A la faveur de leur congrès tenu le week-end dernier, le mouvement islamique « Sabati 2012″, qui, sous la houlette du Chérif de Nioro et de Mahmoud Dicko, président du Haut Conseil Islamique du Mali, aurait largement contribué à porter au pouvoir le président Ibrahim Boubacar Kéita, vient de pointer un doigt accusateur sur le chef de l’Etat. Mécontents du Président IBK, les responsables du mouvement Sabati (Dicko et Bah) ont dressé un bilan sombre de son parcours. «Certes IBK a eu des difficultés dans la gestion du pouvoir, mais, aujourd’hui, le peuple est loin du pouvoir et la gestion du pouvoir va de mal en pis. Après une année de gestion, nous avons perdu Kidal. Après une année de gestion, plusieurs militaires sont prisonniers de guerre entre les mains de l’ennemi. Après une année de gestion, plusieurs ennemis prisonniers ont été relâchés. Après une année de gestion, toute la communauté internationale fait dos au Mali», ont-ils regretté, invitant le mouvement à soutenir tout de même les actions du chef de l’Etat, afin d’éviter de replonger dans le chaos.

Ces  déclarations des leaders religieux transgressent une rupture d’alliance entre IBK et les confréries musulmanes qui l’auraient aidé à prendre le pouvoir. Pourquoi maintenant et pourquoi annoncer la rupture en public? Selon de sources proches de certains leaders musulmans, le président IBK aurait heurté la sensibilité de ses alliés en participant aux côtés du ‘’monde chrétien et juif’’ en France, à la marche destinée à soutenir les journalistes caricaturistes du Prophète Mohammad.

D’autres sources, du reste, vagues, parlent du fait que certaines têtes de proue n’auraient pas apprécié la conduite du président vis-à-vis d’eux après sa brillante élection dont les associations ou autres confréries musulmanes revendiquent d’ailleurs la paternité.

On susurre aussi que le président de la République n’écoute plus les desideratas du puissant Chérif de Nioro.

La vraie pomme de discorde

En effet, la vraie pompe de discorde réside surtout, selon certaines sources, dans la relecture du code de la famille dont une partie de la loi est sur la table de l’hémicycle et dont on prête au président la volonté de faire la part belle aux femmes. On parle aussi du quota pour les femmes actuellement sur la table de l’Assemblée nationale. « Si cette loi passe à l’Assemblée nationale, l’histoire nous dira ce qui adviendra », a prévenu Moussa Boubacar Bah, président du Mouvement Sabati. Certes le Mali, poursuit-il, est, dit-il, un pays laïc, mais on ne doit pas ignorer la majorité dans un pays, au risque de faire trop de frustrés.

Et le président du Hcim, Mahmoud Dicko, de rétorquer : «  bien que le président IBK reste mon ami, je ne le suivrai jamais dans cette voie au détriment du peuple et de ma religion ». A l’en croire, il est encore temps que le président  IBK  se ressaisisse très vite pour le bonheur de la nation.

Aliou Touré

source : LE MATIN