Les avions militaires maliens ne sont plus en mesure de voler. C’est ce qu’a déclaré le président de la Commission de la défense de l’Assemblée nationale lors d’un colloque tenu le 12 juillet sur les sept ans de l’opération Serval dans notre pays, qui a laissé entendre un possible complot contre le Mali.
Le Mali serait-il victime (à nouveau) d’un complot ourdi par l’extérieur ? C’est ce que pense Karim Kéita, président de la commission de la défense de l’Assemblée nationale. Celui-ci a déclaré à Paris que les avions que «nous avons acheté sont cloués au sol par faute d’entretien» (il a indiqué qu’ils marchaient au début), avant de laisser transparaître un possible complot contre le Mali. Sans toutefois citer de nom, Karim Kéita se «demande si on n’a pas été floué à l’achat».
Par ce propos, qui vient après celui du président de la République (Ndlr : celui-ci a affirmé dans les colonnes de l’hebdomadaire Jeune Afrique que le transport de troupe Casa et les hélicoptères Puma acquis auprès de la France sont cloués au sol faute d’entretien approprié), le député élu en commune II confirme ainsi ce que beaucoup de personnes savaient déjà depuis très longtemps. Celles-ci ont toujours douté de l’existence des avions.
Le Parti pour la Renaissance nationale (Parena) avait indiqué au cours d’une conférence de presse, le mercredi 25 avril 2018, que les avions ne sont pas en état de voler. La formation politique dirigée par Tiébilé Dramé (Ndlr : actuel ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale) s’était appuyé sur les propos d’un haut gradé de l’armée malienne.
Celui-ci avait déclaré au magazine américain bloomberg.com dans sa parution du 13 juillet 2017 : «nous avons deux hélicoptères cloués au sol et qui ne servent à rien». Avant de préciser : «Les appareils sont cloués au sol parce que l’armée ne peut pas obtenir les pièces de rechange». L’alors ministre de la Défense et des Anciens combattants, Tiéna Coulibaly, l’avait démenti dans le cadre de la campagne présidentielle qui se profilait à l’horizon.
Karim Keïta se défonce sur la France
Cette déclaration, qui sonne comme un aveu d’incompétence et de culpabilité, est une manière pour Monsieur Karim Kéita de soulager sa conscience. L’élu de la Nation veut en réalité surfer sur le sentiment anti-français qui prend de l’ampleur au Mali pour se défoncer sur Paris. Selon ses proches, les propos de Karim Keïta visent à dénoncer le complot que la France mène au Mali.
Un argument trop simple. C’est même du faux-fuyant. Même s’il faut reconnaître que l’ancienne puissance colonisatrice n’est pas exempte de tout reproche. Cependant, il serait aussi très facile de jeter toute la responsabilité sur la France. D’autant que le président de la Commission de la défense de l’Assemblée nationale reconnaît que les avions marchaient au début.
Alors questions : Comment les contrats sont-ils passés ? La France a-t-elle obligé le Mali à payer les hélicoptères ? La charge de l’entretien revient à qui, le Mali ou le fournisseur ? Si c’est un problème d’entretien, pourquoi ne pas le faire ? Seule la réponse à ces questions pourrait créditer la théorie du complot aux yeux du peuple malien, qui consent d’énormes sacrifices.
Avec cette sortie de Monsieur Karim Keïta et par ailleurs fils du président, l’audit des fonds alloués à l’armée malienne devient plus que jamais nécessaire. Le Mali, faut-il le rappeler, consacre 22% de son budget à l’armée.
Abdrahamane Sissoko
Source : LE WAGADU