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Ibrahim Thiam : «je suis content de retrouver Bamako, la chaleur du Mali…»

L’ancien défenseur des Aigles n’avait plus foulé le sol malien depuis 15 longues années. Dans cette interview, le Franco-Malien revient sur son passage en équipe nationale, évoque ses bons et mauvais souvenirs avec la sélection, décrypte les atouts et les faiblesses du groupe. Un entretien à lire à tout prix

L’Essor : Depuis votre départ à la retraite en 2010, on avait complètement perdu vos traces. Que faites-vous actuellement ?

Ibrahim Thiam : Quand j’ai pris ma retraite en 2010, je me suis reposé un petit peu pendant deux ans. En 2012, je suis rentré sur la scène de télévision BeIn sports pour commenter les matches de la CAN, de la Ligue des champions d’Afrique et de la Ligue 1 jusqu’en 2020. Pendant 8 ans, j’ai fait le tour du métier, j’ai eu le temps de faire beaucoup de choses, de parfaire ma connaissance du football qui était sommaire, en tant que joueur et qui a grandi, en tant que consultant.

J’ai arrêté le 31 juillet 2020 et depuis, je suis devenu le directeur technique associé d’une agence qui s’occupe des joueurs de foot pour toute la partie sportive, stratégie, communication, médias.

Depuis presqu’un an, je suis au prosportconseil. J’avais aussi envie de changer un petit peu de vie, d’avoir d’autres occupations au quotidien, ça m’a permis de déménager de Reims à Ajaccio. C’est aussi un choix de vie, d’être autonome et travailler dans un environnement différent de la télévision, parce que je ne voulais pas faire ça toute ma vie.

L’Essor : Qu’avez-vous ressenti en foulant le sol malien le jeudi 24 juin ?

Ibrahim Thiam : Je suis très content d’être là. Depuis 15 ans, je n’étais pas venu au Mali, ça m’a paru une éternité. Il y a eu des circonstances qui ont fait que je n’ai pas pu venir, mais je suis tellement content de retrouver Bamako, l’aéroport, la chaleur, la circulation. J’ai l’impression que c’est comme si j’étais venu hier. Le Mali est un pays auquel j’ai toujours accordé de l’importance, c’était loin des yeux, mais près du cœur. En deux ou trois jours, j’ai retrouvé tous les gens que j’aime, que je connais et que je côtoyais. Pour moi, c’est très important.

L’Essor : Vous avez porté le maillot des Aigles pendant plusieurs années. Qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans votre carrière en sélection ?

Ibrahim Thiam : J’ai été marqué par beaucoup de choses pendant ma carrière. J’ai connu des moments que les jeunes de maintenant ne connaissent pas. Quand on est allé par exemple gagner en érythrée (2-0) en 2003, phase qualificative de la CAN 2004, ensuite quand on a gagné aux Seychelles (2-0), le dernier match qui nous a permis de nous qualifier pour la CAN.

Ce sont des aventures humaines avec un groupe. à l’époque, il fallait se battre dur, même si on avait des bons joueurs, il fallait se battre sur le terrain. Je me rappelle aussi des matches au stade du 26 Mars avec l’engouement, la foule. J’en discutais hier soir (vendredi, ndlr) avec Maha (le gardien Mahamadou Sidibé, ndlr), c’est indescriptible, il faut l’avoir vécu pour savoir.

La CAN 2004 restera ma frustration éternelle. J’ai revu la demi-finale contre le Maroc (défaite des Aigles 4-0, ndlr), c’est un paradoxe. Le Maroc a tiré quatre fois et a marqué quatre buts. On a tiré beaucoup plus au but, on n’a pas réussi à marquer. L’efficacité était du côté du Maroc. Cette année-là, tous les ingrédients étaient réunis pour aller au bout, même les Tunisiens avaient peur du Mali. Malheureusement, le football est comme ça, des fois, il décide différemment.

Je pense qu’un jour, je pourrais raconter le parcours des Aigles, comment on s’est qualifié, pourquoi, avec quelle équipe, quel état d’esprit, comment on a su créer une équipe avec les joueurs nés au Mali et les binationaux comme moi, Samy Traoré, Cédric Kanté. On a réussi à créer un amalgame entre ces deux générations, c’est comme ça qu’on gagnait. On ne peut pas gagner une compétition sans un vrai groupe, c’est la base d’une réussite. On s’entendait tous bien. Par exemple, j’étais très proche de Janvier Abouta (ancien attaquant du Djoliba, ndlr) qui était l’un des joueurs locaux du groupe.

