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IBK face à la Nation : «Nous sommes en guerre. Une guerre imposée qui est loin d’être finie…»

Alors que, plusieurs de ses compatriotes, larmes aux yeux, mais toujours optimistes depuis 6 ans, espéraient entendre des mesures concrètes sur la question sécuritaire alarmante dans notre pays à travers  de nouveaux dispositifs au plan sécuritaire bien planifiés, le Président Ibrahim Boubacar Kéïta a plutôt préféré lever  le suspens quant à fin  de la guerre dans notre pays. Selon lui, elle est «… imposée» à nous et elle est «loin d’être finie». Cela ne veut-il pas dire tout ce que ça veut dire ?

En  boubou bleu-clair  comme pour signifier la paix, lunettes aux yeux, le locataire de Koulouba, comme le souhaite la tradition institutionnelle, est paru sur les écrans de la chaine nationale ORTM, dans la nuit du 19 au dimanche 20 janvier dernier. Il a fait, en tant que Chef Suprême des Armées, une adresse à la nation  à l’occasion du 58e anniversaire de l’armée nationale. À travers l’alignement classique et bien maniéré de ses mots, comme à ses habitudes, tous les indices nous prouvaient que Mandé Bourama a potassé au moins quelques Latins à son passage sur les bancs de la fameuse Université de Sorbonne de Paris même si certains   jugent cette histoire à prouver (mais ça, c’est une autre histoire).

En faisant un rétrospectif sur les dernières années écoulées, IBK, après avoir présenté laconiquement ses condoléances à l’endroit des familles endeuillées de la crise sécuritaire comme toujours sans faire bouger la ligne, a entonné quelques mots bien indicateurs quant à la source de la crise multidimensionnelle dont nous vivons depuis plusieurs années. Ceux qui ont été tués, ceux qui ont été blessés et ceux qui sont déplacés ; bref, selon lui, la situation dont nous vivons n’est pas tombée du ciel. Elle est planifiée et imposée certainement par un cercle dont lui-même a préféré  taire le nom.

Certes, c’est une crise qui est venue d’ailleurs et planifiée, mais c’est sous  son Régime qu’elle s’est aggravée en se débordant de son cadre originel pour se généraliser et devenir une gangrène beaucoup plus meurtrière dans la Région de Mopti avec les manigances de son actuel Premier Ministre, Soumeylou Boubèye Maïga.

Alors, la vie du Malien continuera-t-elle d’être un fonds de commerce ? En tout cas, ces passages dans son discours en disent long. «Nous sommes en guerre. Une guerre imposée qui est loin d’être terminée. Hélas ! » Le hic , selon lui, est que non frontal, l’adversaire dans ladite guerre est une série de bombes artisanales enfouies sur nos passages, d’embuscades à l’aube, de zizanies méthodiquement entretenues entre nos communautés et une économie criminelle qui «se nourrit de l’argent de la drogue, du trafic d’êtres humains et de bien d’autres odieuses transactions ».

Pour ce faire, notre Grand IBK a rappelé du soi-disant engagement de son Régime (comme toujours sans résultat escompté aucun)  à restructurer nos forces de défense et de sécurité. «Il s’agissait, dans une œuvre de longue haleine, mais qui devait incessamment commencer, d’aider à l’émergence des forces véritablement professionnelles et républicaines, dédiées à la protection du territoire et des citoyens. Les différentes Lois d’Orientation et de Programmation Militaire et de Programmation de Sécurité Intérieure qui traduisent une telle volonté politique nous ont conduits à une restructuration profonde, j’allais dire une refondation, de nos forces de défense et de sécurité. La réforme structurelle et opérationnelle de nos forces de défense et sécurité est en marche. Elle est une réalité, malgré ses acquis fragiles ». Des programmes qui tardent jusque-là  à fournir les résultats escomptés sur le terrain. Cela, compte tenu de la détérioration continuelle de l’atmosphère sécuritaire qui s’est généralisée du Nord au Centre sur fond de conflits dits interethniques.

L’armée, une révision structurelle et organisationnelle nécessaire ?

20 janvier 1961-20 janvier 2019, l’Armée malienne a 58 ans. Cinquante-huit ans d’existence qui présente un bilan glorieux quant à la bonne foi des hommes et des femmes qui se sont et continuent de se sacrifier pour la sécurité des citoyens avec  leurs biens  et la défense de l’intégrité territoriale; mais, aussi, un bilan  en dessous des espérances quant à la politique sécuritaire des différents Gouvernements  qui ont tous voulu atténuer les nerfs pour juste pour vivre leur vie de Gouvernants, mais pas pour professionnaliser l’Armée et la construire sur des bases solides. De l’ancien Président Moussa Traoré à l’actuel IBK en passant ceux d’Alpha et ATT, que d’Officiers et Généraux ont été nommés, que de belles allocutions ont été prononcées lors des cérémonies de défilés militaires, que de Budgets et ressources économiques ont été débloqués au profit  l’appareil militaire, mais engloutis dans les poches de leurs caïmans. Ce qui fait que les pauvres citoyens attendent vainement à des suites escomptées. Au lieu de l’Armée, c’est plutôt les bandits armés, les trafiquants de drogues qui règnent en maîtres absolus  sur une grande partie du territoire national ; singulièrement à Kidal et dans les Régions du Centre. Les recrutements ne sont-ils même pas devenus un fonds de commerce   qui oblige au postulant  d’avoir soit un bras long (appelé sous-couvert), des dessous de table ? Bref,  les maux qui gangrènent  notre Armée font que c’est tout le dispositif militaire qui nécessite une révision générale. Cela, au niveau de toutes ces unités et composantes militaires et sécuritaires. Sur le plan du traitement des dossiers  de recrutement, par exemple, ou de l’organisation structurelle des FAMA et de ses plans de sécurisation nationale.

Alors, ces manquements seront-ils pris en charge lors du prochain Conseil de Sécurité annoncé et la relecture des textes fondamentaux ?

Loin d’être pessimiste même si la situation va de mal en pis avec comme preuve la récente tuerie dans le village peulh de Koulogon, dans la Région de Mopti, faisant 37 morts (selon le bilan officiel), le Peuple malien est et reste confiant. Ce, en espérant que  sa vaillante armée, contrairement à ses Gouvernants, saura relever le défi de sécurisation et de restauration du climat de paix et de cohésion sociale d’antan. Surtout si ce Régime  d’affairisme et de politique de diviser et de semer la terreur et désolation de partout pour régner et piller les caisses de l’État.  Car, faut-il le redire, du Régime militaire Moussa Traoré à celui d’Amadou Toumani Touré jusqu’à nos jours, la question de sécurisation des citoyens reste toujours d’actualité nonobstant les discours pittoresques et des démarches de soigner-images des différents Gouvernements successifs.

Bonne fête à l’Armée malienne …

Seydou Konaté

LE COMBAT

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