Après les élections présidentielle et législative, les responsables nationaux du parti ADEMA sont en train de rencontrer les sections de base en vue de remobiliser les militants. Samedi 23 août, la section de la commune 6 du district a ainsi reçu une délégation du Comité Exécutif dirigée par l’honorable Hamada Sokouna, député de Yélimané, accompagné du Pofesseur Ali Nouhoun Diallo, Boubacar Bah dit Bill, Assarid Ag Ambarcaouane et Moustaph Dicko, tous membres du C.E. Quoique démissionnaire de la première vice-présidence, l’ancien ministre Iba Ndiaye était aussi là. Les débats, fort animés, ont duré de 10 à 14 heures.
Echec électoral
Aux militants venus nombreux, le chef de la délégation a expliqué l’objectif principal de la rencontre : échanger avec la base et identifier les difficultés auxquelles elle fait face, mais aussi tirer les leçons du fiasco enregistré à la présidentielle et aux législatives passées, le tout afin de permettre à l’ADEMAde redevenir la première force politique du Mali. A la question d’un militant de savoir quelle stratégie adopter pour les élections communales à venir, Soukouna répondra que le parti, après avoir échoué à gagner le second tour à la présidentielle, a noué, aux législatives, une alliance avec le RPM, espérant gagner un grand nombre de députés. Ce choix est revenu, en réalité, aux candidats à qui le parti avait laissé toute liberté d’action. Le parti a, au final, gagné 15 députés. Au passage, il a délaissé ses alliés classiques comme l’URD, lesquels, parfois, se sont vengés de lui en s’alliant au RPM. Selon l’orateur, le bilan du parti aux législatives est plutôt maigre. Il aurait pu avoir davantage d’élus s’il avait respecté la plateforme politique FDR signée, au départ, avec l’URD, le PARENA, les FARE et d’autres. La preuve ? En 2007, après avoir soutenu ATT, le parti n’a pas systématiquement composé avec les alliés de ce dernier et n’en a pas moins obtenu la majorité au parlement.« Nous ne devrions plus commettre l’erreur des législatives de 2013 et nous devrions respecter les directives du Comité Exécutif », conseille Soukouna,
Financement du parti
A la question de savoir comment le parti, qui n’est plus aux affaires, trouvera des financements, Soukouna répond que de l’époque d’Alpha Oumar Oumar Konaré jusqu’à nos jours, l’ADEMA n’a pas pu créer les conditions d’un financement stable mais a plutôt reçu des appuis ponctuels du président Konaré ou du premier ministre d’alors, IBK. Une telle situation est, selon Soukouna, déplorable quand on sait que l’ADEMA a passé dix bonnes annéess au pouvoirs (de 1992 à 2002) avec, dans ses rangs, une immense foule de cadres et d’opérateurs économiques. « Il m’est arrivé de payer de ma poche 200. 000 FCFA pour rétablir l’électricité au siège du parti qui, au même moment, comptait 23 ministres dans le gouvernement! », révèle l’orateur.Même sous ATT, combien de fois n’a-t-on pas coupé le courant et le téléphone au siège de l’ADEMA pour non-paiement des factures ? ». Soukouna a dénoncé le non-paiement des cotisations et le fait que les cartes de membres ne soient pas assez achetées par les militants. « Maintenant que le parti est avec le pouvoir, et non au pouvoir, les militants seront obligés de mettre la main à la poche pour son financement », conclut-il.
Choix du candidat à la présidentielle
Par rapport au choix du candidat aux futures présidentielles, Soukouna recommande un débat au sein des organes du parti pour identifier les erreurs et trouver des rémèdes. « Le scrutin de 2013 a fait mentir ceux qui estimaient que les vieux constituaient un obstacle à l’émergence du parti: en 2013, un jeune n’a pu relever le défi. De plus, à la présidentielle, les deux candidats arrivés en tête étaient les plus âgés de tous. Enfin, c’est grâce aux vieux que l’ADEMA tente aujourd’hui de redémarrer », analyse le chef de délégation.
Les confidences du Professeur Ali Diallo
Prenant la parole, Pr Ali Nouhoun Diallo dira que si les militants cotisaient régulièrement, le parti aurait pu construire son siège depuis longtemps: « Or, après 10 ans au pouvoir et 20 ans aux affaires, l’ADEMA continue de louer son siège, ce qui signifie que cette formation s’est installée dans une mentalité d’assisté ». Ali Diallo estime que tout militant doit contribuer au financement du parti en payant régulièrement les cotisations et en renouvelant régulièrement sa carte de membre qui, en réalité, ne coûte presque rien. Pour Ali, l’ADEMA doit être fière des 10 ans de pouvoir qu’il a eu à exercer car c’est à cette époque que « les fondements du développement du Mali » ont été jetés. Il rappelle que quand ATT fut élu (avec l’aide du parti ADEMA), il est venu dire au siège du parti: « Sans vous, je ne peux pas gérer le Mali; j’entends suivre votre améliorer ce que vous avez fait de bien et réussir là où vous avez fait moins bien, pour qu’ensemble, nous portions le Mali plus haut que vous ne l’avez fait ».
Ali relate qu’IBK a, il y a une dizaine de jours, reçu le C.E. pendant une heure et demie.
Le chef de l’Etat, aux dires de l’orateur, a vivement remercié l’ADEMA de n’avoir pas aboyé avec les autres, de n’avoir pas condamné systématiquement ses actions depuis un an. IBK a ainsi confié au C.E: « Sans l’ADEMA, le pays ne sera pas stable ». IBK, poursuit Ali, a tant de considération pour l’ADEMA qui s’est senti obligé de clarifier sa position dans beaucoup de domaines, notamment ses relations avec les putschistes du 22 mars 2012.
Ali se déclare convaincu qu’un jour, l’ADEMA reviendra au pouvoir.
Pour cela, il faudra que chacun cesse de penser qu’il est incontournable. A la question de savoir pourquoi l’ADEMA n’est pas à l’opposition, Ali Diallo répond que le parti ne s’oppose pas à un homme ni ne soutient l’actuel régime pour des raisons alimentaires. « Contrairement à ce que les gens pensent, les dirigeants de l’ADEMA, lors de la rencontre – la toute première depuis la présidentielle de 2013 – avec IBK, lui ont dit: « Nous ne venons pas chercher notre part de gâteau, mais nous venons prendre notre part de fardeau. », rappelle Ali. Nous sommes assez lucides à l’ADEMA pour savoir que l’euphorie qui a suivi l’élection d’IBK s’arrêterait très vite et qu’alors, il faudrait faire en sorte d’éviter au pays l’instabilité. Seul réussira le peuple malien uni sur la base de la vérité », conclut l’ancien président du parlement.
Ce qu’Ali n’a pas dit
Ali n’a pas rapporté tout ce que le chef de l’Etat a dit à la délégation de l’ADEMA. Il ressort de nos investigations qu’IBK a insisté sur le fait que sans l’ADEMA, il ne peut gérer le pays. « Je suis au courant de la chasse livrée à vos cadres, injustement relevés de leurs fonctions. Je vous promets de les réintégrer dans leurs fonctions. L’ADEMA regorge de cadres compétents. », a déclaré IBK.Le président d’ajouter: » Je me sens à l’aise avec vous, vous mes anciens camarades de parti; j’ai la nostalgie de mon bureau au siège de l’ADEMA ». En contrepartie, le chef de l’Etat demande à l’ADEMA d’engager ses élus à le soutenir.
Abdoulaye Koné