On peut s’étonner de ce que notre pays, faute d’avoir obtenu la « réunion urgente » qu’il avait cru à portée de main et qui s’est avérée un mirage, n’ait pas saisi la formidable opportunité qu’offrait la 77ème Assemblée générale des Nations unies, tenue à New-York dans la deuxième moitié de septembre passé, pour étaler, aux yeux de la planète entière, les preuves accablantes en sa possession sur « les agressions françaises » constituant, de son point de vue, une menace pour la paix dans le monde et auxquelles il se réserve le droit de riposter. Au lieu de cela son premier ministre intérimaire (pour combien de temps encore le titulaire du poste étant revenu de son long « repos forcé »?) s’est livré à une rhétorique de facture douteuse.
La réunion trimestrielle sur la situation au Mali, qui s’est déroulée le 18 octobre au palais de verre de Manhattan, était une autre occasion idoine pour la diplomatie malienne de mettre l’ancienne puissance coloniale, devenue une décennie un partenaire clé dans la lutte contre le terrorisme, au ban de la communauté internationale pour avoir pactisé avec…ce même terrorisme. Il n’en fut rien, hélas, Abdoulaye Diop demeurant et persistant sur le registre des invectives tout en continuant à demander « une réunion spécifique » du Conseil de sécurité qui, on l’a vu, ne trouve aucun preneur jusqu’ici au sein de cet auguste organe.
Le bellicisme dans lequel les autorités de la transition malienne ont choisi de s’enfermer pour se donner une légitimité de façade (la seule et vraie légitimité est celle procurée par les urnes) ne contribue pas seulement à accroître l’isolement du Mali sur les scènes africaine et internationale. Il est aussi porteur d’un risque de confrontation militaire avec la France si la menace réitérée d’une riposte aux « agressions françaises » est mise à exécution. Laquelle confrontation pourrait transformer le territoire malien en un nouveau théâtre d’affrontement entre la Russie et l’OTAN après la Syrie, la Libye et l’Ukraine. Une perspective peu ragoûtante susceptible d’en engendrer une autre du même acabit : une mise sous administration provisoire de l’ONU comme cela s’est vu en maints pays depuis la création de cette Organisation en 1945.
Saouti HAIDARA
Source : l’Indépendant