Matou est réputée calme et polie dans tout le quartier. Belle et charmante, cette fille était admirée par tous les jeunes du quartier. Rares sont les garçons de son entourage qui ne lui ont pas avoué leur amour. Âgée seulement de dix-sept (17) ans, cette jeune fille ne mettait les pieds dans la rue que pour se rendre à l’école ou pour des commissions de ses parents.
Pas de petit copain, mais enceinte
Issue d’un travailleur manuel et d’une ménagère, Matou s’est toujours glorifiée de ses géniteurs. Elle ne s’est jamais complexée de sa catégorie sociale. « Pourquoi vouloir être ce que je ne suis pas. Je suis fille de pauvre et je ne m’apitoie pas sur mon sort », dit-elle en souriant.
Cette joie de Matou va-t-elle durer pendant combien de temps ? Juste quelques semaines ? Depuis deux mois déjà, la timide fille ne perçoit plus son cycle menstruel. Elle a tout le temps de la nausée, des vertiges, du manque d’appétit et maigris de jour en jour.
Binta, attentive à tous ces changements d’humeurs et de comportements de sa fille, la conduit au Centre de santé de référence (CSREF) du quartier, pour un test de grossesse. « Quelle n’a pas été ma surprise en apprenant de la sage-femme que ma fille est en état de grossesse ! », s’esclaffe Binta, la mère de Matou.
La vie de la jeune adolescente devient du jour au lendemain un calvaire. La nouvelle de sa grossesse se répand dans tout le quartier comme une traînée de poudre. Mais la grande interrogation : qui est l’auteur de la grossesse ? Personne ne sait qui est le petit-copain de la jeune fille. Parce que nul ne l’a vu en compagnie d’un jeune homme.
Violée à plusieurs reprises
Sous des tonnes de pressions, Matou n’a pas pu résister longtemps : « C’est papa qui m’a violé et enceinté », déclare-t-elle à sa mère qui n’a pas pu lui croire. Celle-ci lui interdit d’ailleurs d’accuser son mari. Mais la jeune fille insiste : « J’ai été violée à plusieurs reprises par papa en ton absence, maman. Il me menaçait de me tuer si je criais ou en parlait à quelqu’un ».
Selon les explications de l’adolescente, bien avant qu’elle ne tombe enceinte, depuis le premier viol, elle a essayé d’alerter sa mère. Mais celle-ci ne lui a pas du tout cru, pensant qu’elle cherchait à discréditer son père.
Interrogé par Binta, Youssou reste immobile, la tête baissée. « Ma chère Binta, je peux tout t’expliquer. Je ne sais vraiment pas ce qui m’a pris. Pardonne-moi s’il te plaît », s’excuse le père de Matou auprès de sa femme. Mais la décision de Binta est déjà prise. Elle décide de faire ses bagages et partir pour ne pas mourir de honte et d’humiliation.
Depuis sa révélation à sa mère, Matou a trouvé refuge chez l’une de ses amies et a décidé de donner naissance à son enfant, qui sera également son jeune frère. « Voilà comment je suis devenue la mère de mon frère », conclut la jeune fille.
Mariam
Source : Sahel Tribune