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Idrissa Nassa, président du groupe CORIS BANK INTERNATIONAL en exclusivité «Nous, en tant qu’investisseurs, notre souhait c’est que nos Etats soient stables, qu’il y ait la paix»

“Nous sommes une banque régionale qui a une vision de se développer partout ailleurs en Afrique”

A Lomé pour la tenue des conseils d’administration des filiales du groupe, les dirigeants de Coris Bank International ont été reçus le 12 août 2023 à la Primature togolaise par le Premier ministre. A cette occasion, le président du groupe, Idrissa Nassa, s’est confié à Financial Afrik sur la nature des échanges avec Victoire Tomegah-Dogbe, les projets actuels et futurs de Coris et le contexte sociopolitique dans la sous-région. Exclusif !

Financial Afrik : Vous aviez rencontré le Premier ministre du Togo, ce vendredi jeudi 12 août à Lomé, pour des échanges avec une délégation de votre groupe. Que retenir de cette rencontre ?

 

Idrissa Nassa : Nous avons séjourné du 6 au 13 août 2023 à Lomé, la belle et hospitalière capitale du Togo, dans le cadre des sessions des conseils d’administration des filiales du groupe Coris. A cette occasion, nous (moi-même et mes collaborateurs) avons eu l’honneur d’être reçus par les plus hautes autorités de ce pays notamment Madame le Premier ministre et le ministre de l’Economie et des Finances. C’était une visite de courtoisie à madame le Premier ministre pour déjà l’informer de notre présence à Lomé, avec une forte délégation d’environ une centaine de personnes, pour tenir les instances du groupe. Il faut dire que nous avons choisi le Togo compte tenu du rôle important que le pays joue dans la sphère macroéconomique de la sous-région, mais aussi en tant que place financière très bien connue dans notre sous-région. Madame le Premier ministre nous a réservé un accueil chaleureux et il a été question de lui faire le point de l’évolution de notre filiale au Togo, qui après 8 ans d’exercice, se classe parmi les Top 3 des banques togolaises. Nous avons voulu l’en informer et surtout remercier les autorités togolaises pour le travail excellent qui est fait par le gouvernement dans l’optique d’offrir un cadre propice aux affaires, mais aussi permettre au secteur financier de se développer. A travers Madame le Premier ministre, nous avons félicité le gouvernement du Togo au regard de tout le travail qui est fait dans le sens de maintenir la paix, la cohésion sociale non seulement au Togo mais aussi dans la sous-région. Nous voyons comment le chef de l’État en personne s’implique, dans la résolution des conflits et des divergences, avec ses pairs de la sous-région.

Dans nos échanges, il a également été question de l’accompagnement de l’économie par notre filiale au Togo, à l’ensemble du secteur privé, mais également au gouvernement soutenu à travers les émissions de bons et d’obligations. Nous avons également fait part à madame le Premier ministre de l’excellent travail abattu par la filiale Coris du Togo. Madame le Premier ministre a félicité le groupe pour son émergence, pour le développement, l’inclusion financière développée depuis plusieurs années, et pour son développement également dans la sous-région. Elle a souhaité que nous continuions d’accompagner les PME, parce que de son point de vue, c’est l’épine dorsale du développement dans un pays. Elle a félicité l’ensemble des travailleurs du groupe pour la qualité des indicateurs au niveau du Togo, et souhaité la poursuite de la dynamique engagée pour une meilleure inclusion financière.

Avant de revenir sur ces indicateurs, parlons d’abord de votre ascension au Togo. Vous l’avez dit à l’instant, vous êtes là depuis huit ans, mais déjà dans le top 3 des banques. Quelles sont les recettes de ce succès au Togo ?

Le Togo, à l’image de la première filiale ou des premières filiales Coris comme le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire ou le Mali, est une banque de proximité. Nous avons toujours privilégié une proximité de la banque avec notre clientèle. La deuxième chose, il faut dire que nous sommes aussi une banque qui œuvre dans l’innovation. Nous travaillons à mettre en place des produits qui sont adaptés aux besoins de nos clients. Nous sommes une banque africaine et nous avons l’habitude de le dire, que nous connaissons les problèmes des Africains. Nous œuvrons dans des secteurs qui bénéficient de peu de financement comme le segment des PME-PMI sur lequel nous agissons véritablement et nous sommes leaders dans la sous-région sur ce segment. C’est ce que nous faisons dans l’ensemble des pays où nous nous installons parce que c’est la caractéristique principale de nos économies. Nous sommes très attachés à la qualité de service. C’est vrai que tout le monde parle de la qualité de service, mais il faut dire que Coris Bank International Togo est une banque certifiée depuis plus de 4 ans aujourd’hui, et donc nous avons un label de certification ISO. Nos produits sont de standard international aujourd’hui et ce qui permet véritablement de rendre un service de qualité à la clientèle.

Que représente la place financière du Togo dans la vision du groupe ?

Le Togo a très longtemps été, et a très bien compris justement l’importance d’accueillir un secteur financier, je dirais le secteur financier sous régional. Et depuis ce temps-là, les autorités ont travaillé à ce que les conditions soient offertes à toutes les institutions financières qui veulent s’installer en terre togolaise pour le développement de leurs activités. Le Togo est un pays intégré de la sous-région, un pays stratégique. C’est une plateforme régionale et qui est aujourd’hui incontournable dans le développement économique et social de nos pays.Alors, nous sommes une banque régionale qui a une vision de se développer partout ailleurs en Afrique. Et donc, pour cela, le Togo est un pays très important pour nous, non seulement pour travailler à développer la banque sur le territoire du Togo, mais également pour avoir cette collaboration avec des grandes banques de développement qui sont installées sur cette place. Ce qui donne aussi d’autres possibilités de collaboration pour la consolidation du groupe.

