Alors que les migrants sont toujours plus nombreux à rejoindre le continent européen, au moins 3000 d’entre eux ont disparu en mer, en 2021.
C’est le double de l’année précédente. Plus de 3 000 migrants sont morts, l’an dernier, sur les routes maritimes, alors qu’ils tentaient de gagner le sol européen, indique, ce vendredi, l’ONU. A ce macabre décompte s’ajoutent les 478 migrants qui ont sombré en mer depuis le début de l’année 2022. En 2020, 1 544 décès avaient été recensés. Le chiffre grimpe chaque année depuis trois ans. Alors qu’entre 2017 et 2019, il avait diminué.
Selon le Haut Commissariat de l’ONU pour les Réfugiés, la pandémie de Covid-19 et les fermetures de frontières n’ont pas épargné les flux migratoires. Nombreux sont les réfugiés à faire appel à des passeurs pour tenter de rejoindre malgré tout l’Europe. Ils prennent alors place sur des embarcations de fortune, des barques saturées ou des bateaux gonflables usés, qui dégonflent ou chavirent au cœur de la mer.
L’Océan atlantique, de plus en plus meurtrier
Sur les 3 000 personnes décédées en 2021, 1 924 ont péri ou sont disparues sur les routes de la Méditerranée centrale et occidentale, tandis que 1153 autres se sont noyées dans les eaux de la route maritime qui relie l’Afrique du Nord-Ouest vers les îles Canaries. « Le voyage en mer, depuis les États côtiers d’Afrique de l’Ouest, tels que le Sénégal et la Mauritanie, et les îles Canaries, est long et périlleux et peut durer jusqu’à dix jours », a souligné Shabia Mantoo, lors du point de presse régulier des agences de l’ONU à Genève.
La route la plus meurtrière, véritable tombeau de l’Europe, reste la traversée en Méditerranée centrale, vers les îles italiennes. Mais depuis deux ans, les migrants délaissent de plus en plus la Méditerranée pour rejoindre le continent européen par la route atlantique, précisait Libération en janvier. L’explication ? Pour contourner les contrôles, plus fréquents en Méditerranée, les migrants creusent leur sillon dans l’océan Atlantique, pour rejoindre la côte des Canaries. Une route d’autant plus dangereuse, longue et moins surveillée.
Sans oublier que ces chiffres pourraient être fortement sous-estimés. « De nombreux bateaux ont dévié de leur route ou ont disparu sans laisser de traces dans ces eaux », a précisé Shabia Mantoo, la porte-parole du HCR. Tout au long de l’année, les ONG, en contact avec des familles de réfugiés meurtries, ont fait état de centaines de naufrages invisibles. « De tels cas, extrêmement difficiles à vérifier, indiquent que les décès sur les routes maritimes vers l’Europe sont bien plus élevés que ne le montrent les données disponibles », déploraient, en juillet, les Nations unies.
Toujours plus de migrants sur les routes maritimes
Déjà, sur les premiers mois de 2021, 1 146 personnes sont mortes en tentant de rejoindre l’Europe par la mer. Le chiffre avait lui aussi doublé par rapport à la même période en 2020, lorsque 513 migrants se sont noyés. Parallèlement, le nombre de personnes tentant de traverser la Méditerranée pour rejoindre le continent européen n’a cessé de grimper, de 58 %, précisément, entre janvier et juin de cette année, par rapport à la même période en 2020.
En juillet 2021, Antonio Vitorino, le Directeur général de l’Organisation Internationale pour les Migrations – une ONG rattachée à l’ONU – se voulait alarmiste, demandant aux États de prendre des « mesures urgentes et proactives pour réduire les pertes de vies humaines sur les routes migratoires maritimes vers l’Europe ». Elle leur demandait explicitement de respecter « leurs obligations en vertu du droit international ».
Source : liberation.fr