La Nation toute entière, à travers les hautes autorités, ont rendu un dernier hommage à celui qui fut le Président de la République du Mali de 2013 à 2020. Ibrahim Boubacar Keita, IBK, l’homme au parcours politique exceptionnel s’en est allé laissant ses concitoyens dubitatifs et un pays en crise très profonde. Si son parcours politique est séduisant, son bilan à la tête du pays l’est moins.
Corruption endémique, implication tous azimuts de sa famille dans la gestion des affaires publiques, crise sécuritaire, crise sociopolitique la liste est loin d’être exhaustive. Jamais un régime n’a fait l’objet d’autant de controverse que celui d’IBK. A cela s’ajoute une instabilité chronique gouvernementale avec plus six premiers ministres en sept ans de gouvernance, pour enfin terminer son parcours politique par une interruption de son deuxième mandat par une junte. Doit-on célébrer un héros national ou blâmer un bourreau ? Son parcours politique est-il une source d’inspiration pour la nouvelle génération ?
L’ancien conseiller diplomatique du Président Alpha Oumar Konaré, ancien Ambassadeur du Mali en Côte d’Ivoire, ancien ministre des Affaires étrangères, ancien Premier Ministre, ancien Président de l’Assemblée Nationale et enfin ancien Président de la République, ce riche parcours politique est celui d’IBK qui a tiré sa révérence le dimanche 16 janvier 2022 à sa résidence privée de Sébénicoro. La Nation toute entière lui a rendu un dernier hommage le, vendredi 21 janvier avant d’être accompagné à sa dernière demeure par des amis, des camarades politiques, des parents et des anonymes venus de tous les horizons. IBK est passé à côté du sacre national à cause de son passage chaotique à la tête de l’Etat. Il aurait été célébré en héros national de tout le temps, s’il avait bien géré le Mali pendant son magistère. L’homme qui fut présent sur la scène politique pendant les 30 dernières années et qui a toujours joué un rôle de premier plan aurait pu être comparé aux grands conquérants, aux grands empereurs dont les noms brillent encore de mille feux, mais hélas le dernier virage de son parcours politique a été un échec patent. Jamais le Mali ne s’était retrouvé dans une situation de chaos généralisé durant les 30 dernières années que sous IBK. Jamais le peuple du Mali n’a été autant ridiculisé sur la scène internationale que sous l’ancien Président, faisant ainsi du pays de Soundiata Keita la risée du monde. Jamais la corruption n’a atteint un niveau aussi endémique avec son corolaire de clientélisme, de népotisme et de laisser aller que sous le magistère d’IBK. Le lion, symbole de la puissance, a fini par devenir un maigre chat.
Pour rappel, l’homme d’Etat IBK à qui la Nation vient de rendre un hommage dans la plus grande sobriété, a été de tous les combats, de l’avènement de la démocratie jusqu’à son éviction du pouvoir le 18 Août 2020. C’est à lui que revient le mérité d’avoir sauvé le régime chancelant d’Alpha Oumar Konaré en 1994. Pris en étau par une opposition frileuse et un mouvement estudiantin qui avait le vent en poupe, Alpha Oumar Konaré n’a eu d’autre choix que de faire recours à IBK pour assumer les fonctions de premier ministre et chef du gouvernement. En homme de poigne, afin de stabiliser le régime, il a engagé une lutte sans merci contre les opposants à Alpha Oumar Konaré. Les premières actions ont été de mettre hors d’état de nuire les opposants en les enfermant en prison. Comme si cela ne suffisait pas il a eu le courage de fermer les écoles qui étaient devenues la base arrière d’autres opposants au régime. Les portes des écoles closes et une année blanche décrétée. N’eurent été ces actions, certes impopulaires, mais salvatrices pour le régime, Alpha Oumar Konaré allait subir le même sort que son successeur ATT, à savoir être renversé par un coup d’Etat militaire. IBK a fini par être mal remercié par Alpha. Il sera même Chassé du parti présidentiel ADEMA-PASJ, comme un mal propre. Il créa par la suite le Rassemblement Pour le Mali, RPM et fit un score historique à la présidentielle de 2002 en se classant troisième derrière ATT et Soumaila Cissé. La proclamation des résultats du premier tour de la présidentielle de 2002 a suscité une véritable levée des boucliers, car IBK et ses partisans ont crié à la fraude et à la manipulation, mais en patriote et homme d’Etat il appela au calme et à la retenue. Bien que convaincu que les résultats, ont été tripatouillés pour favoriser le candidat ATT. Cet acte majeur qu’il a posé les maliens s’en souviendront longtemps. Il avait la possibilité de mettre Bamako, voire le Mali à feu et à sang tant ses partisans étaient remontés à bloc contre le régime d’alors et étaient prêts à mourir pour sa cause.