L’Essor : Est-ce que vous suivez la génération actuelle des Aigles ? Selon vous, quels sont les atouts de cette génération ? A-t-elle les moyens de remporter la CAN et se qualifier la Coupe du monde ?

Ibrahim Thiam : Oui, je suis la jeune génération. Je discute de temps en temps avec les joueurs. Les jeunes savent qui on est, peut-être ils ne savent pas encore ce qu’on a fait pour que le chemin soit frayé pour qu’aujourd’hui, ils bénéficient de certaines conditions. Peut-être un jour, je leur expliquerai, lors d’un rendez-vous, ce qu’on a fait, toutes les réunions qu’on a tenues à l’époque, on s’est battu pour certaines choses parce qu’on voulait préparer l’avenir pour nos petits frères. Aujourd’hui, on a une jeune génération de grand talent. On est fier de ces joueurs.

Les atouts, ce sont les qualités humaines du Mali et des Maliens et la qualité footballistique de ces joueurs avec Mohamed Camara, Amadou Haïdara, Cheick Doucouré, je ne peux pas citer tous les joueurs. J’ai l’impression de revoir un petit peu notre génération avec Seydou Keïta, Soumaïla Coulibaly, Mamadou Diarra «Djilla», Momo Sissoko, des joueurs de grand talent au milieu de terrain, défensivement avec des joueurs de devoir et des joueurs qui mettent des buts.

Je pense qu’on a bonne une génération qu’il faut faire travailler parce qu’elle doit nous faire gagner une compétition. L’équipe du Mali doit gagner la CAN dans les quatre ans à venir. Les moyens, on les a quand on se les donne. Elle a les qualités, après la qualité, c’est la théorie, la pratique, c’est sur le terrain. Est-ce que la Zambie avait la possibilité de gagner la CAN 2012 ? Tout le monde aurait dit non, mais elle l’a gagné quand même.

C’est du travail sur le terrain en sélection, le travail du staff technique, la préparation de l’aspect technico-tactique, de l’aspect mental, on sait que le football, c’est plus que 75% dans la tête, le reste, c’est de l’additionnel. C’est quelque chose qui se met en place à long terme pour réussir. Le plus dur, c’est d’avoir les qualités pour réussir, une fois qu’on a la recette, on essaie d’avoir les bons ingrédients et les bons outils pour mettre en application.

L’Essor : On constate que cette génération est moins efficace devant les buts. Selon vous qu’est-ce qui explique cela ?

Ibrahim Thiam : Mettre des buts concerne tous les joueurs, des milieux, des attaquants. Malheureusement, depuis un certain temps, c’est un peu le bât qui blesse au Mali. On a fini la CAN 2017 avec un seul but, en étant éliminé dès la phase de poules. On est en 2021, c’est plus de quatre ans. C’est un axe de travail très important sur lequel il faut se pencher parce qu’on a besoin de retrouver des attaquants efficaces. On se rappelle de Kanouté (Frédéric Kanouté), de Dramane Traoré (Rivaldo, ndlr), de Mamadou Bagayoko. C’est ce qui nous manque aujourd’hui pour gagner une grande compétition.

L’Essor : Que pensez-vous de l’initiative de la Fédération malienne de football d’inviter les anciennes gloires du football africain à cette finale de la 60è édition de la Coupe du Mali.

Ibrahim Thiam : Cette invitation me permet d’être là, je suis content. Je la prends comme quelque chose de positif. J’allais venir au Mali cette année quoi qu’il arrive, c’était prévu fin août, ça se précipite avec l’invitation de la Fédération. C’est bien, chaque fois qu’il y a du beau monde, c’est une bonne chose. Il y a Bassala Touré, moi, d’autres anciens joueurs qui ne sont pas Maliens comme El Hadj Diouf, Rigobert Song, ont également été invités. Je suis content d’être là et on verra la suite.

Propos recueillis
Ladji M. DIABY

Source: Essor
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