« Moi, Président, je choisis mes costumes… » Quel humour ! Interroge-t-on François Hollande sur ses costumes, moins bien taillés mais moins coûteux que ceux de ses prédécesseurs ? Il assume. Il sait aussi exprimer sa fierté de l’action de nos soldats au Mali et sa compassion envers les immigrants naufragés, comme envers ces Français modestes que Valérie Trierweiler l’accuse d’appeler les « sans dents ». Un président sympa. Donner de lui cette image était, apparemment, l’objectif de cette longue émission dominicale sur Canal +. Seulement, les Français en attendaient davantage : un plan de bataille contre le chômage. La réponse, d’ailleurs connue d’avance, a été brève : ce sera une prime d’activité pour les jeunes qui acceptent un petit boulot, et « zéro charges » pour les PME employant des smicards. Pas de quoi remédier aux fractures profondes du pays, mises en lumière par deux reportages. Le premier, sur « le village qui vote FN » – un village semi-rural où tout a fermé -, donne la parole à une mère de famille qui défila en 2002 contre Le Pen et vote aujourd’hui pour sa fille. Pourquoi ? « J’ai grandi ». Le second nous montre un lycée de banlieue dont les élèves ont refusé de dire « Je suis Charlie ». Invités sur le plateau, Yacine et Nadia s’en expliquent. « Pourquoi Dieudonné est attaqué en justice et pas ceux qui caricaturent l’islam ? » Gentiment, François Hollande tente de leur faire mesurer la différence entre le blasphème – autorisé par nos lois – et l’appel à la haine. Il évoque l’extermination des juifs par les nazis… Devant les visages fermés, on croit alors entendre Jacques Chirac, il y a dix ans, dans une émission « face aux jeunes » : « Je ne vous comprends pas ! » Que faire, quand on est président, avec cette jeunesse ?