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IBK, une grossière erreur de casting des Français : Le courant ne passe plus guère entre Paris et Bamako

Nous voici un an après l’élection présidentielle malienne, qui vit accéder au pouvoir, lors d’un scrutin bâclé, Ibrahim Boubeicar Keita, dit IBK. Ami de François Hollande qu’il a connu au sein de l’internationale socialiste, IBK a disposé du soutien entier de la France. 
Aujourd’hui Paris commence à s’interroger sur le choix de ce vieux cheval de retour de la classe politique malienne, faussement consensuel et sans envergure. L’intronisation d’Ibrahim Boubeicar Keita n’a-t-elle pas été une magistrale erreur? 
La question se pose d’autant plus que ce politicien sans scrupules est mis en cause dans une procédure judiciaire française en raison des liens financiers qu’il a entretenus avec des corses affairistes et fidèles de Charles Pasqua.
Alors qu’à Kidal, Gao et Tombouctou, on assiste à une terrible sécheresse, aux dissensions et aux démissions au sein des mouvements touaregs et arabes et à la présence persistante des jihadistes, il faut bien se rendre à l’évidence. 
Le président malien, IBK, élu il y a un an exactement, n’a mis en œuvre aucune tentative sérieuse de règlement politique entre Bamako et le Nord du pays. Le pouvoir français n’aurait-il pas fait là une formidable erreur de casting, en intronisant à la tète de l’Etat malien un président aussi impuissant que médiocre ?

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Double échec 
Après l’opération Serval au Mali, le pouvoir français n’avait eu qu’une obsession : des élections vite faites bien faites, qui donnent au Mali un président légitime et consensuel, et un retrait rapide de l’essentiel des troupes françaises. Sur ces deux points, François Hollande et Laurent Fabius ont échoué.
Le « redéploiement » des 3000 à 4000 soldats français en Afrique, mis en scène par l’armée, qui ne laisserait au Mali qu’un millier d’hommes, ne trompe personne. Sans une très forte présence militaire française, le Mali serait à feu et à sang.

Au moins 2000 à 2500 hommes sont encore présents dans le pays, d’après des sources bien informées. 
Soit avec les rotations permanentes de militaires entre la métropole et Bamako et l’intendance nécessaire, 10.000 hommes sont encore engagés sur ce théâtre d’opération. Ce chiffre là n’est jamais divulgué par les services de communication du ministère de la défense.
Rappelons-nous.

Peu avant les élections présidentielles de l’été dernier, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, et les experts du groupe “International Crisis Group” avaient jugé le calendrier électoral irréaliste pour établir des listes électorales représentatives et faire voter des centaines de milliers de réfugiés. Le pouvoir français pourtant avait appelé à des élections rapides qui eurent lieu durant l’été 2013.

D’un mot malheureux, le président français avait même affirmé sur France 2 qu’il se montrerait « intraitable» sur la date du scrutin présidentiel malien, comme si la souveraineté de cette ancienne colonie n’existait pas. Peu importe le flacon, pourvu qu’on aie l’ivresse, même frelatée, d’un ersatz de démocratie, semblent penser les autorités françaises qui ont, un peu plus tard, cherché à vendre aussi leur kit démocratique… en Centrafrique, avec le succès que l’on sait!.

Populiste, autoritaire et opportuniste 
Seulement voilà, les Français auraient du se méfier d’IBK, qui a toujours été un mélange improbable de populisme conservateur et d’opportunisme politique.
On le vit tour à tour faire alliance avec le capitaine putchiste Sanogo, aujourd’hui emprisonné (à qui il vient d’envoyer des émissaires), avec le chef wahhabite et ultra conservateur du Haut Conseil Islamique, Mahmoud Dicko (qu’il emmène dans sa délégation lors de ses déplacements officiels), ou encore avec les affairistes corses de Pasqua, dont Michel Tomi actuellement mis en cause judiciairement en France.

Depuis son élection il y a un an, le président malien n’a rien fait ou presque pour réunir les forces en présence au Nord Mali, flattant le nationalisme des tribus noires majoritaires face aux touareges. Pour masquer sa mauvaise volonté dans le processus de négociation, IBK a fait mine d’en appeler à ses voisins marocain, algérien, mauritanien ou actuellement burkinabé pour jouer le rôle d’intercesseur. 
Mais hélas tous ces pays ont quelques intérêts au Nord Mali et quelques alliés au sein de la mouvance touareg.

La solution régionale n’est qu’une façon habile de neutraliser tout le monde.
Pour expliquer son échec, IBK s’en est pris publiquement aux liens entre les militaires français et le MNLA, le principal mouvement touareg au Nord. Il est vrai que ce rassemblement a toujours joué l’alliance avec l’armée et les services français, qu’il a aidés a pourchasser les jihadistes dans les massifs montagneux.

Du coup, Hollande et Fabius ont toujours refusé de désarmer cette organisation qui fait la loi dans la région de Kidal et interdit à l’armée malienne d’entrer dans sa zone d’influence. 
En guise de réponse au président malien, le gouvernement français instrumentalise les mises en cause judiciaires d’IBK dans le dossier du corse Michel Tomi, qui a aidé financièrement le président malien.

Des fuites dans la presse sur cette instruction judiciaire, notamment dans le Monde, sont destinées à forcer l’allié malien à négocier avec les mouvements rebelles du nord.
Autant de tentatives vaines, le courant ne passe plus guère entre Paris et Bamako/ L’impasse apparait totale, malgré un discours toujours optimiste des services de communication de l’armée et de la diplomatie françaises. Laurent Fabius n’a-t-il pas déclaré que la France avait “sauvé” le Mali?

Nicolas Beau (Mondafrique)

SourceLerepublicainmali

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