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IBK ou la politique du balai : Les institutions malades de l’instabilité

Le principal trait de caractère des institutions sous IBK est l’instabilité en raison des changements incessants de cadres et de ministres. Et la chose n’a rien de bon…

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Elu à 77% des voix par les Maliens dans l’espoir qu’il sortirait le Mali du gouffre, le président Ibrahim Boubacar Kéita semble tergiverser tant dans sa politique que dans le choix de ses hommes. La relance économique et la sécurité restent encore des mirages pour les Maliens. Un facteur n’est peut-être pas étranger à cette situation: l’instabilité ministérielle et administrative. En effet, pour faire face aux nombreux défis qui leur sont posés, les cadres nommés doivent pouvoir bénéficier du temps nécessaire à l’étude des dossiers, à la construction d’une stratégie de travail, à la prise des décisions et au suivi de leur exécution. Or, l’administration publique, sous IBK, se caractérise par une instabilité chronique qui nuit gravement à la qualité de la gouvernance et plonge les fonctionnaires dans la psychose : ne sachant pas de quoi demain sera fait, ils perdent tout esprit d’initiative et se préoccupent du mnimum vital: sauvegarder leur pain quotidien.

 

Instabilité ministérielle

De septembre 2013 à nos jours, le Mali a connu trois Premiers Ministres (Oumar Tatam Ly, Moussa Mara et Modibo Kéita). Chacun de ces Premiers Ministres vient avec de nouveaux ministres qui sont limogés ou changent de portefeuille avant même d’entamer les tâches qui leur sont confiées. Ces changements incessants produisent leur pire effet quand ils frappent des départements sensibles comme l’Education, les Finances, l’Administration Territoriale, la Justice et la Défense. Ainsi, en moins de deux ans, le ministère de la Défense a connu trois titulaires différents (SoumeylouBoubèyeMaiga, Ba Ndaw et Tiéman Hubert Coulibaly); le département de l’Education a connu, pour sa part, deux ministres (Jacqueline Togola et Berthélémy Togo); celui des Finances en a aussi connu deux (Madame BouaréFily Sissoko et Mamadou Igor Diarra); celui de la Justice en a connu également deux (les homonymes Mohamed Ali Bathily et Mohamed Diarra). Chacun de ces ministres institue ses propres priorités, ses propres méthodes, ses propres hommes et, bien sûr, ses propres hommes. Avec les dégâts que l’on imagine sur la continuité de l’action étatique et la sérénité des interlocuteurs de l’Etat…

Chargé d’organiser les élections et devant, à ce titre, bénéficier d’une ferme stabilité, le ministère de l’Administration Territoriale est devenue, depuis 2013, une véritable girouette qui ne cesse de changer de tête et de direction. Le département est revenu tout d’abord au général Moussa Sinko Coulibaly, l’organisateur des élections victorieuses de 2013. A la démission du gouvernement d’Oumar Tatam Ly, le général SadaSamaké, un proche d’IBK, est nommé à la tête du département, renommé à l’occasion « Ministère de l’Intérieur »; Sada a alors sous sa tutelle un ministre délégué chargé de la Décentralisation: Malik Alhousseyni. Un trimestre plus tard, nouveau changement: Sada reste ministre de l’Intérieur mais son ministre délégué chargé de la Décentralisation tombe au profit d’un nouveau-venu: Ousmane Sy. Devenu Premier Ministre, Modibo Kéita transforme le ministère de l’Intérieur en un super-ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation qu’il confie à Idrissa Maiga, l’ex-directeur de campagne d’IBK; au passage, Sada doit se contenter du département de la Sécurité et Ousmane Sy est remercié, son poste ayant été rattaché au département-mère. Dans ce violent tourbillon qui souffle à la Défense et à l’Administration Territoriale, tout va sens dessus-dessous. Préfets, sous-préfets et chefs militaires ne savent plus à quel saint se vouer. Ils vivent dans la hantise permanente de changer de poste ou de devoir mettre en oeuvre le contraire de ce que le ministre précédent leur avait demandé. Sans compter les dommages collatéraux qui peuvent découler pour eux du limogeage de tel ou tel ministre qu’ils avaient cru indéboulonnable en raison de sa proximité avec le chef de l’Etat.

En matière d’instabilité, le ministère de la Communication est, avec ceux de la Défense et de l’Administration, champion toutes catégories. Trois ministres s’y sont succédé en moins de deux ans: Jean Marie Sangaré,  Mahamadou Camara et ChoguelMaiga, l’actuel titulaire. Si Choguel s’est vu attribuer la qualité de porte-parole du gouvernement, ses deux prédécesseurs étaient chargés de communiquer mais pas de porter la parole gouvernementale, ce privilège revenant à l’époque à Mahamane Baby, ministre de l’Emploi.

 

Instabilité administrative

Puisque le gouvernement ne cesse de se refaire et de se défaire, les cabinets et les services techniques rattachés aux ministères suivent le même mouvement. Il ne se passe pas de jour sans qu’on assiste à de nouvelles nominations en conseil des ministres. Chaque conseil des ministres ressemble à une razzia. Fait notable, les ministres changent leur cabinet, non au compte-gouttes, mais intégralement. Les deux derniers conseils des ministres du gouvernement Modibo Kéita illustrent parfaitement ce constat.

Lors du conseil des ministres du 28 janvier 2015, le ministre des Finances, Mamadou Igor Diarra, a fait sortir un grand balai en changeant le chef de cabinet et quatre conseillers techniques et chargés de mission. Dans la foulée, il a remplacé les directeurs du Trésor, du Budget et des Douanes, ainsi que le Payeur Général du Trésor, le Receveur Général du district et l’Agent Comptable Central du Trésor.

Au conseil des ministres du 4 févier, Dramane Dembélé, ministre de l’Habitat, a lui aussi changé tout son cabinet, de même que  certains directeurs de services. A l’instar de Dembélé, le ministre de l’Administration Territoriale a changé une dizaine de préfets et de conseillers des gouverneurs. D’où cette interrogation: l’instabilité sert-elle de politique à IBK ? Traduit-elle l’inefficacité des ministres, l’absence de programme du président ou la volonté de celui-ci de contraindre les ministres et les hauts cadres dans une obéissance aveugle ?

 

Abdoulaye Guindo

 

Source: Procès Verbal

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