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In Memoriam: il y a deux ans, ATT nous quittait : Retour sur les pas d’un grand bâtisseur de nation !

La relation fusionnelle entre le président Amadou Toumani Touré et le peuple malien demeurera éternelle en dépit des vicissitudes de la politique. Décédé le 10 novembre 2020, le général reste très populaire au Mali en raison de son humanisme, et de son engagement patriotique indéniable.

10 novembre 2020-10 novembre 2022 : il y a deux ans, jour pour jour, les Maliens apprenaient avec une vive émotion et douleur la disparition de l’ancien président de la République du Mali, le général à la retraite Amadou Toumani Touré.

Soldat de la démocratie“, ATT comme le surnomment ses concitoyens, est le principal artisan du multipartisme au Mali. Notre peuple doit une fière chandelle à cet homme souriant, charmant et très proche des préoccupations majeures des populations, singulièrement les plus humbles.

A 43 ans, lieutenant-colonel et commandant du Régiment des commandos parachutistes de Djicoroni-Para, il a rendez-vous avec l’Histoire. Il renverse à l’aube du mardi 26 mars 1991 le général Moussa Traoré au pouvoir depuis 23 ans et met fin à un grand bain de sang.

Pour toute réponse aux demandes d’ouverture démocratique et d’amélioration des conditions de vie des populations, le régime de GMT tirait sur la foule, tuant ou blessant des centaines de manifestants. N’eut été la promptitude de l’enfant de Soudou Baba à mettre fin au carnage, nul doute que le bilan macabre allait longtemps s’étirer.

Aussitôt après le renversement du parti-Etat UDPM (Union démocratique du peuple malien), il proclame la démocratie et le multipartisme intégral, faisant de notre pays un exemple à suivre en matière de libertés individuelles et collectives, d’Etat de droit…

ATT fut également un homme de parole, honorant en cela une prescription divine et une valeur cardinale des cultures maliennes. A sa nomination à la tête du Comité de transition pour le salut du peuple (CTSP), il promet de rendre le pouvoir au président nouvellement élu au suffrage universel direct.

Le 8 juin 1992, il remet effectivement le pouvoir au président Alpha Oumar Konaré, candidat de l’Alliance pour la démocratie au Mali/Parti africain pour la solidarité et la justice (Adéma/PASJ), élu au second tour face à Tiéoulé Mamadou Konaté de l’Union soudanaise-RDA. L’homme, entré dans l’Histoire, pouvait dès lors se contenter d’une retraite dorée, mais c’était sans compter avec son énergie débordante et sa détermination à aider les Maliens à réaliser leurs rêves légitimes comme se soigner, s’éduquer, se loger, etc.

Pendant plus de dix ans (le temps des deux mandats du président AOK), il se donne à fond pour l’éradication du ver de Guinée à travers la Fondation pour l’Enfance qu’il préside et l’appui de la Fondation Carter. Les résultats obtenus sont phénoménaux. Les cas rapportés de dracunculose sont marginaux ou payés rubis sur l’ongle.

Mi-2001, alors que les luttes de succession font rage dans l’entourage du président Alpha Oumar Konaré, ATT démissionne de l’armée et se met au service de son Mali tant chéri. Avec le slogan “Retrouvons ce qui nous unit”, il est triomphalement porté à la tête de l’exécutif face au candidat de l’Adéma/PASJ, un certain Soumaïla Cissé (paix à son âme).

Elu président de la République, ATT se révèle un grand bâtisseur de nation : des routes, ponts et chaussées, des aménagements hydroagricoles, des hôpitaux, des plateformes aéroportuaires, des universités mais aussi et surtout des logements sociaux sont construits au grand bonheur du peuple. Bref, le Mali est en chantier. Réélu en 2017 dès le 1er tour, ATT a le vent en poupe jusqu’à ce que survienne la crise libyenne. La Libye est bombardée par l’Otan. Kadhafi délogé et tué, son armée mise en déroute.

La légion étrangère libyenne se réfugie pour la plupart au nord du Mali, devenu une zone de non droit avec toutes sortes de trafics. Les défaites de l’armée poussent des militaires à prendre le pouvoir le 22 mars 2012 à moins de quarante jours de la fin du second mandat d’ATT. L’aventure conduit à la perte de la souveraineté du Mali sur 2/3 de son territoire.

