Une manifestation des populations du village de Bougoudalen dans le cercle de Yanfolila contre les restrictions de la direction générale de la société des mines de Komana (SMK-SA) a dégénéré en affrontement avec les forces de l’ordre. Le bilan provisoire fait état de quatre civils tués par balle et une trentaine de blessés dont quatre graves.
Selon nos sources, tout est parti d’un site d’orpaillage du nom de “Dola” situé dans le village de Bougoudalen à quelques kilomètres de la nouvelle mine d’or de Komana dans le cercle de Yanfolila. Ce site d’orpaillage, vieux de plusieurs dizaines d’années, est un lieu où les habitants du village venaient chercher de l’or pour subvenir à leurs besoins quotidiens.
Malheureusement, depuis l’installation de la nouvelle mine d’or de Komana, les orpailleurs ont été sommés de quitter les lieux au motif que le site se trouve dans la superficie exploitable de la SMK.
Mais avant de chasser les orpailleurs, des propositions ont été faites par la direction de la mine. Parmi ces propositions, on peut citer des activités génératrices de revenus et le don de gravier aux villageois chaque jour pendant deux ans.
Partant de ce constat, la direction de la mine a donné un ultimatum aux orpailleurs à vider les lieux pour permettre à la mine d’exploiter le site. Cet ultimatum a été la goutte qui a débordé la vase.
C’est dans ce contexte que les populations ont manifesté le dimanche 20 mai en s’attaquant aux installations de la SMK. Selon nos sources, un travailleur blanc de la société a même été longuement retenu en otage par les manifestants en colère.
Face à la colère des populations locales, la direction de la mine a sollicité et obtenu des renforts des forces de sécurité pour maintenir l’ordre. La clôture du site d’orpaillage de Dola à Bougoudalen par la SMK le 28 mai 2018 a mis le feu au poudre. Ayant appris la nouvelle, une centaine de personnes en colère se sont dirigées vers les installations de la mine le mardi 29 mai 2018.
Au cours des affrontements entre les forces de l’ordre et les manifestants, des balles réelles ont été tirées. Le bilan est lourd : quatre civils tués et trentaine de blessés dont quatre graves. Les blessés ont été évacués à Bamako. Du côté de la mine plusieurs matériels ont été saccagés. Plusieurs manifestants ont été également arrêtés.
A en croire nos sources, parmi les manifestants figuraient plusieurs étrangers dont des Burkinabés, Guinéens et Sénégalais. Le gouverneur de la région de Sikasso, les députés du cercle de Yanfolila et les autorités locales ont effectué le déplacement sur le site pour constater les dégâts et présenter leurs condoléances aux familles des disparus.
Au moment où nous mettions sous presse, la situation était toujours tendue et les populations entendaient poursuivre leurs manifestations jusqu’à l’arrêt de toutes les activités de la mine.
Par précaution, la direction de la SMK a évacué l’essentiel de son personnel sur Yanfolila. Une enquête a été ouverte pour situer les responsabilités dans cette tuerie.
Y. Doumbia
Source: L’ indicateur du renouveau