Cet acte grandeur nature a fait d’IBK un véritable homme d’Etat et un patriote. Il continua allègrement son combat politique, et fut après président de l’Assemblée Nationale de 2002 à 2007 sous ATT. Isolé, affaibli, et son parti, le RPM, c’est au moment où il était donné pour mort politiquement, qu’un 22 mars 2012, une lumière jaillit des profondes ténèbres pour éclairer sa voie, celle qui mène vers Koulouba. En effet, une mutinerie venue du camp Soundiata de Kati a mis fin au régime d’ATT à quelques mois de la fin de son mandat. Ce retournement de situation a non seulement remis IBK en selle, mais aussi a fait de lui l’espoir de toute une nation meurtrie. La présidentielle qui a suivi ce coup d’Etat, IBK a été plébiscité. Jamais une élection n’a mobilisé autant d’électeurs que celle d’IBK en 2013. Mais l’espoir a été très vite déçu, car le régime s’est installé à demeure dans la corruption et le népotisme. Le Mali a failli se désagréger. Tous les maux qui avaient pignon sur rue sous ATT se sont exacerbés au point de regretter ATT, qui a été par la suite, célébré en héros et qualifié de soldat de la démocratie et grand bâtisseur. IBK adulé en 2013, hué en 2018, a fini par être chassé du pouvoir par une autre junte après un soulèvement populaire. Il a rendu définitivement l’arme politique le dimanche 16 janvier 2022, du héros national, IBK a fini par être le bourreau national, car en sept ans de gestion, le Mali a connu des profondes crises dont les conséquences sont incommensurables. Dors en paix cher cousin.
Youssouf Sissoko
L’ancien conseiller diplomatique du Président Alpha Oumar Konaré, ancien Ambassadeur du Mali en Côte d’Ivoire, ancien ministre des Affaires étrangères, ancien Premier Ministre, ancien Président de l’Assemblée Nationale et enfin ancien Président de la République, ce riche parcours politique est celui d’IBK qui a tiré sa révérence le dimanche 16 janvier 2022 à sa résidence privée de Sébénicoro. La Nation toute entière lui a rendu un dernier hommage le, vendredi 21 janvier avant d’être accompagné à sa dernière demeure par des amis, des camarades politiques, des parents et des anonymes venus de tous les horizons. IBK est passé à côté du sacre national à cause de son passage chaotique à la tête de l’Etat. Il aurait été célébré en héros national de tout le temps, s’il avait bien géré le Mali pendant son magistère. L’homme qui fut présent sur la scène politique pendant les 30 dernières années et qui a toujours joué un rôle de premier plan aurait pu être comparé aux grands conquérants, aux grands empereurs dont les noms brillent encore de mille feux, mais hélas le dernier virage de son parcours politique a été un échec patent. Jamais le Mali ne s’était retrouvé dans une situation de chaos généralisé durant les 30 dernières années que sous IBK. Jamais le peuple du Mali n’a été autant ridiculisé sur la scène internationale que sous l’ancien Président, faisant ainsi du pays de Soundiata Keita la risée du monde. Jamais la corruption n’a atteint un niveau aussi endémique avec son corolaire de clientélisme, de népotisme et de laisser aller que sous le magistère d’IBK. Le lion, symbole de la puissance, a fini par devenir un maigre chat.
