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Il urge d’écourter la transition

« La meilleure transition est la transition la plus courte « . L’annonce, lundi soir, par le gouvernement d’une tentative avortée de coup d’Etat par  » un groupuscule d’officiers et de sous-officiers anti-progressistes, soutenus par un Etat occidental  » et visant à « briser la dynamique de la refondation du Mali  » vient rappeler cette mise en garde lancée par un membre de l’équipe de médiation de la CEDEAO, lors d’un séjour à Bamako, au tout début de la transition. Hélas, elle n’a pas été entendue.

 

Plutôt que de faire le choix judicieux de réunir les conditions minimales (renforcement de la sécurité, révision de la Constitution, amélioration du système électoral) pour tenir les élections permettant le retour à court terme à l’ordre constitutionnel, les tenants du pouvoir ont opté, sous la pression des événements et aux fins de se donner une légitimité qui leur faisait défaut jusque-là, pour « une refondation de l’Etat ». Laquelle requérait une durée d’autant plus longue que les tâches à accomplir sont nombreuses, complexes et pour certaines aléatoires.

Elles consistent, comme le Premier ministre Choguel Maïga s’est fait le devoir d’en faire un exposé détaillé devant le CNT, en la rédaction puis l’adoption par référendum d’une nouvelle Constitution, l’opérationnalisation de l’organe unique de gestion des élections, la révision des textes régissant le processus électoral, le débat sur le format des élections, l’amélioration progressive de la sécurité sur l’ensemble du territoire national, l’accélération du processus de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (DDR) le retour des déplacés et des réfugiés, le parachèvement du découpage administratif.

Cette option aventureuse de prorogation de la transition largement au-delà des 18 mois préalablement prescrits par sa charte fondatrice et validés par la communauté internationale a non seulement été un facteur de division supplémentaire de la société malienne, mais elle a contribué en plus à rendre la situation du Mali intenable.

Le pays est accablé, en effet, par les sanctions économiques et financières conjointes de la CEDEAO et de l’UEMOA qui font souffrir les populations et mettent à mal les entreprises. Il reste suspendu de l’Union africaine (UA) même si elle lui apporte son concours pour l’aider à sortir de sa mauvaise passe. Ses relations se sont dégradées avec l’Union européenne (UE) qui a édicté des sanctions ciblées contre cinq de ses personnalités dont le Premier ministre en poste. Il en va de même de l’ONU dont le Secrétaire général Antonio Guteres vient d’effectuer une mission dans la sous-région  » pour évoquer le terrorisme  » en évitant le Mali. Tout en s’inquiétant pour le renouvellement du mandat de la MINUSMA devant intervenir le 30 juin prochain.

Par ailleurs les autorités de la transition, excédées à la fois par le refus de la France de les reconnaître après  » le coup d’Etat dans le coup d’Etat  » du 24 mai 2021 et « les propos désobligeants et vexatoires » tenus à leur endroit, ont dénoncé puis rompu le partenariat militaire entre les deux pays, entraînant la fin de l’opérationnalité du dispositif de lutte contre le terrorisme au Mali constitué par Barkhane, la task force Takuba, le G5-Sahel et sa force conjointe dont le Mali vient d’annoncer son retrait officiel. Il s’ensuit un basculement d’alliance au profit de la Russie mais qui n’est guère rassurant eu égard à l’empêtrement de ce pays dans son « opération militaire spéciale  » en Ukraine.

Cette évolution, qui suscite la lassitude voire un début de contestation de rue comme on l’a vu le 10 mai (veille de la tentative du coup d’Etat) avec la marche du mouvement « Sauvons le Mali-Dokèra  » pour réclamer le retour à un ordre constitutionnel, a semble-t-il suscité au sein des FAMa des velléités pour stopper les dérives de la refondation. C’est dommage qu’on en soit arrivé là car le Mali, en l’état où il se trouve, a plus que jamais besoin d’une armée forte, unie, soudée, déterminée pour le libérer de l’emprise terroriste, préserver son intégrité territoriale et permettre à ses populations, où qu’elles soient, de vivre dans la paix, la sécurité et la stabilité.

Cet épisode malheureux doit servir de leçon aux autorités de la transition pour hâter le pas vers un accord avec la CEDEAO pour lever les sanctions, normaliser les relations en tous genres avec la communauté internationale et revenir à une vie constitutionnelle normale qui représente le cadre approprié pour refonder l’Etat. Une œuvre qui ne se réalise pas en quelques petites années mais requiert des décennies en s’y consacrant sans relâche.

Saouti Haïdara

Source: L’Indépendant

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