Sur l’immense table à manger, un gros plat de haricot surmonté de gros morceaux de poulet rôti. En face, IBK, le visage barré par un large sourire. Il tenait, dans une main une cuillère et, dans l’autre, une fourchette.
Au moment où il s’apprêtait à avaler la première bouchée, nous pénétrons dans le salon.
Soudain, il referme son plat de haricot, se lève et vient nous accueillir. Comme si de rien n’était. Avant de nous conduire dans un autre salon, décoré à l’italienne. C’est là, que se déroule, pour la seconde fois, l’interviou qu’il a bien voulu nous accorder. C’était, samedi dernier, en milieu de journée, à sa résidence privée de Sébénikoro.
Mr le président, votre salon sent le haricot au poulet.
Où avez-vous vu du haricot ? En tout cas, pas dans cette maison. Ici, on ne mange pas du haricot, le plat préféré des Touré. Vous n’êtes pas chez ATT, mais chez IBK, un Maninka pur sucre.
Le plat devant lequel vous souriez, juste avant notre arrivée, est un plat de haricot. Mon odorat ne me trompe jamais.
Bon, ça va, ça va ! C’est ATT qui a demandé à mon épouse de lui préparer un bon plat de haricot pour son déjeuner. Comme tout bon Touré qui se respecte.
Mr le président, c’est pour ATT ou pour vous même ?
Je vous le dis et vous le répète : ce plat de haricot est destiné à ATT. Un Maninka, digne de ce nom, ne bouffe jamais du haricot. Jamais !
Au moment où nous franchissions la porte du salon, vous vous apprêtiez à avaler la première bouchée.
Je ne sais pas de quoi vous parlez ! Ce chapitre est clos.
Comment va votre « Dôgô Fari » ?
De qui parlez – vous ?
L’honorable Soumaïla Cissé, alias « Soumi-champion ».
Ne me parlez plus de celui-là. Certes, mon jeune frère bien –aimé est un bon cadre, intelligent, l’un des meilleurs de ce pays. Mais, c’est un piètre politicien.
Pouvez-être plus clair ?
Si « Soumi » était fin politicien, il allait saisir main tendue. S’il l’avait fait, il se pourrait même que je fasse de lui mon dauphin en 2023. Malheureusement, il a suivi les conseils de son petit cercle restreint. Voilà pourquoi j’ai dit que c’est un cadre intelligent ; mais un piètre politicien.
Il s’agit de votre jeune frère quand même ?
Mais un jeune frère qui voulait se payer la tête de son « Kôrô »
Comment cela ?
Il a refusé de participer au Dialogue national inclusif qu’il avait, lui-même, réclamé des mois durant, en tant que chef de file de l’opposition. Et quand j’ai accédé à cette demande, il a refusé d’y participer, croyant qu’il allait faire échouer cette rencontre inter-Maliens. Et, du même coup, me mettre les Maliens à dos.
En d’autres termes, il voulait se payer ma tête, moi j’ai eu la sienne sur un plateau d’argent.
C’est à dire ?
Il voulait me jeter en pâture aux Maliens. Aujourd’hui, c’est lui qui sombre dans l’anonymat. Et, avec lui, son parti. Il croyait pouvoir rebondir, en organisant le congrès de son parti pendant la phase nationale du Dialogue national inclusif. Rien n’y fait. Le congrès de l’URD est passé inaperçu. Car, tous les regards étaient tournés vers le CICB, qui abritait cet événement.
Bref, « Soumi » s’est pris les pieds dans son propre tapis.
En dépit de l’absence de l’opposition, le Dialogue national inclusif aura été un succès.
C’était une réussite totale. Et les résolutions qui en sont issues seront mises en œuvre. Parole du « Kankélintigui », l’unique de la République du Mandé.
Seriez-vous à Pau, aux côtés de vos homologues du G5 Sahel, le 13 janvier prochain ?
Bien sûr !
Qu’allez-vous dire à Macron, les yeux dans les yeux ?
La vérité, toute la vérité, rien que la vérité, celle de nos populations qui vivent la crise dans leur chair et leur âme. Pour la première fois, je parlerai à Macron en vrai Maninka. Et en Malinké.
Je te ferai le compte rendu détaillé à mon retour. Inchallah !
Propos recueillis par le Mollah Omar
Source: Canard Déchainé