Le pays traverse une phase décisive. On peut même parler légitimement de traversée du désert, voire dire qu’il marche sur le chemin de croix. Les calvaires que certaines puissances dites grandes du monde dites ne cessent de lui infliger au quotidien sont tels que le but recherché est de lui couper le souffle pour l’asphyxier à court ou long terme. Leur détermination à lui briser la colonne vertébrale par les pires souffrances (embargo total pendant six mois aux fins de visées criminelles) afin de le mettre à genoux pour s’accaparer des richesses de son sous-sol et d’autres potentialités énormes dont celui-ci regorge, n’a d’égale que leur propension à exploiter injustement ceux qu’elles pensent assujettir de bon droit. C’est dans ce contexte que l’avant-projet de la nouvelle constitution est en train de susciter beaucoup de réactions et de cris d’orfraie.
Dans cette cacophonie assourdissante, seuls les patriotes convaincus et conscients des enjeux seront à mesure de relever les énormes défis auxquels nous faisons face. Pourquoi tant de polémiques autour d’un texte qui n’est qu’à sa phased’expérimentation, embryonnaire si l’on ose dire ? Les Maliens doivent faire extrêmement attention à la conception et à l’accueil du nouveau bébé tant attendu. Peut-être celui-ci ne naîtra pas parfait avec toutes les parties de son corps comme on l’attendait,mais c’est à nous de l’élever et l’éduquer pour qu’il satisfasse et réponde à tous nos besoins. Tel est l’impératif citoyen, l’exigence du patriote malien soucieux de ne pas compromettre tout l’avenir à l’occasion de controverses qui, à y regarder avec hauteur, ne constituent qu’un détail que l’intelligence peut vite transformer en perle pour l’avenir.
Le fameux article 31, parlons-en : j’ai eu la chance d’être député de la 5ème législature. La question de la langue a été une grande préoccupation à l’époque car on a eu des débats houleux dans l’hémicycle sur la langue d’expression. Chemin faisant, le Gouvernement a déposé en 2016 sur la table de l’Assemblée nationale le projet de loi N°16-70/5L fixant les modalités de promotion et d’officialisation des langues nationales. Malheureusement, ce projet de loi, minutieusement examiné par les députés, n’a pas pu être voté car la constitution verrouillait beaucoup d’aspects. Si aujourd’hui nous avons la chance d’aller à une 4ème République en adoptant une nouvelle constitution,sachons raison garder et allons à l’essentiel. La Refondation de la nation dont il est question n’est pas et ne saurait être un vain mot. Le Cadre Stratégique de la Refondation de l’Etat adopté le 1er juin dernier est un signal fort avec son plan d’action. Personnellement, je pense que si la transition parvient à asseoir les bases réelles de cette Refondation, ce à quoi elle s’attèle avec l’énergie du sauveur, le reste du processus serait irréversible,quels que soient les dirigeants du pays après la transition. C’est pourquoi j’implore le ciel en appelant à l’union sacrée du peuple malien pour traverser ces périodes cruciales, et je propose l’article 31 reformulé ainsi : « Les langues parlées au Mali par une ou plusieurs communautés linguistiques font partie du patrimoine culturel. Elles ont le statut de langues nationales et ont vocation à devenir des langues officielles. La loi fixe les modalités de protection, de promotion et d’officialisation des langues nationales. Le français est la langue d’expression officielle. L’Etat peut le supprimer ou le modifier et adopter, par la loi, toute autre langue nationale et/ou étrangère comme langue d’expression officielle. »
Après, l’Etat, à travers les départements et certaines structures techniques, telle que la DNAFLA, s’occupera de tous les autres aspects. Le génie du Malien est capable de toutes les réussites. Il a l’occasion de vaincre les incompréhensions à l’occasion de l’examen citoyen de l’avant-projet de la nouvelle constitution.
Honorable Moussa Diarra
Source: Le National