INTERVIEW (PRESQUE) IMAGINAIRE
Faite, dans les colonnes de notre confrère « Jeune Afrique », la déclaration du président de la République, selon laquelle les deux hélicoptères Puma, récemment, acquis par l’armée malienne « sont cloués au sol, faute d’une maintenance appropriée », a suscité colère et indignation au sein de l’opinion publique.
Pour en savoir davantage sur les « tenants et les abrutissants » de cette affaire, nous avons tendu notre micro au Chef de l’Etat, visiblement, en colère. Interview à haut risque.
Mr le président, l’affaire des deux hélicoptères, cloués au sol, suscite colère et indignation au sein de l’opinion publique nationale, voire internationale.
Il y a de quoi, Le Mollah ! Depuis que j’en ai été informé, je ne dors plus que d’un œil, voire d’un œil et demi. Comment des Maliens, civils et militaires s’entend, chargés d’acheter des hélicoptères de combat neufs pour permettre à notre pays de se défendre contre les terroristes, peuvent-ils avoir le toupet d’acheter des hélicoptères d’occasion interdits de vol en Europe pour venir les présenter au peuple malien comme étant des avions neufs ?
Donc, ce n’est plus une question de maintenance, puisque ces deux hélicoptères seraient interdits de vol en Europe…
C’est vrai ! En réalité, ils ont préféré acheter des épaves en lieu et place d’hélicoptères neufs pour s’en mettre plein la poche.
Qui sont les personnes chargées de piloter le processus d’achat de ces deux hélicoptères Puma ?
Ce sont de hauts responsables, civils et militaires, des officiers supérieurs de l’armée censés connaître les avions, puisque c’est leur spécialité.
Pouvez-vous nous citer quelques noms ?
Au stade actuel de l’enquête, je ne peux citer aucun nom, sinon ils quitteront le pays à dos d’âne, dès ce soir.
Mais que les Maliens se rassurent : tous ceux qui sont mouillés dans cette affaire seront traduits devant la justice pour « escroquerie en bande organisée, abus de confiance, détournement de dénier public et haute trahison ».
Que répondez-vous aux Maliens qui vous rétorqueront que vous leur avez fait la même promesse avec l’éclatement du premier scandale des équipements militaires ?
Cette fois-ci c’est différent. Les auteurs de cette tromperie sur la marchandise sont connus, ou presque. Et la machine judiciaire se mettra, bientôt, en branle. Comme dirait « Lassidan » : qui vivra va verra !
Il paraît qu’un général de l’armée, membre de la commission chargée de piloter le processus d’achat de ces deux hélicoptères aurait été, longuement, entendu par votre cabinet.
Ah bon ? Je ne suis pas au courant.
Selon nos informations, un autre général, ex-chef d’état-major des Armées serait impliqué dans cette affaire. Qu’en pensez-vous ?
Je ne sais pas de quoi vous parlez.
Il paraît que, lui aussi, aurait été entendu des heures durant par votre cabinet
Je n’en sais rien !
Vous n’en savez rien, ou vous ne voulez pas répondre à la question ?
Je n’en sais rien ! Est-ce que je suis obligé de répondre à toutes vos questions ?
Oui, Mr le président, parce que les Maliens ont le droit de savoir comment vous dépensez leurs impôts.
Je n’en sais rien !!!
Mr le président, les contrats de vente de ces deux hélicoptères seraient illisibles, donc difficiles à lire. N’est-ce pas là un indice qui aurait dû attirer l’attention du ministre de la Défense d’alors, ou de ses conseillers ?
Qui t’a dit qu’ils ne savaient pas cela ? A mon avis, ils savaient très bien ce qu’ils savaient.
Ah bon ? Donc, c’est la raison pour laquelle ils vous, aussi, caché le rapport rédigé par les vendeurs sur l’état de ces deux hélicoptères ?
Vous avez tout compris, Le Mollah ! Il a fallu attendre l’arrivée d’un nouveau chef d’état-major aux commandes de l’armée de l’Air pour que ce fameux rapport soit divulgué.
Que dit-il sur l’état de ces deux hélicoptères Puma ?
Que ce sont des épaves qu’on nous a vendus au prix du neuf.
Avec, au passage, quelques milliards CFA passés par perte et profit…
C’est bien de cela qu’il s’agit. Car, en réalité, ce n’est pas une simple question de maintenance, dont il s’agit ; mais de l’arnaque de toute une nation. Et ses auteurs me le paieront cher, très cher.
Propos recueillis par Le Mollah Omar
Source: Canard Déchainé