Vous avez tenu des conseils d’administration à Lomé, comme vous l’avez dit à l’instant. Quelle vue générale peut-on avoir sur les indicateurs des différentes filiales du groupe ?

Il faut dire que ce sont des conseils d’administration à mi-parcours, donc, à fin juin 2023. Vous savez que nous sommes dans un contexte très difficile. Le contexte économique sous régional et mondial aujourd’hui est très défavorable. Et nous avons connu et connaissons plusieurs crises. La situation du Sahel avec les crises sécuritaires et sociopolitiques. En plus de cela, nous connaissons justement les impacts du conflit russo-ukrainien. Et nous avons connu également, à la fin du premier trimestre, une crise de liquidité dans la sous-région. Tout cela a impacté fortement sur l’activité des systèmes bancaires en général. Mais il faut dire que les indicateurs de performance que nous avons analysés pour l’ensemble de nos filiales sont très satisfaisants. Je le dis ainsi parce que pratiquement toutes nos filiales sont à un niveau de réalisation très satisfaisant de leur budget. Et l’objectif, c’est véritablement que ces sessions nous permettent d’échanger sur les réalisations. Mais également de recueillir les orientations des administrateurs afin d’entamer le deuxième semestre de l’année avec plus d’efficacité, plus d’actions et plus d’orientations stratégiques pour un atterrissage budgétaire au 31 décembre 2023 pleinement réalisé.

Coris Bank International a annoncé, en juin, la reprise des activités de Société Générale en Mauritanie et au Tchad. De manière générale, quelle est votre stratégie d’expansion en Afrique ?

Coris est un groupe bancaire et de méso finance présent dans huit (08) pays de l’UEMOA et une présence hors zone UEMOA. Notre vision du développement de la banque, c’est d’étendre notre réseau en Afrique. Nous avons amorcé notre expansion en Afrique centrale et dans le temps explorons les opportunités dans les zones à fort potentiel. Comme vous le savez, nous assistons aujourd’hui à un nouveau vent de concentration et de retrait des multinationales. Il y a des filiales de multinationales installées depuis les années des indépendances ou même bien avant sur le continent, et beaucoup ont des politiques de recentrage appliquées en ce moment entrainant des retraits, dans un certain nombre de pays. Mais il faut dire que cela aussi a été occasionné par l’émergence des groupes régionaux comme Coris et d’autres groupes bancaires qui prennent toute la place et qui ont compris en réalité l’activité, la flexibilité, l’agilité à travailler avec les clients au niveau de l’Afrique, avec les populations africaines et ce qui nous amène effectivement à avoir des opportunités d’acquisition sur le plan du continent. C’est dans cet élan que le groupe a pu justement travailler sur ces types de dossiers, ces opportunités-là et nous avons entamé notre entrée en Afrique centrale avec la filiale de Société Générale Tchad. Et également la filiale de Société Générale Mauritanie, ce qui portera à la présence du groupe dans onze (11) pays.

Concrètement, quels sont vos projets sur le court et moyen terme ?

Il faut dire que sur la méso finance, nous avons trois autres projets en cours. Nous avons l’ouverture d’une filiale de méso finance au Bénin, au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Ce qui portera à quatre (4) d’ici la fin de cette année, le nombre des filiales de méso finances du Groupe.

Vous êtes entré maintenant avec le Tchad sur le marché de la CEMAC. Quelles sont vos ambitions pour la région de l’Afrique centrale ? Est-ce que vous avez d’autres projets dans d’autres pays de la région ?

Notre ambition au niveau de la zone CEMAC, c’est de conquérir l’ensemble des pays de la CEMAC comme nous l’avons fait déjà au niveau de l’UEMOA parce que ces pays ont les mêmes caractéristiques que les pays de présence actuelle du groupe. Et tous ces pays nous intéressent. Alors nous avons une opportunité certes qui nous permet de rentrer dans la CEMAC à travers le Tchad ; mais notre ambition, c’est de nous étendre en fait sur l’ensemble de cette région. Voici notre feuille de route actuelle.

Un mot pour finir cet entretien.

Je voudrais tout simplement vous remercier pour cette opportunité que vous nous donnez de présenter les ambitions du groupe, de dire ce pourquoi nous sommes là mais aussi féliciter l’excellent travail que vous êtes en train de faire et prier surtout pour notre sous-région qui connaît énormément de perturbations. Au Niger, avec les problèmes que nous connaissons au plan sociopolitique. Nous, en tant qu’investisseurs, notre souhait c’est que nos Etats soient stables, qu’il y ait la paix pour permettre véritablement le développement économique et social avec la contribution des systèmes financiers et des systèmes bancaires en particulier sur lesquels nous essayons de travailler. Et comme vous le savez, nous sommes le troisième groupe bancaire aujourd’hui (dans l’Uemoa, Ndlr) et donc tout ce qui touche à la perturbation politique, à la perturbation économique des Etats aujourd’hui a forcément une répercussion sur nos groupes, sur nos filiales et nous souhaitons vraiment que Dieu accompagne notre sous-région afin que nous continuions de connaître la croissance que nous avions déjà connue et que les populations puissent continuer leur développement.                

 Propos recueillis par Nephthali Messanh Ledy

 

Source: Aujourd’hui-Mali
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