La passion du Mali

Amadou Toumani Touré voit le jour le 4 novembre 1948 à Mopti. Il se dirige initialement vers une carrière d’enseignant en s’inscrivant à l’Ecole normale secondaire de Badalabougou.Il intègre finalement l’armée où il occupe plusieurs postes de haut rang après avoir suivi des formations au Mali et en ex-URSS : il commande successivement la garde présidentielle dans les années 70 puis le 33è Régiment des commandos parachutistes, les Bérets rouges, dans les années 80.

C’est en mars 1991 qu’il s’immisce sur la scène politique. Après des manifestations populaires réprimées dans le sang, il participe au coup d’Etat contre le général Moussa Traoré, prend la présidence du Comité de transition pour le salut du peuple et assure les fonctions de chef de l’Etat pendant la transition démocratique. Cette période permet, en 1992, à Alpha Oumar Konaré de devenir le premier président démocratiquement élu depuis l’indépendance en 1960.En remettant le pouvoir comme il s’y était engagé, ATT gagne ses galons de prestige et se voit affubler du surnom de “soldat de la démocratie”.

En 2001, il demande et obtient sa mise en retraite anticipée de l’armée. Il décide de se lancer dans la vie politique en déposant sa candidature pour l’élection présidentielle de 2002.

Il est élu président de la République le 12 mai avec 64,35 % des voix au second tour. Son adversaire Soumaïla Cissé, ancien ministre, obtient 35,65 % des voix. Tout au long de sa carrière politique, il privilégiera le consensus, caractéristique qui jouera en sa faveur avant d’être taxée de faiblesse. Il lancera, en outre, d’importants chantiers d’infrastructures destinés à la modernisation du Mali.

Deuxième mandat (2007-2012)

Amadou Toumani Touré est réélu président de la République le 29 avril 2007 dès le premier tour. Il obtient 71,20 % des suffrages tandis que son principal concurrent, Ibrahim Boubacar Kéita, ne recueille que 19,15 % des voix.

Celui-ci conteste, à l’instar des autres candidats de l’opposition réunis au sein du Front pour la République et la démocratie, les résultats en raison de fraudes.

Coup d’état militaire de 2012

Dans la nuit du 21 au 22 mars 2012, il est renversé par un coup d’Etat, un peu moins de deux mois avant l’issue de son mandat. Les mutins du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE), dirigés par le capitaine Amadou Haya Sanogo, dénoncent la gestion du conflit au nord Mali entre l’armée et la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA).

Le pays, dont les deux tiers échappent au contrôle du pouvoir central, est depuis enlisé dans une crise sécuritaire en raison notamment des agissements de groupes djihadistes affiliés à Al-Qaida ou à l’organisation de l’Etat islamique.

Le 8 avril 2012, exilé à Dakar, au Sénégal, depuis le coup d’Etat, il annonce officiellement sa démission et mène dès lors une vie très discrète.

Son expatriation coïncide avec l’arrivée au pouvoir de l’actuel président sénégalais, Macky Sall, avec qui il nouera des liens étroits.

Retour au pays en 2017

Son arrivée, avec sa femme et ses deux filles (Fanta et Mabo), se fait dans la liesse alors qu’il bénéficie encore d’une certaine sympathie auprès de la population et de ses partisans au sein du Parti pour le développement économique et la solidarité (PDES). Dans la foulée, “IBK” l’invite à partager, à la résidence présidentielle, “un déjeuner entre frères”.

Sa visite n’est que de courte durée et, après quelques jours, il reprend la direction du Sénégal. Son retour définitif n’intervient finalement qu’en décembre 2019. Il est alors accueilli par un millier d’affidés à son domicile privé.

Quelques jours plus tard, il participe à la célébration du 100e anniversaire de la création de sa ville natale, Mopti, événement lors duquel il déclare : “Je m’investirai, je ferai tout ce qui est possible (en me basant) sur l’expérience que j’ai acquise, parce que je suis avant tout un soldat. Pour la paix, la sécurité, la cohésion sociale et le vivre ensemble, je ferai tout pour Mopti, mais je ne le ferai pas seul, nous le ferons ensemble”.

Le 15 septembre 2020, Amadou Toumani Touré assiste aux funérailles de celui qu’il a contribué à chasser du pouvoir, Moussa Traoré. Sont également présents ce jour-là, Amadou Haya Sanogo, à l’origine du coup d’Etat ayant destitué ATT en 2012 et Dioncounda Traoré, le président de la transition de 2012 à 2013.

 La Rédaction

Source: Aujourd’hui-Mali

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