La chute d’un hélicoptère de l’ONU, abattu mardi au Soudan du Sud, affecte les opérations d’aide dans le pays, ravagé depuis mi-décembre par une guerre civile et où le risque de famine croît, ont prévenu jeudi des responsables humanitaires.
Cela a eu un impact immédiat sur nos opérations à Bentiu, capitale de l’Etat pétrolier d’Unité (nord), près de laquelle l’hélicoptère a été abattu, l’une des zones les plus touchées par les combats, a déclaré le responsable des opérations humanitaires de l’ONU au Soudan du Sud, Toby Lanzer.
Nous avons cloué au sol tous nos vols vers Bentiu (…) nous espérons les reprendre dès que possible, a-t-il ajouté.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a révélé mercredi soir que l’hélicoptère, un Mi-8 transportant du fret à destination de Bentiu, avait été abattu, sans préciser qui de l’armée gouvermentale loyale au président Salva Kiir ou des forces rebelles fidèles à son ancien vice-président Riek Machar, étaient à l’origine des tirs.
Nous sommes en possession de la boîte noire (…) l’enquête a commencé, a poursuivi Toby Lanzer, dans le cadre de l’enquête nous traitons cela comme un acte hostile contre les Nations-Unies.
Il a refusé de donner d’autres détails sur le crash en raison de l’enquête. Armée et rebelles se sont mutuellement accusés d’avoir abattu l’appareil, avant même que les causes de sa chute ne soient connues.
Les hélicoptères sont indispensables au ravitaillement des bases de l’ONU, dans lesquelles près de 100.000 personnes ont trouvé refuge à travers le pays, dont les quelques routes sont rendues impraticables par les pluies saisonnières.
Si ce type de menace persiste, nos services à Bentiu vont être paralysés, a expliqué à l’AFP Wendy Taeuber, responsable de l’ONG International Rescue Committee (IRC) au Soudan du Sud, l’hélicoptère est le seul moyen de transport de et vers Bentiu, tant pour le personnel que pour l’approvisionnement.
La ville, qui a changé plusieurs fois de mains depuis décembre, a été le théâtre de terribles massacres ethniques et est largement détruite et désertée.
Plus de 45.000 personnes fuyant les violences, mais aussi de plus en plus poussées par la faim, s’entassent avec de l’eau au-dessus des genoux dans la base de l’ONU à Bentiu, inondée par les pluies.
M. Lanzer a par ailleurs averti que la famine pourrait être déclarée au Soudan du Sud fin 2014 ou plus vraisemblablement début 2015. Nous travaillons tous très durs pour empêcher la famine, mais nous sommes très inquiets de ne pas pouvoir y arriver, a-il expliqué.
Selon la définition de l’ONU, la famine est déclarée quand au moins 20% des foyers subissent une pénurie extrême de nourriture, que 30% des gens souffrent de sévère malnutrition et que deux décès pour 10.000 habitants sont enregistrés quotidiennement.
La principale cause d’une éventuelle famine est l’échec des dirigeants politiques à résoudre la crise, a souligné M. Lanzer.
L’hélicoptère de l’ONU a été abattu moins de 24 heures après la signature lundi par MM. Kiir et Machar d’un énième engagement à cesser les hostilités, les précédents accords de cessez-le-feu étant tous restés lettre morte.
Des milliers, voire des dizaines de milliers de personnes, ont été tuées depuis mi-décembre dans les combats et les massacres sur des bases ethniques qui les accompagnent, et plus de 1,8 million chassées de chez elles depuis le début du conflit actuel dans le plus jeune Etat du monde.
Le Soudan du Sud a proclamé son indépendance en juillet 2011, sur les ruines de décennies de guerre contre Khartoum.
(©AFP / 28 août 2014 16h31)
Source: romandie.com