M.C. n’est pas un dément. Tout le monde le sait à Sanankoroba, même si son attachement à sont ânesse semble extraordinaire.

En effet, paysan de son état, M.C. surveille jour et nuit une ânesse qu’il a achetée il y a bientôt 5 ans. Non pas contre les voleurs, mais pour éviter que l’animal n’ait des accouplements. Et pour cause : M.C. juge son ânesse de petite taille, si faible qu’une gestation lui serait fatale. Cependant, le 5 août dernier, M.C. pressé de faire des achats en ville, a oublié d’attacher sa « protégée » dans la concession familiale avant son déplacement.

A 16 heures, M.C. est de retour. Il se débarrasse alors de ses achats et court vers les champs. Là, il retrouve son ânesse en copulation avec l’âne de son voisin Y.D. qui d’ailleurs était assis non loin regardant le spectacle.

Furieux, M.S. s’empare d’un bâton et de toutes ses forces se mit à battre l’âne de son voisin qui, malgré les coups de bâton n’abandonnera sa partenaire qu’après son « crime »

Y.D. furieux à son tour de voir son animal ainsi maltraité s’empare aussi d’un bâton, attacha solidement l’ânesse à un arbre et pan ! pan ! M.C. attacha à son tour l’âne de son voisin à un autre arbre et fit pleuvoir sur l’animal des coups de bâton. Les deux voisins n’arrêteront le supplice des pauvres bêtes que lorsque celles-ci s’effondrent agonissant.

Les villageois, alertés par le vacarne arrivèrent sur les lieux, mais les deux ânes venaient de fermer définitivement les yeux.

Après les explications des deux paysans, la réconciliation a été faite et on regagna le village. Derrière, les deux animaux dorment pour toujours en attendant d’être dévorés par les vautours. Et oui ! Comme le disait l’autre, de tous les êtres vivants, l’homme est le plus cruel !

Boubacar Sankaré