Pour rappel, l’homme d’Etat IBK à qui la Nation vient de rendre un hommage dans la plus grande sobriété, a été de tous les combats, de l’avènement de la démocratie jusqu’à son éviction du pouvoir le 18 Août 2020. C’est à lui que revient le mérité d’avoir sauvé le régime chancelant d’Alpha Oumar Konaré en 1994. Pris en étau par une opposition frileuse et un mouvement estudiantin qui avait le vent en poupe, Alpha Oumar Konaré n’a eu d’autre choix que de faire recours à IBK pour assumer les fonctions de premier ministre et chef du gouvernement. En homme de poigne, afin de stabiliser le régime, il a engagé une lutte sans merci contre les opposants à Alpha Oumar Konaré. Les premières actions ont été de mettre hors d’état de nuire les opposants en les enfermant en prison. Comme si cela ne suffisait pas il a eu le courage de fermer les écoles qui étaient devenues la base arrière d’autres opposants au régime. Les portes des écoles closes et une année blanche décrétée. N’eurent été ces actions, certes impopulaires, mais salvatrices pour le régime, Alpha Oumar Konaré allait subir le même sort que son successeur ATT, à savoir être renversé par un coup d’Etat militaire. IBK a fini par être mal remercié par Alpha. Il sera même Chassé du parti présidentiel ADEMA-PASJ, comme un mal propre. Il créa par la suite le Rassemblement Pour le Mali, RPM et fit un score historique à la présidentielle de 2002 en se classant troisième derrière ATT et Soumaila Cissé. La proclamation des résultats du premier tour de la présidentielle de 2002 a suscité une véritable levée des boucliers, car IBK et ses partisans ont crié à la fraude et à la manipulation, mais en patriote et homme d’Etat il appela au calme et à la retenue. Bien que convaincu que les résultats, ont été tripatouillés pour favoriser le candidat ATT. Cet acte majeur qu’il a posé les maliens s’en souviendront longtemps. Il avait la possibilité de mettre Bamako, voire le Mali à feu et à sang tant ses partisans étaient remontés à bloc contre le régime d’alors et étaient prêts à mourir pour sa cause.
Cet acte grandeur nature a fait d’IBK un véritable homme d’Etat et un patriote. Il continua allègrement son combat politique, et fut après président de l’Assemblée Nationale de 2002 à 2007 sous ATT. Isolé, affaibli, et son parti, le RPM, c’est au moment où il était donné pour mort politiquement, qu’un 22 mars 2012, une lumière jaillit des profondes ténèbres pour éclairer sa voie, celle qui mène vers Koulouba. En effet, une mutinerie venue du camp Soundiata de Kati a mis fin au régime d’ATT à quelques mois de la fin de son mandat. Ce retournement de situation a non seulement remis IBK en selle, mais aussi a fait de lui l’espoir de toute une nation meurtrie. La présidentielle qui a suivi ce coup d’Etat, IBK a été plébiscité. Jamais une élection n’a mobilisé autant d’électeurs que celle d’IBK en 2013. Mais l’espoir a été très vite déçu, car le régime s’est installé à demeure dans la corruption et le népotisme. Le Mali a failli se désagréger. Tous les maux qui avaient pignon sur rue sous ATT se sont exacerbés au point de regretter ATT, qui a été par la suite, célébré en héros et qualifié de soldat de la démocratie et grand bâtisseur. IBK adulé en 2013, hué en 2018, a fini par être chassé du pouvoir par une autre junte après un soulèvement populaire. Il a rendu définitivement l’arme politique le dimanche 16 janvier 2022, du héros national, IBK a fini par être le bourreau national, car en sept ans de gestion, le Mali a connu des profondes crises dont les conséquences sont incommensurables. Dors en paix cher cousin.
Youssouf Sissoko
Source: L’Alternance