystico-fabuleuse » qu’ils entreprennent, à savoir l’envoie « d’une foudre destructrice et meurtrière » à l’endroit de Boko Haram.
« Nous demandons au chef de l’Etat de nous accorder cette demande afin que nous montrions à l’ennemi la puissance de notre pouvoir », soutient Justin Aoudou Kouéké, dans une correspondance adressée à Paul Biya et reprise par les radios locales dans la ville de Bertoua, dans leurs différents journaux parlés. On se rappelle que lors de son discours devant le corps diplomatique en début d’année, Paul Biya avait affirmé qu’ « à menace globale, riposte globale ». Pour les chefs traditionnels de Ngoura, ces propos du chef de l’Etat cadre avec l’adage populaire qui dit que « tous les moyens sont bons quand ils sont efficaces. »
Une pensée à ne pas prendre à la légère lorsqu’on tient compte des réalités locales de l’arrondissement de Ngoura. Selon plusieurs témoignages, cette unité administrative est réputée championne dans des pratiques mystiques. « Ils sont capables de faire disparaitre l’or à tout moment », explique un orpailleur qui a perdu tout son argent en vain à la recherche de ce précieux métal dans la localité. Ici, la majorité des chefs traditionnels pensent que, si le chef de l’Etat par ailleurs « Fon of fons », « Nnomgui » et autres, leur donne son ok, la stratégie mystique sera efficace contre « ces ennemis invisibles » qui utilisent les méthodes non conventionnelles.
Il est à noter que ce n’est pas la première fois que l’association des chefs traditionnels de Ngoura monte au front pour des questions de sécurité dans cette localité frontalière avec la République Centrafricaine où règne l’insécurité. déjà au sortir de leur assemblée générale du mois de mai 2014, le même collectif avait entrepris une campagne de sensibilisation dans les chantiers d’or pour étouffer une insurrection projetée par les populations locales qui dénonçaient l’occupation illégale de leurs terres par les expatriés chinois. Campagne qui s’est soldée par la victoire de ces chefs traditionnels car la paix avait été préservée. Rappelons que cette amicale est composée de 34 chefs traditionnels des 02 cantons de l’arrondissement de Ngoura dans le Lom et Djerem à l’Est.
source : autre presse